Ce samedi s'ouvre la 28e édition du Fespaco à Ouagadougou, dont le Mali est le pays à l'honneur. Un choix qui semble aussi politique qu'artistique.
Le Mali est le pays invité d'honneur pour cette édition du Fespaco, le Festival du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, qui s'ouvre ce samedi (25.02). Dans un contexte marqué par l'insécurité, ce choix semble politique. Mais le Mali a aussi une longue tradition cinématographique.
Ce choix est, de l'avis du comité d'organisation, lié à sa proximité géographique et socioculturelle avec le Burkina Faso. D'autres enjeux communs avec le Burkina justifient par ailleurs cette désignation.
Le conseiller du délégué général du Fespaco en charge des questions artistiques, Guy Désiré Yaméogo, rappelle que le Mali est "un pays de tradition cinématographique. Le choix du pays n'a pas été dicté par les politiques ou des pressions extérieures. Le Mali a remporté trois fois l'Étalon de Yennega. Les professionnels maliens arrivent en nombre important au Fespaco. Leurs productions se font remarquer à chaque biennale. Dans un moment où les deux pays traversent les mêmes problèmes, il nous a paru nécessaire de se tourner vers un pays frère, un pays ami."
Mali et Burkina, un même combat
Le thème choisi cette année, "Cinéma d'Afrique et culture de la paix", reflète ce contexte sécuritaire tendu au Burkina Faso et au Mali.
Le Premier ministre malien Choguel Maiga est d'ailleurs en visite à Ouagadougou en marge du Fespaco. Les récentes pertes enregistrées par l'armée burkinabè ne doivent pas, à son avis, décourager les Burkinabè.
"Nous avons traversé cette étrape. A un moment, au Mali, des villages étaient rasés tous les jours, des dizaines de personnes tuées et des camps attaqués. Les Maliens ont tenu bon, nous vous demandons de tenir bon. Nous sommes sûrs qu'un jour le terrorisme sera vaincu au Sahel", a lancé Choguel Maiga.
Ne pas politiser le Fespaco
Les Burkinabè ont encore en mémoire l'absence des officiels ivoiriens à la dernière édition du SIAO tenue il y a quelques jours. La Côte d'Ivoire, pays invité d'honneur, où vit en exil l'ancien président Blaise Compaoré, avait alors été timidement représentée au SIAO.
Une faible participation qu'il faut toutefois relativiser, selon le diplomate Antoine Somdah. Pour lui, "il ne faut pas politiser ce genre de chose. C'est un volet culturel. C'est un pays souverain qui a toute la latitude de venir ou de ne pas venir."
Artistes, cinéastes, cinéphiles et festivaliers espèrent pour leur part, à travers cette 28e édition du Fespaco, mettre en exergue la résilience des peuples dans un environnement marqué par la recrudescence des attaques terroristes.