Congo-Brazzaville: Yvon Wilfride Lewa-let Mandah - "On peut rehausser le niveau de notre art "

interview

Dramaturge, poète et président de l'antenne locale de l'Institut international de théâtre, Yvon Wilfride Lewa-let Mandah a représenté le Congo au 36e congrès de cette institution culturelle internationale. Il nous fait part de ses sentiments et des résolutions prises au cours de ce grand forum. Interview.

Comment s'est déroulé le 36e congrès mondial de l'Institut international du théâtre ?

Il va falloir commencer par rappeler ou faire connaître à tous la genèse et le bien-fondé de l'Institut international du théâtre, en sigle français IIT ou ITI en anglais... C'est en 1948, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, que l'Unesco, conformément à ses objectifs en matière de culture, d'éducation et d'arts, a créé l'IIT qui a pour but de promouvoir les échanges internationaux de connaissances et de pratiques dans les arts de la scène afin de consolider la paix et l'amitié entre les peuples, d'approfondir la compréhension mutuelle et d'accroître la coopération créative dans le monde des arts de la scène. Les retombées sont très avantageuses : collaboration entre les centres nationaux et les comités thématiques. Ce qui favorise la coopération internationale.

En quoi le Congo bénéficie-t-il de cette rencontre ?

Notre pays est devenu membre de l'IIT en l'an 2000. En juillet 2017 déjà, j'ai pris part au 35e congrès mondial, tenu en Espagne. Cela a été un catalyseur qui nous a conduits à la création du Festival international du théâtre et autres arts de la scène dont la 6e édition va se tenir à Brazzaville et Pointe-Noire, en fin mars de l'année en cours, sur le thème "Panorama du théâtre congolais..." Ce récent congrès nous ouvre les portes de l'immense réseautage qu'offre l'IIT à travers la planète. C'est dire, sans ambages, que les artistes et dramaturges congolais peuvent bénéficier des bourses, des formations, des échanges d'expériences à l'échelle nationale, continentale et internationale.

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Quel est votre regard sur la pratique du théâtre au Congo ?

Ragaillardi de mes vingt-sept ans de carrière littéraire et artistique débutée depuis ma vie estudiantine à l'Université Marien-Ngouabi, je pense que le théâtre, tel qu'il est pratiqué ici, patauge généralement dans l'amateurisme en dépit des talents dont sont pétris les artistes congolais. Nul ne vit réellement de son art. La quasi-totalité de ceux qui s'adonnent au théâtre, à la danse contemporaine et/ou traditionnelle, et même à la musique, s'enlisent dans le sable mouvant. Cependant, je suis optimiste. L'on peut rehausser le niveau de notre art et conférer à l'artiste un statut digne dans la société, faisant de lui un professionnel. Pour y parvenir, les artistes doivent prendre conscience de leur état, donner le meilleur d'eux-mêmes, travailler en synergie et réseautage. Les pouvoirs publics, les mécènes et sponsors sont eux aussi des maillons indispensables de cette chaîne. Il nous faut des amphithéâtres, de véritables infrastructures, comme j'en admire ailleurs, lors de mes périples. Les artistes ont besoin de subsides pour matérialiser et diffuser leurs créations. Par conséquent, ce n'est pas un blasphème encore moins un crime de lèse-majesté si les artistes font le plaidoyer de vivre de leur art.

 Un dernier mot ?

L'IIT est la plus grande organisation mondiale pour les arts de la scène. J'exhorte les artistes congolais, individuellement ou collectivement (troupes), à y adhérer par le biais du Centre national que je préside. C'est le meilleur cadre en vue d'atteindre des cimes. Puissent le gouvernement de la République, par le truchement de notre ministère de tutelle, les partenaires privés, les particuliers, soutenir nos multiples actions que sont les festivals, les ateliers d'écriture et de formation, les masters classes, les voyages artistiques !

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