En Ituri, dans l'est de la RDC, les civils sont particulièrement visés par des milices ; les forces armées peinent à les protéger. Dans le territoire de Djugu, le conflit communautaire ente Hema et Lendu a provoqué des milliers de déplacements. Certains déplacés se sont regroupés dans des camps comme celui de Kigonzi. Reportage.
Dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), la cheffe de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC (Monusco), Bintou Keita, poursuit sa visite dans cette région en proie aux violences perpétrées par une myriade de groupes armés.
Comme dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en Ituri, les civils sont particulièrement visés par ces milices et les forces armées peinent à les protéger. Dans le territoire de Djugu, le conflit communautaire ente Hema et Lendu, qui dure depuis fin 2017, a provoqué des milliers de déplacés. Certains d'entre eux se sont regroupés dans des camps et y vivent depuis plusieurs années.
Il y a cinq ans, Aimée a quitté à toute vitesse son village après une violente attaque du groupe armé, la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco) : " Quand ils sont venus dans notre village, ils ont incendié des maisons, tué des personnes, détruit des écoles, et même détruit les hôpitaux. "
" Nous n'avons rien et la vie est très difficile "
Depuis, Aimée vit dans un camp à Kigonzi, à proximité de Bunia. Ici, il tente de reprendre sa vie d'avant. Il est enseignant. Mais il ne perçoit aucun salaire : " Jusqu'à présent, nous n'avons rien et la vie est très difficile. "
Roger est un voisin. Même si lui habite à quelques pas d'ici, sa famille vit sous les bâches en plastique du camp de déplacés. Tous déplorent l'abandon des autorités et de la communauté internationale : " Le M23, on en parle tout le temps. Le monde entier connaît la situation des gens du Kivu. À Béni, on connait ce que les ADF Nalu font. Mais ici, il est question d'attirer l'attention du monde sur les massacres. "
D'autant que l'aide alimentaire n'est pas arrivée depuis 8 mois. Difficile de trouver de quoi manger. Les champs que les déplacés avaient fini par acheter à proximité du camp sont inaccessibles, explique Maman Jeanne, gestionnaire du camp : " Le problème est que, quand ils apprennent dans les villages environnants qu'il y a telle ou telle chose, ils passent aussi à leur tour. Ça peut leur arriver aussi. C'est arrivé aussi dans d'autres sites. "
Le 19 janvier dernier, dix déplacés ont été tués sur le site de la Plaine Savo par des miliciens, présumés Codeco.