C'est l'objet du panel de discussion organisé le 24 février 2023, à la Fondation Muna à Yaoundé la capitale politique du Cameroun, par la Fondation Denis & Foretia, à travers son think thank Nkafu Policy Institute.
À l'aune de la Couverture santé universelle ( CSU) dont la première phase sera effective ce mois de mars au Cameroun, Nkafu Policy Institute a organisé un panel de discussion sur "Les contributions des établissements de santé publique à la réduction des dépenses personnelles/ Financement des soins de santé". Selon le think thank, la question du financement des soins de santé demeure importante dans tous les systèmes de santé dans les pays en développement.
La problématique du financement des soins de santé, a fait savoir, Nkafu Policy Institute, demeure préoccupante et essentielle dans un contexte où les dépenses dans ce domaine sont sans cesse croissantes, en particulier dans les pays en développement comme le Cameroun où les paiements directs des soins de santé restent d'actualité, créant de nombreuses inégalités, et exposant aux soins médicaux de mauvaise qualité.
Au nombre des mesures visant à réduire les coûts des soins médicaux, figurent les subventions publiques, l'assurance maladie privée, la solidarité sociale et l'amélioration de la qualité et de la capacité d'accueil des hôpitaux. Des stratégies qui aux dires des discutants du jour, présentent cependant des limites. Le cas des établissements sanitaires privés laïcs a été évoqué, comme ne pouvant pas contribuer à la baisse des coûts des soins médicaux, à cause de l'investissement privé, l'obligation de bénéfice, et l'absence de subventions, alors que les hôpitaux publics et confessionnels en bénéficient.
" Il y a un déficit de production locale de consommables médicaux et réactifs. La population est pauvre, et les dépenses effectuées sont catastrophiques. Il faut un régulateur. L'État doit choisir un système de santé comme comme celui de la Grande-Bretagne ou des USA. De toute façon, les coûts devraient baisser", a fait savoir le Dr Hamida Yacoubou, administrateur public au ministère de la Santé publique. Et de poursuivre : " les soins sont plus accessibles au niveau des formations sanitaires publiques et confessionnelles, parce que subventionnées par des tiers payants.
Pour les privés laïcs, il serait bon que les formations sanitaires bénéficient des subventions au niveau des consommables médicaux et des réactifs, avec un personnel massif et salarié. Le système de 70% n'est pas équitable à l'intérieur, parce qu'une personne qui gagne par exemple 200 000 FCFA, se soigne au même prix que celui qui gagne deux millions". En somme, il plaide pour l'équité dans le paiement des soins de santé, et non pour l'égalité.
Sur l'idée du développement d'un système de santé africain, le Dr Ondoa a émis beaucoup de réserves. Pour lui, une Couverture santé africaine n'est pas impossible, mais reste encore très difficile. " Nous avons une riche pharmacopée, certes, mais on ne sait pas toujours quelle maladie cela soigne exactement. La production industrielle est obligatoire, et exige beaucoup de recherches", a-t-il indiqué. Et de magnifier la CSU: "c'est quelque chose de salutaire qui est déjà en train de se mettre en place au Cameroun avec la phase qui commence bientôt. Elle est à saluer, parce qu'elle va faciliter l'accessibilité financière aux soins de santé".
" Nous avons appris beaucoup de choses aujourd'hui, que par exemple, le Cameroon va implémenter la première phase de Couverture Santé Universelle qui constituera en la maternité. C'est une très bonne chose pour les Camerounais, mais le chemin est encore long. Il faut relever les revenus.. Mais nous ne pouvons pas tout avoir aujourd'hui" a réagi savoir l'un des panelistes à la fin de la discussion, avant d'ajouter qu'avec la CSU, les femmes enceintes de la région de l'Extrême-Nord Cameroun ne paieront que 6 000 FCFA, des visites prénatales aux complications y relatives, et jusqu'à ce que le nouveau-né atteigne 42 jours.