Dans une interview à la DW, le ministre de la Réconciliation, Kouadio Konan Bertin, se prononce sur le cas Guillaume Soro et des prisonniers "politiques".
Le ministre ivoirien de la Réconciliation et de la Cohésion nationale était récemment en mini tournée en Allemagne.
Kouadio Konan Bertin était à Berlin, Hambourg et Cologne. Avec les Ivoiriens vivant en Allemagne, il a surtout été question du processus de réconciliation en Côte d'Ivoire. Interview avec la DW.
DW : Monsieur le ministre, comment évolue le processus de réconciliation en Côte d'Ivoire ?
KKB : Cela fait bientôt deux ans que nous avons la charge de ce département ministériel, la réconciliation et la cohésion nationale. Je le dis et je le répète, le Chef de l'Etat, son excellence, monsieur Alassane Ouattara, veut d'une réconciliation inclusive. Il a donc besoin que tous les Ivoiriens se sentent impliqués. Les Ivoiriens, de nos jours, sont très nombreux à l'étranger. En Allemagne, j'ai trouvé une communauté ivoirienne rassemblée, unie, qui a compris la nécessité du vivre ensemble. Nous avons eu la chance d'avoir un ambassadeur qui avant tout, était un militaire de haut rang et donc qui est un homme de métier et qui, très tôt, a compris cette nécessité de travailler à être ensemble. Nous avons constaté qu'ici en Allemagne, les Ivoiriens sont unis, et il reste à consolider cette unité et qu'ils puissent de là où ils sont, envoyer en Côte d'Ivoire, leur pays, des vibrations positives. Notre pays a besoin de paix. Notre pays doit se reconstruire. La Côte d'Ivoire veut se rebâtir pour que nous qui sommes là aujourd'hui, nous puissions laisser à nos enfants, une nation unie, indivisible, forte et prospère.
DW : Monsieur le ministre, il y a des acquis, notamment le retour d'exil de l'ancien président, Laurent Gbagbo, de Charles Blé Goudé. Mais, il y a aussi la question délicate de certains prisonniers, notamment des militaires. Des voix s'élévent depuis des années pour demander leur libération.
KKB : C'est tout à fait légitime qu'il y ait des gens pour demander la libération de tous. Personne non plus, n'a intérêt à maintenir d'autres en prison. La réconciliation est un processus. Le temps, dit-on, c'est l'autre nom de Dieu. Laissons le temps au temps pour panser en profondeur nos plaies. Et ce qui est important, c'est que les acteurs principaux se parlent aujourd'hui. Tous ces débats-là, sont à l'ordre du jour et au fur et à mesure qu'on avance, vous vous rendez bien compte que les problèmes que nous avons, trouvent solution. Il y a deux ans, vous m'auriez demandé et Laurent Gbagbo ? Laurent Gbagbo est rentré. Il y a un an, vous m'auriez demandé et Blé Goudé ? Blé Goudé est rentré.
DW : Il y a aussi le cas Guillaume Soro, l'ancien Premier ministre et ancien président de l'Assemblée nationale. À quand le retour de Guillaume Soro en Côte d'Ivoire ?
KKB : Quand le moment viendra, vous le saurez. Le cas Guillaume c'est une question de temps et à titre personnel, je lui ai toujours dit, ce qui fait la force du continent africain, ce sont ces valeurs là que nous avons, dans nos traditions, dans nos cultures, des valeurs de paix, de tolérance, du respect des aînés. Et donc, je l'ai souvent dit, face au choc des orgueils, il revient généralement en Afrique, au plus jeune de faire preuve d'humilité. Le président Ouattara a tendu sa main à tout le monde. Tous ceux qui ont saisi la main tendue du président, sont en Côte d'Ivoire. Je voudrais modestement demander à mon frère Guillaume de là où il se trouve, s'il m'entend, nous avons quelques liens et il sait que ses malheurs ne viendront jamais de moi. C'est même une chance, que ce soit moi, son frère, qui soit ministre de la Réconciliation en ce moment. Pourquoi n'accepterait-il pas de m'envoyer, moi, en mission ? Je ne peux pas comprendre qu'il se laisse aujourd'hui envahir par l'orgueil. Mais je reste convaincu qu'avec le temps, les choses vont rentrer dans l'ordre. Parce que, comme je l'ai dit, c'est le train de la réconciliation. Chacun le prend à sa gare, à sa station.
DW : Monsieur le ministre, dans quelques mois, les Ivoiriens se rendront aux urnes pour les élections régionales et municipales. Il y a des craintes, de nouvelles violences. Alors comment faire pour que ces joutes électorales ne soient pas des moments d'affrontements entre Ivoiriens ?
KKB : Qu'est ce qui peut donc expliquer aujourd'hui que pour des élections municipales et régionales à venir, il y ait des craintes d'affrontements ? Généralement, c'est la CEI qui poserait problème. Mais cette même CEI a organisé il y a un an, les élections législatives en Côte d'Ivoire. Je signale que depuis la mort de Houphouët Boigny, c'est la première fois qu'on organise une élection législative aussi inclusive. Il n'y a pas eu mort d'homme, il n'y a pas eu d'affrontements. Ceux qui ont été battus ont reconnu leur défaite et ont félicité les vainqueurs. C'est la même CEI, avec le même président, qui est encore là. Pourquoi autour des municipales et régionales, les choses devraient se passer autrement ? J'ai bon espoir que ces élections-là, vont bien se dérouler parce que la classe politique ivoirienne a le devoir ou l'obligation de confirmer la bonne réputation dont elle fait preuve ces dernières années, à cette occasion-là. Place aux débats d'idées et donc extirpons la violence pour que ceux qui ont les meilleures idées, que les Ivoiriens puissent les entendre. J'ai bon espoir que mon pays, la Côte d'Ivoire, saura donc s'approprier ces valeurs de démocratie pour que nous soyons un pays résolument démocratique.