Afrique: Graves propos du président Kais Saïed - La CPI invitée à ouvrir une analyse préliminaire sur la situation tunisienne

Le siège de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.
27 Février 2023

"Non au racisme d'Etat et à l'appel au crime contre les Africains sub-sahariens en Tunisie" ! Le message est clair. A travers un communiqué de presse conjoint, cinq (5) organisations de défense des droits humains condamnent les propos du président tunisien, Kaïs Saïed, contre les migrants africains sub-sahariens. "Nous condamnons très fermement ces déclarations inacceptables du Président de la République tunisienne et lui rappelons que son pays, en tant qu'État membre de l'Union africaine, est tenu de respecter la lettre et l'esprit de l'Acte constitutif de l'Union et de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples qui l'obligent à traiter tous les Africains se trouvant sur son territoire avec dignité et sans discrimination", déclarent les signataires.

Ils préviennent en ces termes : "Nous mettons en garde les autorités tunisiennes contre d'éventuelles arrestations, détentions arbitraires, déportations illégales, persécutions et stigmatisations liées à la peau ou à la race. Nous interpellons également tous les États membres de l'Union africaine, particulièrement le Royaume du Maroc, en tant que leader de l'Union africaine sur la question de la migration, afin qu'ils condamnent ces propos haineux dirigés contre des Africains dont le seul tort est d'être noir et demandons à toutes les organisations de défense des droits de l'homme de protester pacifiquement devant les représentations diplomatiques tunisiennes en Afrique contre ces traitements inhumains infligés aux Africains sub-sahariens résidants en Tunisie pour la défense d'une migration sure, digne et régulière".

Mieux, ils appellent la CPI à s'intéresser au sort des migrants africains sub-sahariens en Tunisie. "Nous invitons, enfin, le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale à ouvrir une analyse préliminaire sur la situation tunisienne, dans la mesure où les propos du Président tunisien sont susceptibles d'être qualifiés d'incitation aux crimes contre l'humanité, et/ou au génocide", lit-on dans le document publié hier, dimanche 26 février 2023, et signé Africajom Center (Alioune Tine), Amnesty international/ Section Sénégalaise (Seydi Gassama), la Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH - Alassane Seck), l'Organisation Nationale des Droits de l'Homme (ONDH - Me Samba Thiam) et la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme (RADDHO - Sadikh Niass).

Dans le communiqué qu'elle a publié le 21 février 2023 à l'issue de la réunion du Conseil national de sécurité consacrée à la lutte contre la migration sub-saharienne, la présidence de la République tunisienne a fait état de l'existence "d'un plan criminel de changer la composition du paysage démographique en Tunisie, et (que) certains individus ont reçu de grosses sommes d'argent pour donner la résidence à des migrants sub-sahariens." Le document parle également de "hordes de migrants clandestins" qui seraient sources de "violences, de crimes et d'actes inacceptables" et dont la présence dans le pays pourrait être assimilée à "une volonté de faire de la Tunisie seulement un pays d'Afrique et non pas un membre du monde arabe et islamique."

"En plus d'être raciste, ce communiqué de la présidence tunisienne est un clair appel au crime contre les 57.000 africains sub-sahariens, dont la plupart sont des étudiants et des stagiaires, résidants en Tunisie. Et depuis, plus de 300 d'entre eux ont été interpellés et des milliers expulsés de leurs logements ou renvoyés de leurs emplois. Des actes qui semblent être une réponse à la pétition lancée en janvier dernier par le Parti nationaliste tunisien qui réclamait "l'expulsion de la colonie de migrants sub-sahariens qui s'installent en Tunisie", dénoncent les organisations signataires.

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