Congo-Brazzaville: Mois de mars - Ces luttes qui ne se gagneront pas au ' nganda '

Le mois de mars, plus qu'une date, est entièrement dédié à la célébration des droits de la femme. Au Congo, l'aspect "célébration" a toujours pris le pas sur le côté "engagement", occultant la nécessité de se battre aujourd'hui encore pour la condition de la femme, jeune ou âgée, célibataire ou mariée, mère au foyer ou professionnellement active.

"Mois de mars, mois de la femme" ou peut-être aussi "Mois de mars, mois du pagne" ou encore "Mois du chiffre". En effet, avant même les prémices du troisième mois de l'année, les grandes enseignes commerciales ont déjà mis en avant des étals exclusifs "8 mars", un intitulé qui ne donne pas longtemps à réfléchir quant à la dénaturation même de l'intention du 8 mars.

A l'image de la Saint-Valentin, de Noël et même de Pâques, il faut désormais faire l'effort de se souvenir de ce qu'on célèbre et pourquoi on le célèbre.

Le 8 mars de cette année et sa traînée de célébrations jusqu'en mi voire fin mars ne nous tiendra pas en étonnement face au déploiement des femmes, citoyennes de la République du Congo. Mutuelle, bière, liputa, " Nganda-Soso " pour le commun des mortelles et au mieux, marche, T-shirts et banderoles pour celles qui gardent une fibre de justice quant aux inégalités hommes-femmes et le cortège de maux qu'il induit.

Certainement, le 8 mars se célèbrera. Mais qu'est-ce qu'il en restera ? Qu'est-ce que la femme elle-même y gagnera ? Un pagne ou un tour au "nganda", ça n'améliore pas sa condition de femme.

En effet, la Congolaise, jeune ou ridée, célibataire ou mariée, mère au foyer ou professionnellement active, sans emploi ou entrepreneure; chacune est livrée à une certaine réalité qui n'a pour dénominateur commun que sa condition de femme.

Une racine avant tout culturelle

Les disparités de genre ont une racine avant tout culturelle. Ça commence à la maison dans la différence de traitement entre le petit garçon et la petite fille. Ça se poursuit à l'ecole et à l'université dans la sous-représentation des jeunes filles dans certaines séries, certaines filières. L'horloge biologique a lui aussi son mot à dire. Si l'on veut bien fonder une famille, il faut bien que de l'homme ou de la femme, l'un des deux s'arrête le temps de la procréation pour prêter son corps à l'être humain qui arrive, s'asseye quelques mois à la maison pour l'accueillir, le voir grandir un peu si possible, réintégrer le milieu professionnel sauf si le deuxième bébé pointe déjà le bout de son nez.

C'est un jonglage constant auquel les femmes sont ainsi majoritairement livrées. Entre vies professionnelle, maritale, familiale, communautaire, il y a plus de place aux devoirs qu'au choix ou même aux droits. À l'image de cette publicité classique et légendaire qui disait "C'est dur dur d'être bébé", on devrait sans doute créer une autre publicité pour les femmes qui dirait "C'est dur dur d'être une femme".

Dans cette publicité, on ne verrait pas que des serviettes hygiéniques invisibles et qui permettent de faire du sport et du fitness sans problème, aller travailler et carburer à 200% comme si les serviettes hygiéniques étaient en vrai des vitamines ou des boosters d'énergie alors que dans les faits, le corps de la femme a besoin de repos et son esprit de tranquillité, sans compter que c'est une période physiquement très douloureuse pour une partie de la population féminine.

Non, ce ne serait pas une publicité sur le port des serviettes hygiéniques mais peut-être d'un code, d'un numéro vert, d'un centre d'appel contre les violences conjugales, les cas de harcèlement, de viol... Ou peut-être que dans la publicité, on ditait aussi au syndicat, que les violences financières sont bel et bien réelles puisqu'elles sont un étau de manipulation et ont des conséquences réelles sur la vie de leurs victimes. Sans argent, pas d'épanouissement et sans épanouissement, pas de vie.

Nous espérons ainsi en ce mois de mars ne pas avoir ce sentiment amer de déjà-vu mais percevoir les prémices d'un changement profond car, en ce qui concerne les femmes, la lutte ne prendra fin qu'au dernier jour.

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