"Le Parlement est phagocyté par l'Exécutif et ça, c'est une situation malheureuse et récurrente. C'est comme si ce sont le président de la République et l'Exécutif qui décidaient au niveau du Parlement. Nous l'avons dénoncé, en tant que parlementaires, à l'époque ; mais nous constatons qu'aujourd'hui, ça continue. C'est pourquoi, j'ai beaucoup apprécié l'attitude de l'opposition la dernière fois qui, en fait, alerte l'opinion parce qu'aujourd'hui, le peuple sénégalais veut mettre fin à cette situation. C'est pourquoi, il y a quand-même cet équilibre des forces plus ou moins au niveau du Parlement. C'est le peuple qui en a décidé.
Maintenant, le peuple veut des ruptures au niveau du Parlement ; malheureusement aujourd'hui, les blocages continuent parce que même si, sur le plan du nombre, l'opposition peut essayer d'imposer ces changements-là, si les propositions de loi ne sortent pas du bureau du président de l'Assemblée nationale, ça ne bouge pas. Il y a des verrous au niveau du Règlement intérieur de l'Assemblée.
Par exemple, une proposition de loi, pour qu'elle passe, elle doit recevoir plus ou moins l'aval du président de la République ; alors que c'est aux députés que reviennent la possibilité de concevoir des lois. Donc, ce n'est pas une nouvelle situation. C'est pourquoi, je pense que l'opposition a bien fait d'alerter pour dire que voilà, nous avons déposé tant de questions écrites, tant de questions orales pour exercer le contrôle de l'Exécutif, mais ça ne bouge pas. Maintenant, le peuple saura où se trouve le problème.
L'Exécutif n'a plus une majorité écrasante. Donc, la solution, c'est de s'asseoir sur les projets et les propositions pour que ça n'aboutisse pas. Et c'est malheureux parce que quand-même il y a beaucoup d'affaires aujourd'hui qui méritent d'être clarifiées et ce serait même pour l'intérêt de l'Exécutif. Il y a eu le dossier sur la gestion des Fonds FORCE COVID, le contrat sur l'achat d'armes par le ministère de l'Environnement. Des gens disent que c'est un scandale, mais l'Exécutif a intérêt à ce que le débat soit posé au niveau du Parlement, pour édifier l'opinion. Il y en a d'autres.
Je pense qu'aujourd'hui, c'est tout à fait normal que l'opposition alerte et mène des actions dans ce sens, pour retrouver la plénitude de leur droit, en tant que représentants du peuple. C'est donc une entrave à l'exercice de leur fonction, en tant que représentants du peuple devant contrôler l'Exécutif, devant édifier les Sénégalais par rapport à des affaires qu'on considère comme étant nébuleuses. Maintenant, je pense que le peuple a donné la possibilité de corriger avec le nombre de députés de l'opposition, l'équilibre qu'il y a.
L'autre chose, pour corriger, il faut peut-être changer des dispositions du Règlement intérieur. Même pour ça, ils auront beau déposer des propositions de loi pour revoir le Règlement intérieur, si ça ne bouge pas au niveau du Parlement, au niveau du bureau de l'Assemblée nationale, ça ne rime à rien. Il faut que les populations dénoncent vigoureusement parce que, quand ils ont voulu démettre Aminata Touré, ils ont agi très vite.
C'est une violation des dispositions même de la loi. C'est clair et net et malgré ça, pour violer la loi et démettre Aminata Touré, ils sont allés très vite et pourquoi sur les questions d'intérêt général, sur les questions sur lesquelles le peuple les attend pour qu'on les clarifie, ils font du dilatoire, mettent le coude comme leur patron ou ils s'asseyent là-dessus. La solution, c'est de continuer à les envahir de questions écrites, de questions orales et de propositions de lois et à prendre l'opinion à témoin parce que si un petit groupe peut bloquer ces initiatives parlementaires-là, ça veut dire que c'est très grave".