En 1990 se tenait, pour la première fois en Afrique, une conférence nationale souveraine. Un moment clé du processus de démocratisation au Bénin.
En février 1990, le Bénin réussissait le pari d'organiser, pour la première fois en Afrique francophone, une conférence nationale souveraine. Des assises qui ont fait école sur le continent et dont le succès va engendrer le renouveau démocratique avec le multipartisme.
La crise, élément déclencheur
Cette décision d'initier ces fameuses concertations nationales au Bénin n'était pas tombée ex-nihilo. "C'est parce que d'une part le pays était bloqué, rien ne marchait plus et tout le pays était en grève...", rappelle Robert Dossou, l'un des principaux artisans.
L'Etat révolutionnaire, étouffé par cette situation de faillite, était en effet contraint d'accepter l'ouverture d'une nouvelle forme de concertations.
Ali Houdou, à l'époque ministre sous le président Mathieu Kérékou explique que "c'est l'aspiration profonde de notre peuple que face à la contradiction qui est devenue antagoniste, si on voulait survivre en tant que nation dans la paix, il fallait nécessairement lâcher du lest. C'est ainsi que par la venue de Dossou Robert et d'autres dans l'Assemblée nationale révolutionnaire, en tant qu'éléments non partisans, ils ont demandé cette image-là, que quelque chose soit possible. Et c'est de là que le déclic est parti."
Nouveau départ
L'aboutissement de cette conférence nationale a consacré un nouveau départ pour le Bénin et une nouvelle configuration de son paysage socio-politique. La paix et la liberté d'expression en sont les principaux acquis aux yeux de Robert Dossou. "Qu'on le veuille ou pas, que certains l'acceptent ou pas, cette grande conférence a été une réunion fondatrice de notre nouvelle nation parce que c'est grâce au principe démocratique et au consensus posé à cette occasion que nous avons été sauvés et que les choses ont continué d'évoluer, je vais dire... cahin caha", insiste Robert Dossou.
Quels acquis pour les jeunes?
Cette avancée démocratique a transmis son héritage jusqu'à nos jours. Les jeunes, même ceux qui n'ont pas vécu cette période en conservent les enseignements.
"La première chose qui me vient à l'esprit c'est la Constitution parce que c'est grâce à cette conférence que nous avons eu une Constitution et on parle d'Etat de droit, on parle des droits de la personne humaine, on parle de séparation des pouvoirs et tous les principes qui vont avec", affirme Mariette Ahyi.
Pour Foumilayo Assanvi, "en tant que jeunes, c'est un élément auquel on s'identifie par rapport aux défis politiques, démocratiques de notre époque. C'est surtout de se rappeler de ces moments-là où nos aînés ont réussi à se mettre ensemble, à faire table rase de leurs divergences."
Les acquis démocratiques de cette conférence ont cependant été parfois éprouvés ces dernières années et unanimement, les Béninois reconnaissent qu'ils doivent être consolidés pour ne pas être mis en péril.