Washington, DC: Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations au titre de l'article IV [1] et achevé la troisième revue de l'accord de facilité élargie de crédit (FEC) avec la République de Madagascar. L'achèvement de la revue permet le décaissement de 24,44 millions de DTS (environ 32,6 millions de dollars US), utilisables pour de l'appui budgétaire, portant le total des décaissements de Madagascar au titre de l'accord à 146,6 millions de DTS (environ 195,5 millions de dollars US).
Depuis la dernière consultation au titre de l'article IV en 2019, les autorités malagasy ont mis en oeuvre plusieurs recommandations de politiques clés, mais des réformes ambitieuses restent entravées par des capacités limitées et une gouvernance faible. Dans un contexte de croissance mondiale plus faible et de prix internationaux élevés, la croissance de Madagascar devrait stagner à 4,2% en 2023 tandis que l'inflation moyenne annuelle accélérerait au-dessus de 10%. Les risques liés à la situation politique intérieure, les faibles taux de vaccination contre le COVID et les évolutions mondiales défavorables assombrissent les perspectives. Du côté positif, la mise en oeuvre de l'ensemble du programme de réformes envisagé dans le Plan Emergence Madagascar pourrait avoir des effets significatifs sur la productivité et la croissance.
À l'issue de la discussion du Conseil d'administration, Mme Antoinette Sayeh, Directrice générale adjointe et Présidente par intérim, a fait la déclaration suivante :
" Dans un environnement mondial défavorable et à la suite d'une série de chocs climatiques, la performance de Madagascar dans le cadre du programme appuyé par le FMI a été mitigée. La mise en oeuvre des réformes structurelles s'accélère mais doit se poursuivre.
L'assainissement budgétaire progressif prévu dans le budget 2023 est approprié. L'identification de mesures de politique fiscale adéquates, telles que la rationalisation des exonérations fiscales, sera essentielle pour créer plus d'espace budgétaire pour les dépenses sociales et l'investissement public. Une révision bien conçue du code minier et une réforme de la fiscalité minière pourraient générer des recettes importantes tout en stimulant la croissance et les exportations. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer la gestion de l'investissement public et améliorer l'efficacité de la dépense.
À l'avenir, la mise en oeuvre intégrale de l'accord conclu avec les distributeurs de pétrole en décembre 2022 et la mise en oeuvre progressive d'un mécanisme automatique de fixation des prix du carburant contribueraient à atténuer les risques budgétaires. Le renforcement des filets de sécurité sociale pour protéger les ménages les plus vulnérables et le renforcement de la résilience aux chocs climatiques sont des étapes importantes. Le rétablissement de la situation financière des entreprises publiques et l'amélioration de leur gouvernance sont essentiels pour réduire le besoin de transferts budgétaires.
Les autorités devraient poursuivre leurs efforts pour renforcer la crédibilité budgétaire et la transparence budgétaire. Les réformes de la gestion des finances publiques récemment adoptées devraient contribuer à une meilleure exécution du budget en 2023. Des mesures visant à renforcer le cadre juridique des marchés publics seraient les bienvenues. Le renforcement de l'autonomie de la Cour des comptes contribuera à améliorer le contrôle externe des finances publiques. La mise en application efficace du cadre de lutte contre la corruption est cruciale pour renforcer la redevabilité et accroître la confiance du public dans les institutions.
La transition réussie vers le ciblage du taux d'intérêt dépend de la capacité de la banque centrale à poursuivre la modernisation de son cadre pour les opérations monétaires, les prévisions macroéconomiques et l'analyse des politiques. La banque centrale devrait se tenir prête à relever à nouveau les taux d'intérêt pour contenir les pressions inflationnistes et limiter ses interventions de change au lissage de la volatilité et à la constitution de réserves de change. L'adoption d'une loi sur la stabilité financière contribuerait à renforcer le rôle de réglementation et de surveillance de la banque centrale et à améliorer davantage la stabilité financière.
Les mesures visant à renforcer la résilience aux chocs climatiques, en s'appuyant sur les recommandations du récent Programme d'évaluation macroéconomique du climat (CMAP), sont importantes. Les efforts visant à renforcer la capacité d'intervention d'urgence, à accroître la productivité agricole, à améliorer les infrastructures et à développer des filets de sécurité sociale contribueraient à lutter contre l'insécurité alimentaire. "
Evaluation par le conseil d'administration [2] :
Les administrateurs souscrivent à l'orientation générale de l'évaluation effectuée par les services du FMI. Ils saluent les progrès de Madagascar dans la mise en oeuvre des réformes, tout en notant les performances mitigées du programme appuyé par le FMI dans un environnement difficile. Bien que les perspectives restent favorables, la croissance a ralenti et les risques sont orientés à la baisse. Les administrateurs encouragent la poursuite de l'engagement en faveur de politiques qui favorisent une croissance durable et inclusive et renforcent la résilience aux chocs, notamment au changement climatique. Ils soulignent l'importance des activités de développement des capacités du FMI pour soutenir la mise en oeuvre des réformes.
Les administrateurs conviennent qu'une trajectoire d'assainissement budgétaire plus progressive est appropriée pour aider à naviguer dans un environnement mondial et national complexe. Ils soulignent la nécessité de mobiliser les recettes intérieures pour financer des dépenses sociales et d'investissement plus élevées, de préférence en supprimant les exonérations fiscales coûteuses et génératrices de distorsions. Notant l'amélioration de l'exécution des dépenses sociales en 2022, les administrateurs encouragent la poursuite des efforts de modernisation de la gestion des finances publiques et d'amélioration de l'exécution et de la transparence du budget. Ils soulignent l'importance de nouvelles mesures pour améliorer le cadre juridique des marchés publics, notamment en exigeant l'identification des bénéficiaires effectifs ultimes. Les administrateurs se félicitent du règlement des dettes croisées avec les distributeurs de pétrole et appellent à de gros efforts pour rétablir la situation financière des entreprises publiques déficitaires afin de réduire davantage les risques budgétaires.
Les administrateurs insistent sur l'urgence d'améliorer la gouvernance et la redevabilité pour renforcer la confiance dans les institutions. Ils soulignent l'importance d'une mise en application efficace du cadre de lutte contre la corruption, notamment en fournissant des ressources humaines et financières adéquates aux agences de lutte contre la corruption et en améliorant le cadre de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (LBC/FT).
Les administrateurs encouragent la banque centrale à se tenir prête à relever encore les taux d'intérêt pour contenir les pressions inflationnistes si nécessaire. Ils reconnaissent les progrès accomplis dans la réforme du cadre de la politique monétaire pour passer au ciblage du taux d'intérêt. Les administrateurs notent les mesures prises pour renforcer la stabilité financière et soulignent que l'adoption d'une loi sur la stabilité financière contribuerait à renforcer le rôle de réglementation et de surveillance de la banque centrale et à renforcer davantage la stabilité.
Les administrateurs saluent les efforts déployés pour renforcer la résilience aux chocs climatiques, en s'appuyant sur les recommandations du récent Programme d'évaluation macroéconomique du climat (CMAP). Ils conviennent que l'amélioration de la sécurité alimentaire nécessiterait le renforcement de la capacité d'intervention d'urgence, l'augmentation de la productivité agricole, l'amélioration des infrastructures et le développement de filets de sécurité sociale.
Il est prévu que la prochaine consultation au titre de l'article IV avec la République de Madagascar se déroule conformément à la décision du conseil d'administration sur les cycles de consultation pour les membres ayant conclu un accord avec le FMI.
[1] Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d'administration.
[2] À l'issue des délibérations, la directrice générale, en qualité de présidente du conseil d'administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays. Une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés des délibérations du conseil d'administration est disponible à l'adresse suivante : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm
Tableau 1. Principaux indicateurs économiques, 2019-24
2019
2020
2021
2022
2023
2024
Est.
Proj.
(Variation en pourcentage; sauf indication contraire)
Produit intérieur brut et prix
PIB à prix constants
4.4
-7.1
5.2
4.2
4.2
4.8
Déflateur du PIB
6.5
4.3
6.6
7.4
9.5
8.3
Indice des prix à la consommation (fin de période)
4.0
4.6
6.2
11.2
9.3
8.6
Monnaie et crédit
Masse monétaire (M3)
7.3
12.1
12.2
34.5
16.5
16.8
(Croissance en pourcentage de la masse monétaire (M3) de début de période)
Avoirs extérieurs nets
-2.6
2.1
1.0
-0.9
3.5
4.1
Avoirs intérieurs nets
9.9
10.0
11.2
35.4
13.0
12.7
dont : Crédit au secteur privé
10.3
5.6
11.1
25.3
7.3
9.6
(En pourcentage du PIB)
Finances publiques
Recettes budgétaires (hors dons)
10.8
9.9
10.5
11.1
11.9
12.7
dont : Recettes fiscales
10.6
9.5
10.2
10.8
11.7
12.4
Dons
3.1
2.5
0.7
2.5
2.7
2.6
dont : Dons budget
0.7
0.9
0.0
0.0
0.0
0.1
Dépenses totales
15.4
16.4
14.0
20.3
17.6
18.6
Dépenses courantes
9.5
9.6
8.7
12.3
8.9
9.9
Dépenses en capital
5.8
6.8
5.3
8.0
8.7
8.7
Solde global (base engagement)
-1.4
-4.0
-2.8
-6.8
-3.0
-3.3
Solde primaire intérieur1
0.3
-1.9
-0.1
-2.7
1.3
0.6
Financement total
1.3
3.5
3.2
5.0
4.6
3.3
Financement extérieur (net)
1.3
1.8
2.3
2.6
2.2
2.5
Financement intérieur
0.0
1.7
0.8
2.4
2.4
0.9
Déficit de financement
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
0.0
Epargne et investissement
Formation brute de capital fixe
21.2
19.5
23.2
23.4
25.3
24.6
Epargne nationale intérieure
20.4
12.3
10.1
17.8
19.6
19.5
Secteur extérieur
Exportations de biens, FAB
18.5
15.0
18.6
23.2
24.4
24.4
Importations de biens, CAF
26.9
24.3
28.7
34.0
35.0
32.0
Solde du compte courant (hors dons)
-5.4
-7.9
-5.7
-8.0
-8.4
-7.7
Solde du compte courant (dons inclus)
-2.3
-5.4
-5.0
-5.6
-5.7
-5.1
Dette publique
41.0
51.2
52.3
57.1
53.1
51.9
Dette publique Extérieure
27.0
36.8
38.5
42.5
41.1
40.8
Dette publique Intérieure
13.9
14.4
13.8
14.7
11.9
11.2
(Unités comme indiqué)
Réserves officielles brutes (en millions de DTS)
1196
1338
1630
1601
1523
1627
En mois d'importations de biens et services
4.2
6.0
5.8
4.3
3.7
3.9
PIB par habitant (dollars américains)
532
477
517
526
536
560
Sources: autorités malagasy et estimations et prévisions des services du FMI.
1 Solde primaire sauf les investissements avec financement extérieur et dons. Base engagement.