Bintou Keita, cheffe de la Mission de maintien de la paix des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco), s'est rendue le 1er mars 2023 à Bunia, en Ituri, une région dans l'Est de la RDC particulièrement troublée par l'activisme des groupes armés. Reportage.
Depuis le 27 février 2023, la cheffe de la Mission de maintien de la paix des Nations unies locale (Monusco) est en visite dans l'Est de la RDC. Après Goma, la capitale du Nord-Kivu, Bintou Keita est désormais dans la province de l'Ituri, à Bunia, région particulièrement troublée par l'activisme des groupes armés. Notamment les Forces démocratiques alliées (ADF), affiliées à l'État islamique dans le territoire de Mambassa, et les milices d'autodéfense communautaire dans le territoire de Djugu, avec les Coopérative pour le développement du Congo (Codeco) ou les Zaïre.
Une énième flambée de violence y est observée ces derniers mois s'accordent à dire la Monusco, l'autorité militaire et la société civile.
" Nous constatons une recrudescence de la violence "
Dans la cour du gouvernorat, la cheffe de la Monusco reçoit les honneurs militaires. Bintou Keita, en visite dans la région de l'Ituri, constate que l'engagement de désarmement, pris par certains groupes armés à la réunion de Nairobi en décembre 2022, n'est pas respecté : " Les dialogues intracommunautaires avaient donné des résultats. Malheureusement après Nairobi 3, ce que nous constatons, c'est une recrudescence de la violence avec des attaques et des représailles entre Codeco et Zaïre, Mapi... "
Pourtant, les opérations militaires continuent malgré la diminution des effectifs des soldats congolais, envoyés dans la province voisine du Nord-Kivu pour combattre les rebelles du M23, assure le gouverneur militaire, le lieutenant-général Johnny Luboya : " La dernière fois, nous avons perdu 21 personnels, ils étaient en pleine opération. Nous parlons avec ces groupes armés. Ils ont signé des actes d'engagement et ceux qui ne voudront pas venir avec nous, nous allons encore retourner à l'approche militaire. "
Mais pour les citoyens, la situation demeure catastrophique, atteste Dieudonné Lokassa, président de la société civile de l'Ituri : " Combien de gens doivent mourir ? Ils ont tué les enfants, ils ont tué les femmes enceintes, ils ont tué les personnes de troisième âge. On a tué les gens dans les cités des déplacés. Quelle opération on a menée ? Il n'y en a pas eu. Sans militaire, il n'y en a pas. "
De novembre 2022 à janvier 2023, selon le bureau des Nations unies aux droits de l'homme, les exactions y ont augmenté de 34% par rapport au trimestre précédent.