Madagascar: Zily Boana - L'incarnation de la puissance du royaume Sakalava

Il était un guerrier vaillant que l'ethnie sakalava n'a jamais connu. Et, sûrement un malfaiteur pour ceux de l'autre côté du canal de Mozambique... Son nom est un mauvais souvenir pour certains, synonyme du courage et de la victoire pour les autres. Les opinions sur lui varient selon la situation géographique.

Pas de peinture ni de dessin à son effigie. Cependant des proverbes sakalava lui sont dédiés. " Ho lakan'ny Zily Boana, tsara mandeha, soa miverigny ", littéralement, sois comme la barque de Zily Boana, un bon aller et un bon retour.

Entre histoire et mythe, le personnage s' est finalement fait oublier. Seuls les octogénaires et plus s'en souviennent car leurs grand-pères narraient l'exploit de ce héros. " Mes grand-parents me racontaient une fois l'histoire de Zily Boana. J'avoue que c'est passionnant ", se souvient Toly, un vieil homme de 73 ans.

Les versions sont diverses.

Né Zily, le peuple sakalava lui ont attribué un nominal Boana, qui veut dire chef en swahili, une fois revenu au pays sans égratignure, après avoir orchestré une razzia à Mayotte et aux Comores. Il gagne le respect de ses compatriotes ! Certains disent même que la famille royale se prosternait devant lui.

L'oralité atteste aussi que Zily Boana est le chef de l'armée sakalava qui a su conquérir Mayotte et les îlots environnants. Mais, jusqu'ici, l'histoire approuve qu' il a fallu attendre le souverain merina Radama pour que l'armée soit considérée comme un métier. Une autre version affirme que le personnage a hérité de l'art de la navigation de ses ancêtres, il ne se perd jamais. Apparemment, Zily adorait se promener au bord de la plage depuis son jeune âge. Les yeux rivés vers la mer, il se demandait s' il y avait une terre au-delà de l'étendue d´eau bleue. Cette curiosité le force à suivre les pêcheurs de son village.

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Bien entendu, les poissons ne l'intéressaient guère, il veut connaître la limite du " grand lac salé". Le temps passe, Zily Boana grandit. Ayant un corps robuste et une santé de fer, il se fait repérer par un garde de la royauté. " D'après les récits ancestraux, il était plus grand que les autres, sa condition physique impressionne. Il était en quelque sorte le Goliath malgache, si j'ose le dire ainsi. La légende raconte que la taille de sa cuisse était égale aux hanches d'un homme normal ", avance Masy Ndriavelo, un passionné de la légende sakalava. " Il était très fort à la boxe traditionnelle, il assomme ses adversaires en deux coups, tellement il avait une force de frappe incroyable. Cette qualité sidère les nobles de l'époque. La royauté avait besoin d'un homme comme lui pour se protéger ", ajoute Pila un conteur.

De leur côté, les historiens estiment que Zily a vécu au XVIIIe siècle, une période où le royaume Sakalava atteignait sa maturité économique. La région était en plein essor, donc, étendre le territoire était la première préoccupation des monarques quoique la dynastie dominait déjà plus d'un tiers de Madagascar. Dès lors, une conquête s'est imposée. Le royaume était en bons termes avec les Betsimisaraka qui, eux aussi, voulaient conquérir une nouvelle terre de l'autre côté de la mer. Par ailleurs, les surintendants de la partie orientale de la Grande-île collaborent avec ceux de l'Ouest. Des grandes pirogues sont construites, des hommes musclés sont recrutés pour accomplir la grande mission. " L'objectif c'est d'accaparer les territoires, et en faire une zone d'occupation provisoire ", avance l'historien Alex Randriamahefa. Il est fort probable que Zily Boana s'est embarqué dans des embarcations en bois.

Effacer de la mémoire.

Les sources orales se transmettent par le bouche-à-oreille. Souvent les griots et gardiens traditionnels les mémorisent. Actuellement, la relation entre vieux et jeunes est rompue. Les grands arbres de la campagne, " Bonara-be ", où les aïeuls et leurs progénitures s'asseyaient pour dialoguer, sont réduits en charbon. Les zones rurales se vident comme ses connaissances, si auparavant, elles étaient le siège du patrimoine immatériel. La légende de Zily Boana n'est qu'un aperçu parmi tant d'autres enfouies dans la mémoire des anciens.

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