Afrique: Environnement - Les pays forestiers au-devant de la scène

Le "One forest summit", se tiendra à Libreville, Gabon, le 1er et 2 mars. Un sommet durant lequel sera essentiellement discutée la conjugaison entre la protection de la forêt et le développement économique des pays forestiers.

L'argent est le nerf de la guerre. Une expression valable même dans la guerre contre les changements climatiques. Une vérité qui n'est plus tabou dans la lutte pour la protection de l'environnement. Une réalité qui sera abordée de front au "One forest summit", qui se tiendra ce 1er et 2 mars à Libreville, Gabon.

Comme l'affirme une source auprès de la présidence de la République française, "pour la première fois, un sommet pose sur la table la question selon laquelle, comment augmenter et donner de la valeur ajoutée à la nature. Comment donner de la valeur économique au capital naturel". Il ajoute, "la forêt est notre meilleure arme pour lutter contre les changements climatiques. Pourtant, l'accélération de la déforestation n'a jamais été aussi importante. Ce qui est paradoxal face à nos ambitions climatiques".

L'organisation du "One forest summit", à Libreville, a été annoncée par Emmanuel Macron, président de la République, et son homologue gabonais, Ali Bongo Ondimba, à l'issue de la 27e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27), à Sharm el-Sheikh, Egypte. Les pays forestiers, dont un grand nombre d'Etats africains, y compris Madagascar, seront au centre des discussions.

Le choix de tenir le sommet sur la forêt au Gabon n'est pas anodin, justement. Il est couvert à 88% par la forêt équatoriale d'Afrique, plus sous le nom Bassin du Congo. Le rendez-vous permettra justement de mettre le Bassin du Congo sous les spotlights. Les données scientifiques confirment en effet qu'il est actuellement "le premier poumon de la planète". Elle est toutefois moins connue que l'Amazonie. Avec les forêts tropicales d'Asie du Sud-Est, ils sont les trois poumons verts de la planète.

Outre la séquestration des gaz carboniques, ces bassins forestiers jouent aussi un rôle important dans la régulation du climat. Il y a aussi les trésors de biodiversité dont ils regorgent. Ils agissent également comme tampon entre les sociétés humaines et les cycles microbiens des espaces sauvages. Ce qui permet de prévenir les zoonoses et les pandémies. D'où les enjeux de la protection des forêts donc.

Rémunération

Toutefois, comme ce qui est constaté à Madagascar et dans d'autres pays forestiers, la protection de la forêt se heurte souvent aux enjeux économiques. Dans la Grande île, des gisements de pierres ou métaux précieux s'ajoutent à la pression démographique et agricole sur les aires protégées et les réserves naturelles. Dans d'autres États africains, c'est le pétrole.

Le sommet de Libreville veut donc concilier la protection des forêts et le développement économique. Il affiche ainsi des objectifs ambitieux, dont le premier est d'amener les pays forestiers à adopter "une économie circulaire". Il s'agit d'un système économique qui consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources, et la production des déchets.

"Durant le sommet, nous allons démontrer qu'il est tout à fait possible d'arriver à conjuguer la protection rigoureuse des forêts et les intérêts financiers des pays forestiers. Mettre en place une économie forestière dans une logique d'économie circulaire et de rendement pour la population, par exemple par la transformation locale des produits forestiers", avance la source à la présidence française. L'idée est aussi de lutter contre la déforestation importée. C'est-à-dire en crevant l'abcès sur la part de responsabilité, importante, des entités privées et du marché international.

Les chaînes de valeur durables avec le développement de filières économiques qui profitent aux populations locales figurent ainsi parmi les trois thèmes du sommet de Libreville. La coopération scientifique pour explorer les liens entre biodiversité et santé, les pratiques traditionnelles et la cartographie des espaces mal connus pour mieux les protéger est le second thème. Le dernier point à discuter dans la capitale gabonaise concerne les mécanismes de finances pour "rémunérer", les pays qui réduisent la déforestation ou reforestent.

Cette question d'indemnisation des pays les moins pollueurs est pourtant le principal point d'achoppement de la mise en oeuvre des résolutions des COP. Une indemnisation que le document de présentation du sommet de Libreville requalifie carrément en "rémunération", des pays forestiers. Le responsable à l'Elysée se veut rassurant pourtant. "Nous serons dans la mise en oeuvre et non pas dans l'évocation de principes", indique-t-il.

Le document de présentation du sommet de Libreville parle de "Partenariat de conservation positive (PCP), évoqué à l'issue de la COP 27, et du "Forest land investment partnership", lancé à Davos, en janvier. Dans cette optique, 30 milliards de dollars à rassembler d'ici 2030, pour soutenir les pays pauvres face aux défis environnementaux seraient ainsi mis à contribution. Une fois les discussions faites, reste à voir ce qu'il en sera de la concrétisation.

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