L'évaluation des accidents de la route en Afrique ne se fait pas toujours de manière exhaustive. A cause d'une collecte disparaître. Pour changer la donne, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Agence nationale de la sécurité routière (ANASER), tiennent un congrès à Dakar pour voir comment arriver à des statistiques harmonisées. La rencontre qui dure trois jours s'est ouverte hier, mercredi 1er mars.
Dakar abrite le 1er Congrès régional sur les Données de mortalité routière. La rencontre qui s'est ouverte hier, mercredi 1er mars 2023, et à laquelle participent des délégations venues de 28 pays d'Afrique, est une occasion pour les participants de réfléchir sur les voies et moyens pour arriver à la mise à disposition de statistiques fiables sur les accidents de la circulation. Pour le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Sénégal, Dossou Vincent Sodjinou, "les accidents de la route constituent un problème de santé publique. C'est pourquoi l'OMS en a fait une priorité dans son treizième programme général de travail, qui vise à contribuer à l'atteinte des Objectifs de développement durable".
Selon les Nations Unies (ONU), les accidents de la circulation constituent la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes adultes âgés de 5 à 29 ans. Les pays à revenus faibles enregistrent le plus d'accident, avec un taux estimé à 93%. C'est ce qui motive l'Objectif de développement durable qui est de réduire de 50% les accidents de la route.
Dossou Vincent Sodjinou trouve ainsi que "pour mesurer les progrès, il faut avoir des données avec des mécanismes fiables". Seulement, les chiffres de l'OMS sont en déphasage avec ceux des Etats. "Il y a un gap entre les chiffres des Etats et ceux de l'Organisation mondiale de santé", constate-t-il.
Le directeur sectoriel pour les transports en Afrique de l'Ouest de la Banque mondiale, Ibou Diouf, loue, lui aussi, l'importance d'avoir des données exactes sur les accidents de la circulation. "Les données de sécurité routière sont un outil pour planifier, orienter, définir des stratégies et élaborer des plans d'actions prioritaires pour lutter contre la mortalité routière. On a des éléments qui nous permettent de savoir les axes sur lesquelles il faudrait agir", constate-t-il.
Selon toujours Ibou Diouf, les statistiques fiables facilitent la prise de décisions. "Pour agir, il faut avoir connaissances de la situation, des repères. Les données constituent un moyen fondamental".
CAUSES DES ACCIDENTS : LE DIAGNOSTIC DE L'OMS ET LA DE BANQUE MONDIALE
Le directeur sectoriel pour les transports en Afrique de l'Ouest de la Banque mondiale, Ibou Diouf, juge qu'en plus du facteur humain qui est couramment mis en cause lors de la survenance d'un accident, d'autres paramètres méritent une attention particulière. "Dans beaucoup de pays en développement, la route est un élément muet. Elle ne parle pas au conducteur. Cette communication doit se faire à travers la signalisation. Les points dangereux d'une route doivent être signalés. Lorsqu'on fait de la maintenance routière, on doit mettre en priorité la signalisation", conseille-t-il.
Il est aussi important de faire des évaluations sécuritaires. "Lorsqu'on conçoit une route, on doit faire l'audit de la sécurité routière, en amont, au moment de la mise en oeuvre et pendant l'exploitation", a dit Ibou Diouf.
Les conducteurs doivent aussi maitriser leur environnement. "Il y a très peu de conducteurs qui ont une connaissance de comment interagir avec la route, selon les différents temps. Ils n'ont pas assez souvent l'éducation qui leur permet de s'adapter quand ils sont dans ce genre de situation", déplore-t-il.
L'éducation à la sécurité routière doit être promue dans les enseignements. "Il faut intégrer dans les curricula l'éducation à la sécurité routière. Au Sénégal, il en existe, mais n'a jamais été mis en oeuvre", s'insurge aussi Ibou Diouf.
Pour sa part, le représentant de l'OMS, Dossou Vincent Sodjinou, pense "qu'il faut s'interroger sur la qualité des sanctions, des infrastructures, l'impact du contrôle sur la réduction des risques d'accident, la qualité de la législation dans les pays en matière de la sécurité routière ; quels est le rôle de la justice, la lutte contre la corruption sur la sécurité routière dans nos pays".