Afrique: La dépréciation de la roupie ne suffit pas à ralentir le déficit commercial

27 Février 2023

Une tendance inquiétante, compte tenu des pressions inflationnistes impactant l'économie du pays et le quotidien des consommateurs, le déficit commercial pour 2022 s'établit à Rs 190,7 milliards contre Rs 132,8 milliards en 2021. Pire encore, Statistics Mauritius prévoit que cette tendance ne ralentira pas et que le déficit commercial devrait atteindre Rs 210 milliards en 2023, soit 9,9 % de plus qu'en 2022. Pourtant, les revenus d'exportation semblent progresser, surtout les revenus en roupie mauricienne, aidés par la dépréciation de cette monnaie.

Selon le dernier rapport de Statistics Mauritius, la valeur totale de nos exportations pour 2022 s'élève à Rs 101,7 milliards, tandis que la note d'importation atteint Rs 292,4 milliards. En ce qui concerne les exportations, notre principal marché demeure l'Afrique du Sud, avec des revenus d'exportation de Rs 11,1 milliards, suivi de Madagascar (Rs 7,5 milliards), la France (Rs 7,2 milliards), le Royaume-Uni (Rs 7,1 milliards) et les États-Unis (Rs 6,7 milliards).

Toutefois, bien que Maurice soit un importateur net, la note d'importation reste élevée par rapport à nos exportations. Nos principaux marchés sont la Chine, avec une note d'importation de Rs 47,1 milliards, l'Inde, avec des dépenses d e Rs 28,5 milliards, l'Afrique du Sud, avec Rs 26,5 milliards, les Émirats arabes unis, avec Rs 26,3 milliards, et la France, avec Rs 16,3 milliards. Il convient de noter que la facture pétrolière pèse lourdement sur notre note d'importation, représentant une augmentation de 80,4 %. Dans ce contexte, il est important de se pencher de plus près sur la performance de nos exportations.

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Les exportations en dollars ont augmenté en 2022, représentant 60,6 % de nos revenus d'exportation en devises étrangères contre 59,8 % en 2021. L'euro prend la deuxième place, représentant 33,2 %. S'il est possible que la performance même des exportations se soit améliorée, il faut aussi tenir compte de la valeur de la roupie qui maintient cette pente descendante. Si l'on voit l'évolution du taux de change, certains analystes financiers évaluent la dépréciation de la roupie à plus de 4 % entre novembre 2022 et février 2023.

Sur une période d'une année, la Banque de Maurice (BoM) indique que la dépréciation de la roupie était de l'ordre de 5,1 % face au dollar américain entre janvier 2022 et janvier 2023 et la dépréciation de la roupie affichait 6,1 % vis-à-vis de l'euro sur la même période.

Recommandations du FMI

Il est intéressant de noter que la Banque centrale a, au cours de 2022, accumulé les interventions mensuelles sur le marché des changes pour tenter de défendre la roupie avant de ralentir la cadence fin 2022. En effet, la dernière intervention de la Banque centrale sur le marché des changes remonte au 1er décembre dernier avec USD 50 millions vendus sur le marché. Tout porte à croire que la BoM s'aligne sur les recommandations du Fonds monétaire international (FMI) qui, à fin 2021, jugeait notre monnaie surévaluée par 26 à 39 % et encourageait à laisser agir les forces du marché jusqu'à une stabilisation de la roupie. Il ne faut pas oublier que le dollar et l'euro s'apprécient aussi de leur côté, la Federal Reserve maintenant sa politique d'augmentation des taux d'intérêt, affectant davantage la tendance baissière de la valeur de la roupie.

Évidemment, une roupie faible, le dollar s'échangeant à Rs 46,80 et l'euro à Rs 49,66, selon le taux de change indicatif de la State Bank of Mauritius, est à l'avantage des exportateurs qui gagnent plus sur la conversion de leurs devises en roupies. Sur le long terme, plus de revenus sur les exportations implique plus de liquidités disponibles pour le réinvestissement dans la production ou la rémunération des employés, pouvant contribuer à plus de productivité.

Mais il nous faut faire attention. Car, si nous n'arrivons pas à monter en gamme et à exporter des produits à valeur ajoutée, vendus plus cher, le coût de l'importation de la matière première avec une roupie dépréciée peut finalement affecter les revenus et les profits, le coût de production étant plus élevé. D'un autre côté, Maurice importe bien plus qu'elle n'exporte. Nos importations en dollars représentaient en 2022, 71,4 % de nos dépenses d'importation en devises étrangères et en euro, 20,2 %.

Qui dit importations plus chères implique forcément un coût des produits de consommation plus cher sur le marché, affectant par ricochet le taux d'inflation et les ménages du pays. Compte tenu des efforts de la Banque centrale à travers sa nouvelle politique monétaire pour contrer l'inflation, il est important de s'intéresser de plus près à nos exportations et à l'investissement étranger dans la production, si l'on veut pouvoir réduire notre déficit commercial.

Finalement, la production et la productivité restent des éléments tout aussi importants à considérer dans cette lutte anti-inflationniste.

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