Le roi des Shilluk, Kwongo Dak Padiet, a organisé samedi 25 février un grand rassemblement de sa communauté au mausolée de John Garang, à Juba. L'objectif : offrir les " honneurs royaux " au président Salva Kiir, pour le " remercier " de son action lors de la dernière phase de conflit dans l'État du Haut-Nil, au nord-est du pays, fin 2022. Une cérémonie qui indique peut-être une réconciliation entre les communautés dinka et shilluk, dans l'ombre de laquelle semble aussi se dessiner une alliance en vue des élections de 2024.
Le royaume Shilluk avait été dévasté durant l'année 2022 par une offensive de la White Army, une milice composée de jeunes Nuer, issus du Jonglei voisin. Le président sud-soudanais, Salva Kiir, avait fait en sorte d'évacuer le roi Shilluk de son palais à Kodok, alors que sa vie semblait en péril. Toujours en exil à Juba, Kwongo Dak Padiet a tenu à mobiliser des milliers de membres de sa communauté en l'honneur du président, ce samedi 25 février.
Des milliers de danseurs ont défilé, lentement, chaque groupe portant une lawa - ce grand tissu noué sur une épaule, la tenue traditionnelle shilluk de différente couleur - nouée sur une épaule. Vêtu, lui, d'une peau de léopard, Kwongo Dak Padiet a pris la parole et rappelé comment, par deux fois, le président Salva Kiir a, dit-il, " sauvé "sa" tête " :
" Nous le remercions et espérons qu'il empêchera le retour de la guerre, et que la paix s'installe au Soudan du Sud. Il ne va pas y arriver tout seul. Il va avoir besoin de notre aide. Et, si Dieu le veut, il restera à nos côtés jusqu'aux élections. "
Réaffirmant son soutien au roi, Salva Kiir a insisté sur l'importance des autorités traditionnelles pour construire le pays : " Votre majesté, si cet événement est focalisé sur la paix et la stabilité dans le royaume shilluk, l'esprit qui le guide doit être étendu à d'autres communautés du pays. "
Parmi les danseurs, Nyikwec Pakwan est issu de la ville de Tonga, où le conflit dans le Haut-Nil avait débuté en août 2022. " Sur le terrain, c'est différent des discours qu'on entend ici. Il n'y a pas de paix réelle puisque les gens ne sont pas dans leurs villages. Nous avons été délogés de nos terres ancestrales. Notre peuple vit dans des camps de réfugiés, notamment au Soudan. S'il y a la paix, nous retournerons sur nos terres pour cultiver et subvenir à nos besoins ", a-t-il confié.
Pour lui, il faut un processus de paix pour l'État du Haut-Nil. Difficile toutefois sans le vice-président Riek Machar, absent lors de la célébration, et dont les forces sont impliquées dans ce conflit.