Congo-Kinshasa: Littératures en langues congolaises - Un salon a vu le jour à Kinshasa

Organisé en marge de la Journée internationale de la langue maternelle, les 22 et 23 février, l'événement porté conjointement par l'Association pour la promotion et l'éducation des langues (Apél) et le Centre Wallonie-Bruxelles (CWB) milite pour la promotion des belles lettres produites dans les parlers locaux.

La question cruciale de l'existence ou non des littératures congolaises a constitué le noeud des discussions de la seconde journée du 1er Salon des littératures en langues congolaises. Les trois intervenants, en l'occurrence les chefs de travaux Jean-Maurice Bosenya et José Kabal ainsi que le représentant des éditions Mabiki, Jered Modua, l'un après l'autre, ont mis un terme au grand questionnement suscité par le thème du jour : " Littérature en langues congolaises, mythe ou réalité ? "

Jean-Maurice Bosenya, coordonnateur de l'organisation non gouvernementale Apél, a donné à l'assistance l'occasion de réaliser que des initiatives porteuses sont mises en oeuvre avec nos langues. " Lorsqu'il est question de littérature congolaise dans notre pays, plusieurs pensent à la littérature en langue française. Les écrivains reconnus sont ceux qui font usage du français comme médium pour leurs productions littéraires. Ils ignorent qu'à côté d'eux, il y en a d'autres qui ont pris la résolution d'écrire dans nos langues. Et ceux-là restent presque dans l'anonymat ", a-t-il décrié.

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Il a dès lors motivé l'utilité du Salon des littératures en langues congolaises, soulignant le voeu d'Apél que ces derniers aussi " soient connus du grand public ". Partant d'un regard croisé sur ces littératures, il a dévoilé l'objectif visé, à savoir " les faire accepter, adopter et qu'elles soient lues ". Ce, dans la perspective qu'en lisant dans nos langues, " les Congolais en découvrent les richesses et en saisissent mieux les subtilités et celles que l'auteur transmet à travers son propos, plutôt que de préférer lire toujours en français ".

Chacun doit jouer sa partition

Chercheur en langues et littératures congolaises, particulièrement en ciluba, le chef de travaux José Kabal s'est exprimé sur la littérature en ciluba, sa langue maternelle. Exposant autour des controverses sur l'existence des littératures dans les langues nationales, il tient pour une aberration le doute émis sur le sujet par plusieurs. A son avis, ces derniers ne sont juste pas informés et encore moins documentés. " Tant qu'il y a une langue, il y a aussi une littérature ", a-t-il soutenu.

Et qui plus est, " Je ne vais pas cesser d'écrire en ciluba sous prétexte que mon lectorat est réduit aux seuls locuteurs tout en sachant que tous ceux qui ont besoin de mes connaissances, de bénéficier de mon intelligence vont recourir à des traducteurs pour la percer ", a-t-il dit. En sus, " les langues nationales, maternelles, appelées langues véhiculaires ou vernaculaires, sur le plan technique doivent être connues, appuyées et apprises aux enfants pour pérenniser la culture de nos peuples ", a-t-il soutenu.

Tout aussi convaincu qu'un enfant " ne connaissant pas la langue de son père ou de sa mère a une connaissance tronquée de sa culture ". Mais encore, a-t-il renchéri, " Quand on n'a pas de culture, l'on n'a pas de repères, et quand on n'a pas de repères, on est sans attaches, suspendu sans avoir les pieds sur terre ".

Un combat encore entier

Dernier intervenant de la seconde journée, Jered Modua a parlé de la success story des éditions Mabiki. Citant les différentes publications littéraires mais aussi pédagogiques, dont des manuels scolaires et livres pour enfants, il a démontré l'existence réelle d'une littérature écrite en langues congolaises. Ce, particulièrement, dans les quatre langues nationales, ciluba, kikongo, lingala et swahili. Mais le combat reste à mener, il n'est pas fini, comme l'a souligné Jean-Maurice Bosenya.

Une fois édités, il faut savoir où trouver ces livres ? Pour cela, il a préconisé la création d'un mécanisme pour assurer " une plus grande et meilleure visibilité, le rendre accessible partout, dans les librairies, bibliothèques, boutiques, supermarchés pour que les gens puissent les trouver, se les procurer et les lire ". Qui plus est, il faut encourager un lectorat, les gens intéressés par ces livres et tiennent à les lire.

Ainsi, " chacun doit jouer sa partition. Les écrivains joueront la leur en écrivant, les institutions comme la nôtre, en assurer la promotion, et surtout, le pouvoir public doit apporter un soutien conséquent afin que le travail des écrivains soit connu de tous et ainsi la population pourront profiter, tirer un bénéfice des messages qu'ils livrent dans leurs écrits ", a soutenu le coordonnateur d'Apél.

Certain qu'agir de la sorte " pourra conscientiser la population car la littérature doit être perçue comme une urgence sociale par les écrivains africains ". Aussi a-t-il conclu : " Nous voudrions qu'il se crée un lectorat actif qui s'approprie cette littérature afin de mieux connaître et cerner les problèmes de notre société congolaise et penser à y remédier ", a-t-il conclu.

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