Les Notes terminent la publication des extraits de la conférence de presse du ministre de l'Économie et des finances du gouvernement Ramanantsoa, Albert-Marie Ramaroson, le 8 septembre 1973.
La politique foncière comporte-t-elle une réforme agraire et, dans ce cas, quelles en seront les modalités d'application ?
Dans un pays à vocation essentiellement agricole comme le nôtre, la terre constitue un facteur primordial de production. Elle doit permettre aux nationaux de maitriser l'économie, d'accroître leurs revenus. Elle ne devra plus être une source d'inégalité entre les classes. Les mesures à prendre consisteront dans l'immédiat à transférer à l'État les terres non mises en valeur ou mal exploitées, et à achever l'inventaire des terrains domaniaux en vue de leur redistribution par l'État aux Fokonolona et aux particuliers. Il demeure entendu que pour les grands domaines, des mesures de réajustement pourront être prises si nécessaires, sans qu'elles puissent compromettre la viabilité économique des exploitations. L'application des textes en vigueur a déjà permis de récupérer les terres non mises en valeur ou mal exploitées. C'est ainsi qu'ont pu être transférées à l'État, depuis juillet 1972, près de soixante propriétés couvrant une superficie totale de 25 000 ha. Pour donner plus d'efficacité à l'action du gouvernement, un texte portant refonte de l'ordonnance sanctionnant l'abus du droit de propriété va être incessamment pris.
Quelle sera la politique en matière de commerce extérieur ?
Dans ce domaine, il s'agit de promouvoir et de contrôler nos échanges extérieurs dans le but d'améliorer notre balance commerciale et de sauvegarder notre balance des paiements. C'est l'objectif visé par la nouvelle règlementation des importations et des exportations. Cependant, nous sommes encore tributaires de l'extérieur pour le matériel de production en général, ainsi que pour certaines marchandises essentielles non encore produites localement. La politique du commerce extérieur consiste donc, d'une part, à donner la priorité aux importations de biens de production tant pour l'industrie que pour l'agriculture, et à assurer l'approvisionnement normal de la population, la politique d'ouverture tous azimuts nous permettant de bénéficier des conditions de prix les plus favorables ; d'autre part, de maintenir le principe de la liberté pour les exportations afin d'en favoriser l'expansion. À cet égard, la diversification des débouchés ne signifie, en aucune manière, " bradage " de nos produits, mais au contraire, élargissement de l'éventail de nos débouchés et du choix de nos clients.
L'industrie devant jouer le rôle moteur dans le développement économique, quelle est la politique industrielle du gouvernement et quels sont les grands projets à réaliser dans les prochaines années ?
L'industrie doit satisfaire les besoins locaux en produits de consommation aussi bien qu'en biens d'équipement en apportant le maximum de valeur ajoutée et en s'appuyant sur les possibilités d'exportation. Les grands projets actuellement envisagés répondent à ces objectifs et concernent essentiellement la valorisation des ressources du sol et du sous-sol, de l'agriculture, des forêts, de l'élevage et de la pêche ainsi que de l'utilisation de la main-d'oeuvre importante...
Quels sont les moyens qu'entend utiliser l'État pour accroitre la production de riz et arrêter les importations avant cinq ans ?
C'est une oeuvre de grande envergure. Le gouvernement s'est déjà attelé à la tâche en relevant le prix du paddy, en augmentant les superficies rizicoles, en intensifiant l'encadrement du paysannat, en créant ou améliorant les voies d'évacuation, en mettant en place tout un réseau de silos de stockage. Des crédits importants, plus de 7 milliards et demi FMG, figurent en autorisation de programme du budget de l'État pour 1973. Ils sont réservés à l'augmentation des superficies rizicoles et au désenclavement des régions productrices. En attendant, nous sommes placés devant un dilemme : importer du riz, ce qui pèsera sur notre budget et nos ressources en devises, ou diversifier et compléter notre règlementation par des produits de substitution dont nous pouvons disposer.