Dans l'Est de la République démocratique du Congo, tous les électeurs ne peuvent pas encore s'inscrire sur les listes électorales et obtenir leur carte d'électeur. Et pour cause : une partie de la province du Nord-Kivu est toujours sous contrôle des rebelles du M23. Pour les centaines de milliers de déplacés qui ont fui la guerre et qui s'amassent aux portes de Goma, la capitale régionale, une solution temporaire a été trouvée : des bureaux d'identification ont été implantés dans les camps.
Tous patientent devant l'un des bureaux d'un centre d'identification de Kanyarucinya, où se trouvent plusieurs camps des déplacés. Ici, en face de cette maisonnette en bois, la plupart des électeurs viennent de Kibumba, une localité en partie sous contrôle des rebelles du M23. Eux pourront s'inscrire dans ce bureau et recevoir leur carte d'électeur. Impossible en revanche pour tous ceux qui sont restés bloqués à Kibumba, regrette Marcelin :
" Pour traverser les rebelles du M23 et arriver ici, c'est difficile. Nous demandons à notre gouvernement qu'il nous aide à combattre avec force pour que les gens restés là-bas arrivent ici, eux aussi. "
Avec sa femme, Marcelin est arrivé très tôt dans la matinée. Tout comme Patrick, qui vient d'obtenir sa nouvelle carte : " J'avais mon ancienne carte d'électeur. Quand tu as ton ancienne carte, pas de problème, tu passes facilement. "
Sauf que la majorité des déplacés ont égaré leur carte ou tout autre document prouvant leur identité lorsqu'ils ont fui leur village d'origine. Alors, pour eux, une solution a été trouvée : venir avec trois témoins, comme l'assure John, le responsable de ce centre d'identification.
Une solution pour éviter l'exclusion d'une partie des électeurs du Nord-Kivu, province stratégique, car deuxième zone du pays en termes de poids électoral après Kinshasa. Une solution aussi pour inscrire un maximum d'électeurs - il y en a environ quatre millions dans cette province. Mais une solution contre laquelle s'élèvent plusieurs responsables de mouvements citoyens ou analystes, qui la jugent facile à acheter ou falsifier.