Au Sénégal, le secteur de la pêche qui est l'un des moteurs de l'économie est de plus en plus confronté à un effondrement des stocks. En effet, la majeure partie des stocks de poissons est surexploitée avec notamment la présence des bateaux étrangers en mer et certaines pratiques néfastes dont se livrent certains pêcheurs. Ce qui ne fait qu'aggraver cette situation alarmante que traverse le secteur.
Le secteur de la pêche est d'un grand apport à l'économie nationale, car contribuant à hauteur de 2% au Pib et générant plus de 600 mille emplois. Cependant la pêche est dans des eaux troubles et la ressource halieutique se fait de plus en plus rare au Sénégal. Cette situation est due aux mauvaises pratiques de pêche notamment la surpêche et la pêche non déclarée et non réglementée (Inn) avec la présence massive des bateaux étrangers dans les eaux sénégalaises.
" La situation va de mal en pis du fait qu'aujourd'hui, nous avons un effondrement des stocks et des ressources qui sont pleinement exploitées. Cette situation critique en appelle aujourd'hui à une restructuration des aménagements des pêcheries. En plus du non-respect des réglementations, aucun avis scientifique n'est donné dans l'analyse des possibilités de donner les licences de pêches. Des Asiatiques et des nationaux font venir des bateaux dans des conditions très douteuses et les font pêcher au Sénégal. La pélagique est ciblée.
La ressource est renouvelable et pas inépuisable ", se désole Mamadou Diop Thioune, porte-parole de la coalition des acteurs pour la transparence dans la gestion des ressources halieutiques des pays membres de la commission sous régionale des pêches en Afrique de l'Ouest. Il préconise des concertations pour qu'il y ait de la transparence dans la gestion des ressources pélagiques en Afrique de l'Ouest. Et cela dépendra, selon lui, du statut qu'on va donner à la commission sous régionale des pêches qui doit devenir une structure de gestion des ressources et non de coopération.
Selon M Thioune, la pêche illégale non déclarée et non réglementée n'est pas seulement le fait d'avoir des bateaux étrangers sur les eaux sénégalaises, mais c'est le fait d'avoir accepté de livrer des licences là où il ne le faut pas et aucune révélation ne soit faite au préalable et aucun avis scientifique ne soit partagé. " Concernant les mauvaises pratiques, je pense que les responsabilités sont partagées. Le code de la pêche interdit l'utilisation du mono filament. Mais il manque des éléments qui renforcent la posture de cette interdiction ", souligne-t-il.
Pour lutter contre ces mauvaises pratiques, Mamadou Diop Thioune demande à l'Etat de s'engager à restructurer le programme d'aménagement des pêcheries et appliquer les textes réglementaires pour que la pêche d'aujourd'hui soit une pêche de demain. " Il faudrait mettre sur la table la liste des navires autorisés et respecter les clauses de la convention des Nations unies sur les droits de la mer. Nous devons peser beaucoup plus du côté de la préservation de nos ressources que de faire un effort de pêche très excessif. Ce qui pourrait détruire nos ressources ", suggère-t-il.