Congo-Brazzaville: Cinéma - Ndungi Mambimbi présente Simon Kimbangu sans fard

Essentiellement fondé sur des faits historiques, le film ne fait pas l'apologie du Kimbaguisme mais se contente de reporter les moments marquants de la vie éprouvante de celui que le réalisateur tient pour " le vrai père de l'indépendance ".

" Mon film n'est pas un projet de l'Eglise kimbanguiste ", a tenu à préciser au "Courrier de Kinshasa" Masumu. Le réalisateur a fait en sorte de " toujours garder son indépendance d'esprit, de jugement et de mouvement, c'est ce qui permet de s'en sortir, aller de l'avant. S'il faut toujours dépendre des autres, cela ne permet pas de faire grand-chose ". C'est donc convaincu de l'ultime nécessité de vulgariser l'histoire de Simon Kimbangu après lecture de " La passion de Simon Kimbangu", que Ndungi Mambimbi, alias Masumu Debrindet, se décide à la partager. Il s'improvise alors réalisateur, producteur et acteur principal du film dont il a écrit le scénario, projeté en sa présence, le 21 février au Centre Wallonie-Bruxelles.

Le récit s'arrête net sur la personne de Simon Kimbangu, les guérisons et autres miracles qu'il a opérés, son discours " subversif ", la dure répression dont il a été victime de la part du colon. Masumu n'a fait aucune évocation de la communauté née après sa disparition. " Je fais la promotion de Simon Kimbangu après avoir découvert un personnage extraordinaire qui ne pouvait pas passer inaperçu. Je suis catholique et dans mon église, on ne parle pas de Kimbangu mais plutôt de saints et tant d'autres illustres noms qui ont marqué son histoire et sont très loin de moi. Kimbangu, lui, a vécu ici et son discours est connu ", a-t-il dit, poursuivant: " Plus intéressant encore, ce villageois a, en 1921, dans un pays colonisé, fait des prédictions qui me portent à dire que c'est lui le vrai père de l'indépendance. En 1921, il parlait déjà des indépendances africaines à venir ".

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Le discours de Simon Kimbangu, comme l'a souligné Masumu, " à cette époque-là, était inconcevable. Il était impossible, inimaginable qu'un Noir parle des choses de ce genre ". Car, rappelle-t-il, " Les Noirs étaient traités comme des esclaves ". Pourtant, la fameuse prophétie de Kimbangu se réalise " à partir de 1958-1959, les choses bougent et en 1960 tous les pays africains ont obtenu leurs indépendances ". Pour le réalisateur, " cela constitue une fierté pour nous ", à savoir que Kimbangu l'avait prédit.

Réunir des évidences

Il a fallu un certain temps, une décennie, à Masumu Debrindet pour se documenter à suffisance avant de franchir le pas de la réalisation du film. En effet, explique-t-il : " Je partais de zéro, je suis catholique et non kimbanguiste, je m'intéressais à des choses que je ne connaissais pas, n'avais jamais appris. La première des choses était de voir le village où Simon Kimbangu était né, Nkamba, le lieu où il avait opéré son premier miracle, le 6 avril 1921, à Ngombe-Kinsuka. Lorsque j'ai pu réunir toutes ces évidences, je me suis lancé. Nous avons fourni l'effort de garder les dates et les événements tels quels ".

Mais encore, " tous les noms cités dans le film sont historiques, réels. Ceux des personnes qui ont accompagné Kimbangu dans son mouvement, son secrétaire particulier, son hôte à Mbanza-Nsanda, ses six premiers collaborateurs et même ses gardiens à l'hôpital à qui il parle avant de mourir. Leurs familles reconnaissent qu'il s'agit bien des leurs. Il en est de même du pasteur de Ngombe-Lutete, le révérend Jimming de l'église baptiste où priait Simon Kimbangu ".

Pour le casting, Masumu a indiqué : " Je n'ai pas voulu prendre des acteurs qui allaient voler la vedette à Simon Kimbangu, distraire les téléspectateurs. S'il y avait des célébrités, certains messages leur échapperaient à cause de l'intérêt porté à l'un ou l'autre personnage que l'on aurait reconnu. "Simon Kimbangu" est certes une fiction, mais elle a pour base la réalité. J'ai sélectionné des acteurs de ma troupe qui ne sont pas vraiment connus, des villageois trouvés sur les sites du tournage qui ont été coachés ".

La sincérité du film fait oublier ses imperfections, le son, la clarté des images sur lesquels on trouve à redire mais ainsi que le dit humblement l'auteur : " C'est une oeuvre humaine, tout n'est pas parfait ". Mais il faut aussi considérer certaines réalités du tournage. Masumu rapporte que parmi les nombreuses difficultés, il a subi " notamment la perte des images et du son tourné toute une journée dans un village près d'un des réputés cimetières sur la route du Kongo central ". Quoiqu'il en soit, " il nous a fallu contourner tous les problèmes rencontrés surtout que nous n'avions pas de sponsor, c'était ardu ", a-t-il reconnu, soulignant ici la ténacité de son équipe.

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