Le One forest summit bat son plein à Libreville, capitale du Gabon. Durant la première journée, hier, la question des subventions aux actions de préservation de l'environnement a été un des points de débat.
L'Afrique ne récolte que des miettes. Cette expression est revenue fréquemment durant les discussions de la première journée du "One forest summit", hier, à Libreville. La question du décaissement et de la répartition du fonds vert pour le climat est en effet un des points qui ont déchaîné les passions durant ce rendez-vous sur l'environnement qui se tient dans la capitale gabonaise.
Jour J pour le "One forest summit" donc. Avant le sommet proprement dit auquel des chefs d'Etat, notamment, ceux de la France et des pays d'Afrique centrale, premiers concernés par le sujet central, des séries d'ateliers et de conférences ont animé la première journée, hier. Le constat qui découle des différents échanges est que les engagements vis-à-vis du climat sont loin d'être tenus. C'est le cas particulièrement pour la question des fonds sur lesquels les pays développés se sont engagés.
En réponse aux journalistes, à l'issue d'un point de presse qui a précédé la cérémonie d'ouverture du sommet, hier, Christophe Béchu, ministre français de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, l'a reconnu. "Nous [les pays concernés] avons du mal à tenir nos engagements climatiques". L'exemple du fonds vert pour le climat en est un exemple criant. Il y a des milliards de dollars de gap à combler sur les 100 milliards actés à la 21e Conférence sur les changements climatiques (COP 21), à Paris, en 2015.
Et là encore, "l'Afrique n'en récolte que des miettes", assènent des acteurs africains. À l'initiative de la France et du Gabon, le sommet de Libreville veut se distinguer des autres rendez- vous internationaux sur l'environnement, en abordant de front cette question du financement. Il veut aussi mettre en lumière l'apport du Bassin de Congo comme poumon de la planète, au même titre que la forêt amazonienne ou les forêts équatoriales de l'Asie.
"Nous en avons eu la preuve durant la pandémie de la covid-19, lorsqu'il y a une réelle volonté de mobiliser des fonds, nous pouvons le faire. Alors faisons-le pour le climat. Nous demandons juste un rééquilibrage des financements. Il n'y a que 5% des fonds destinés au bassin du Congo", a fustigé Arlette Soudan-Nonault, ministre de l'Environnement du Congo Brazzaville, durant son intervention lors d'une conférence hier après-midi.
Laissés pour compte
"Nous devons nous assurer que la protection de la nature et les changements climatiques ne doivent pas exclure le progrès. Mais c'est un moyen d'y arriver. Nous devons ainsi réduire l'écart de financement", soutient Razan Al Mubarak, présidente de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Un point que concède Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'Etat auprès du ministère français de l'Europe et des affaires étrangères, chargée du Développement, de la francophonie et des partenariats internationaux.
"Allier préservation des forêts et développement économique, valorisation des services rendus à la nature et à l'ensemble de la planète", sont les mots de la secrétaire d'État Chrysoula Zacharopoulou. Sauf changement, ce "One forest summit", devrait accoucher d'un mécanisme de financement pour "rémunérer" les pays forestiers. Un mécanisme qui pourrait
s'imbriquer aux fonds verts prévus à hauteur de 100 milliards de dollars par an, et aux fonds pour la biodiversité acté à Montréal en décembre.
En termes simples, ce sommet cogite sur "comment rémunérer le capital environnemental, comment rémunérer le gardiennage de cette forêt primaire", déclare Christophe Béchu. Une fois de plus la principale question posée est celle sur la concrétisation des éventuels engagements ou annonces faites. D'autant plus, comme l'affirme sans ambages le ministre Béchu, que le sommet de Libreville se concentre sur les trois poumons de planètes. Cette "rémunération", tant martelée, ne concernera donc pas les pays insulaires, dont Madagascar.
Tout autant que les pays forestiers continentaux, les Etats insulaires qui regorgent aussi de biodiversité sont autant soumis aux contraintes socio-économiques qu'imposent les normes internationales édictées en faveur de la protection de l'environnement et les défis climatiques. Un nouveau règlement européen adopté en décembre et en cours d'application, va d'autant plus renforcer ces contraintes. Il compte interdire l'entrée sur le territoire européen de tout produit issu de la déforestation.
Les États insulaires sont, par ailleurs, les premières victimes des conséquences des dérèglements climatiques. Ils ont, eux aussi, une part importante dans "le service écosystémique rendu à la planète". Termes utilisés durant le point de presse d'hier. Aussi, dans un optique de justice et d'équité, ils devraient être tout autant concernés par les questions de financement et de rémunération et non pas être laissés pour compte.