Quand le président de la Fédération de Russie dit que son pays est en guerre contre l'OTAN et que cette organisation lui rétorque par la voix du chancelier allemand Olaf Scholz : « Ni l'OTAN ni l'Allemagne ne font partie de la guerre. Nous soutenons l'Ukraine, mais nous ne faisons pas partie de la guerre ».
En fait, la question qui se pose est celle-là : l'OTAN et une grande partie de l'Europe occidentale sont-elles parties prenantes dans ce conflit Russo-Ukrainien ? C'est là qu'intervient la notion de cobelligérance : « le fait d'être belligérant, c'est être en guerre contre un ennemi commun, en coopération avec un ou plusieurs alliés avec lesquels on n'a cependant pas de traité formel d'alliance. » et c'est bien le cas, (l'Ukraine n'est ni membre de l'OTAN ni de l'Union européenne) selon le premier ministre hongrois, Viktor Orbán : « Si vous envoyez des armes, financez le budget de l'une des parties au conflit et envisagez d'envoyer de plus en plus d'armes modernes, alors, dites ce que vous voulez, mais vous faites partie de la guerre. Ça a commencé quand les Allemands ont dit qu'ils étaient prêts à envoyer des casques. Maintenant, nous sommes dans les chars de combat et ils parlent déjà d'avions ».
Si le droit signifie bien que que tout Etat souverain a le droit de défendre son territoire et qu'il a en plus le droit de demander l'aide d'un ou plusieurs autres Etats. Dans ce cas d'espèce, la Russie affirme qu'il n'est nullement responsable de cette guerre mondiale de fait et se réserve le droit d'utiliser l'arme nucléaire. Arme dont l'ultime objectif est paradoxalement sa non-utilisation ni par soi-même ni par les autres pour ses effets inexorables sur l'humanité toute entière.
Pour Poutine acculé, brandir l'arme atomique est-il un bluff ou une vraie menace suicidaire ? Si en vérité le maître du Kremlin se trompait d'époque et se comportait comme au temps de la guerre froide ? Remplacer un pouvoir sous le coup de boutoirs de blindés comme à Prague ou à Budapest, sans rien changer à l'équilibre du monde est-il encore possible ?
Le monde bipolaire du temps de la guerre froide a changé. Il a comme nouveau support maintenant un trépied avec l'apparition de la Chine comme troisième puissance. Allié objectif du point de vue politique de l'un mais partenaire indispensable du point de vue économique pour l'autre. l'Empire du milieu est devenu incontournable, courtisé par la Russie, surveillé par les USA, Pékin doit faire montrer sa nouvelle stature de puissance diplomatique. Et c'est dans cette optique qu'elle propose un plan de paix qui ménage la chèvre et le choux comme on dit.
Il y est dit de ne pas recourir à l'arme nucléaire, entre autres, comme comme le respect de « la souveraineté, [de] l'indépendance et [de] l'intégrité territoriale de tous les pays » ou que le conflit sorte de sa « mentalité de guerre froide ». Voeux pieux ou issue possible du conflit ? Toujours est-il que la Chine, crainte un moment comme potentielle pourvoyeuse d'armes de l'armée russe, fait l'objet ,aujourd'hui, de sollicitations des grands de ce monde.
Macron, Zelensky sont parmi ceux qui veulent aller à Pékin.« Hitsikitsika tsy mandihy foana, fa ao raha » disent les Malgaches « La crécerelle ne tournoye pas sans cause, mais c'est qu'elle aperçoit quelque chose », version française. L'occident s'est imposé des limites comme celle de ne pas s' imposer ni dans l'espace aérien de l'Ukraine ni de laisser opérer les Ukrainiens sur le territoire russe avec leur matériel. Bref, la solution au conflit échappe à la logique aux vrais-faux belligérants mais ailleurs.