Congo-Brazzaville: Elie Mbeki - ' Les bouillons La Fleur sont proposés en trois saveurs '

interview

La jeune entrepreneure, encore étudiante en agronomie, propose des paquets de 100g de ses produits d'assaisonnement naturels en alternative aux cubes bouillons habituels. Barbecue, crevette et "pondu" sont les saveurs disponibles sur le marché depuis deux ans, dit-elle dans cet entretien exclusif avec "Le Courrier de Kinshasa".

Votre nom est attaché à la marque La Fleur, peut-on savoir ce qu'il en est exactement ?

La Fleur est une unité de transformation d'épices locales en bouillons culinaires. 100 % congolais, notre bouillon 100 % naturel est un mélange d'épices, d'herbes aromatiques et de certains fruits conçus pour assaisonner la nourriture.

 Vous concevez et produisez des bouillons culinaires, comment en êtes-vous arrivée là ?

Je conçois des bouillons, oui. Comment j'en suis arrivée ? C'est une longue histoire... Un peu plus jeune, j'avais pour habitude de scruter les listes d'ingrédients de toutes sortes de produits, bouteilles de lotion, emballages de sucreries, etc. Je les lisais pour apprendre leurs composés, les rôles des différents ingrédients... Un jour, ma mère ramène un paquet de bouillons cubes et procédant à ma lecture habituelle, je me rends compte que contrairement aux autres produits, je ne comprenais pas ce qui était écrit. Il n'y avait que des termes scientifiques que je ne connaissais pas. Pour chaque nom compliqué, je consultais Google pour en connaître la signification et son rôle dans le produit. Agissant de la sorte, j'ai découvert autre chose aussi. Pas mal d'articles parlaient de ces bouillons cubes d'assaisonnement et mettaient en garde les habitués car ils étaient dangereux pour la santé à forte consommation. Premièrement, à cause de leur forte teneur en sel, ils exposaient à des risques de tension artérielle. L'autre composé dangereux est le glutamate qui, à forte consommation, peut favoriser le diabète et même certains cancers. C'est dire que consommer tous les jours les bouillons cubes pendant plusieurs années conduit, à un certain âge, à développer une de ces maladies chroniques : le diabète ou le cancer, mais le plus souvent c'est la tension artérielle. Ayant fait cette découverte, il était impérieux de sensibiliser à cette information que je ne tenais pas à garder pour moi. Mais le mal avec la sensibilisation, c'est que lorsqu'on ne propose rien en contrepartie, les gens écoutent, acquiescent même mais retournent à leurs mauvaises habitudes. Dès lors, la meilleure façon de sensibiliser c'était de créer cette marque qui allait être l'alternative saine à ces bouillons cubes-là.

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Qu'en est-il du parcours réalisé de la découverte de la dangerosité des bouillons cubes à la mise sur pied de La Fleur ?

Après avoir réalisé combien les bouillons cubes étaient dangereux, adulte, je me suis tournée vers des études d'agriculture. Je suis étudiante en sciences agronomiques, je fais des études de chimie et industrie agricole. Actuellement, je suis en première année d'ingénierie, l'avant-dernière année avant d'obtenir le diplôme. Après mon inscription à l'université, j'ai commencé petit à petit à vouloir proposer cette marque. L'idée que j'avais depuis mon enfance a mûri en grandissant et est devenue effective. Dès ma première année, j'avais mon idée d'entreprise mais je ne me lançais pas car ce n'est pas évident de proposer un nouveau produit sur le marché. Je ne savais ni comment faire ni vers qui me tourner pour savoir comment y parvenir. Je devais avoir 19 ans à l'époque, j'ai commencé à faire des formations dans la gestion, la création d'entreprise car j'avais déjà les compétences sur la production de mon produit suite aux connaissances acquises à la faculté et aux autres formations complémentaires. Les formations en entrepreneuriat et en gestion d'entreprise m'ont donné le courage de poser mes premières actions. J'ai aussi participé à des concours, puis produit mes premiers prototypes que j'ai testés dans mon entourage, ils ont eu un franc succès. C'est à partir de cette expérience, lorsque mon produit a été accepté, que tout est parti.

Qu'est-ce que les bouillons La Fleur proposent aux consommateurs ?

Les bouillons La Fleur sont proposés en trois saveurs. En premier, le bouillon barbecue pour les viandes, spécialement les grillades. La saveur barbecue est composée d'épices et d'un fruit, le citron. La deuxième saveur, c'est la crevette pour les sauces, omelettes, etc., c'est vraiment une saveur universelle. Et, contrairement aux bouillons habituellement vendus sur le marché, dans le nôtre il y a vraiment de la crevette qu'on assaisonne avec des épices et des herbes aromatiques afin d'en accentuer le goût. La troisième saveur, c'est le "pondu". Quoique destiné au pondu, plusieurs personnes les mettent aussi dans d'autres légumes. Pour le moment, ce sont les trois saveurs que nous fournissons mais nous comptons bientôt nous diversifier plus et en ajouter d'autres.

 Etudiante en agronomie, produisez-vous personnellement vos épices ?

Certes, je suis en agronomie, mais je ne produis pas encore les épices que je transforme. Nous travaillons plutôt avec des producteurs d'épices et les mamans maraîchères de sorte à limiter les pertes car elles se plaignent de ne pas pouvoir écouler leur production, ce qui a un impact sur les coûts. Ainsi, nous récupérons les épices à la récolte et les transformons dans nos locaux. C'est important de travailler avec ces maraîchères parce que cela permet d'aider à limiter le gaspillage de tonnes de produits qui finiraient par être jetés. Puisque nous avons de bons fournisseurs, produire des épices par nous-mêmes n'est pas nécessaire.

 Quelle est la fréquence de production des bouillons La Fleur et les trouve-t-on facilement sur le marché ?

Cela fait deux ans que nous sommes lancés, donc le produit est en train de s'implanter. Nous produisons 500 paquets par semaine. Les bouillons La Fleur sont disponibles à des points de vente d'épices où nous les distribuons, sans compter des personnes individuelles qui achètent. Il peut se trouver dans certains supermarchés comme le Supermarché Mabele Coop mais aussi dans certaines boutiques comme Zando mobile à la Place commerciale de Ma Campagne. Nous travaillons aussi avec des restaurants à qui nous livrons régulièrement nos bouillons.

 Comment ça se passe sur le marché, les clients en redemandent-ils par eux-mêmes ou faut-il encore courir après pour en créer ?

Un peu les deux. Une fois qu'ils ont goûté, les clients en redemandent étonnés de voir qu'avec des épices naturelles la nourriture peut être assaisonnée et avoir très bon goût. Les gens ont fini par s'imaginer que sans le cube, la nourriture manque de saveur de sorte qu'ils sont assez surpris du résultat obtenu avec La Fleur. Certains essaient par curiosité et d'autres se montrent encore réticents jusqu'au jour où ils tentent l'expérience parce que nous nous les avons approchés. Mais en gros, c'est assez positif. Les gens se laissent convaincre facilement surtout que le paquet ne coûte pas cher. Généralement, les retours sont positifs car ils sont vendus en paquets de 100g. La quantité est intéressante comparée aux bouillons cubes de 4g ou les tablettes de 9g vendus d'ordinaire.

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