Madagascar: Musique - Ymanafo la pépite aux horizons multiples du trap

Peu représentée dans le paysage de la musique urbaine, rap et ses dérivés, la ville de Fianarantsoa, sort ses pépites. Ymanafo, en est l'illustration.

Désormais, il faut compter sur Ymanafo, de son vrai nom Tsiory Andriamanalinarinoro, né à une époque où la musique urbaine malgache ne jurait que par le rap. Il a le profil type du Malgache de la génération aux multiples horizons des années '60, '70. Naissance à Ambositra, enfance à Manakara et études à Fianarantsoa.

Sa musique se découvre comme un objet caché. Avec tout ce qu'il y a de lot d'étonnement pour le découvreur ou la découvreuse. « Je chante uniquement dans un malgache betsileo », insiste-t-il. Alors, il arrive à créer un monde, son monde. Sa musique s'aligne avec sa ville. Intelligente, aérienne et il va sans dire urbaine.

Pour en venir tout de suite aux projets de 2023, il est en train de préparer un album titré « Agny ambala », traduction à la volée : dans l'enclos (à boeufs). Mais dans le langage quotidien, c'est plutôt une expression. Pour parler du terroir, des terres d'origine, la contrée des ancêtres... si ce n'est autre chose.

Derrière Ymanafo, le label Tsarasoa mérite les honneurs. Avec d'autres pépites comme Mailokalm, un phénomène naissant du rap, des beatmakers créatifs et dans le vent ambiant, Mialy Rak et Hari Rijaniil, leurs pseudos sur « Facebook ». Une équipe d'ingénieurs en bâtiments et travaux publics, de futurs sortants de la prestigieuse Ecole Nationale d'Informatique de Fianarantsoa...

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Donc, le peu de temps qui reste après la famille, le boulot et les études, il y a la musique. Un moment précieux qu'Ymanafo exploite de la meilleure des manières. Son titre « Faly aho » résume tout ce qui a été dit. Son synthétique, moderne, marié à un style de chant soul. Même s'il se définit comme faisant de la trap, la rémanence du r'n'b est une âme indélébile à chacune de ses chansons.

Ce tour de jonglerie, il le réactualise sur « Agny ambala », chanson éponyme du futur album. Une histoire de voyage, d'adieu et des devoirs familiaux d'un homme aimé et aimant. Une ligne de basse paisible, une rythmique aux équilibres minimalistes, plus qu'une voix, une complainte, le vide est fait pour être rempli par l'imaginaire procurée par cette orfèvrerie.

C'est dans ce souffle musical que réside l'art d'Ymanafo. Il chante avec son âme. Il est capable de faire voyager loin, très loin. Rare ces derniers temps, avec cette génération de stars de la bulle « Facebook ». Prolifiques certes, mettant la tchatche au rang de textes musicaux, effrénés, soufflant trop vite le carburant. Lui, il prend son temps en marchant à son rythme.

Ça donne de l'espace, un confort auditif avec des textes ajustés à seulement l'essentiel. « Nous avons un dicton ici, si tu arrives à t'imposer à Fianarantsoa, tu t'imposeras à Madagascar », révèle-t-il. Pour confirmer la rigueur du public local. Même si les gars et les « gyals » d'Ankofafa, le quartier de la musique urbaine fianaroise ont battu le fer depuis des décennies, rap et hip hop semblent toujours en être à cette quête d'affirmation. Peut-être qu'Ymanafo pourrait aller à contre sens de cette tendance.

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