La main tendue du chef de l'Etat, Macky Sall, au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) est diversement appréciée au sein du mouvement. Si certains chefs rebelles et leurs factions restent indifférentes à l'appel, se démarquent et demandent des actes concrets, d'autres notamment celles de Diakaye approuvent et saisissent cette perche tendue par le président de la République. Un appel qui sonne comme une consolidation des acquis dans le processus de paix en Casamance qui suscite des réactions favorables.
Cet appel du chef de l'Etat, Macky Sall, lancé depuis Goudomp, résonne comme une consolidation des deux accords déjà paraphés. C'est pour conforter les acquis déjà réalisés dans le processus de paix. Et, à la suite d'épreuves de force imposées aux autres factions rebelles, une situation établie très favorable à l'Etat, cela sonne également comme une ouverture ou une piqure de rappel en direction des autres factions radicales, pour un message du genre "rien n'est perdu ; on peut se retrouver encore...".
DES CHEFS REBELLES, COMME SALIF SADIO, DECLINENT LA MAIN TENDUE
Si le rapport de force imposé sur le terrain a peut-être permis de geler "Sant' Egidio", c'est certainement un appel du pied pour relancer le dialogue sous d'autres formes. Malgré la parenthèse des opérations de sécurisations engagées, le dialogue reste toujours d'actualité, par sa ligne directrice. Des chefs rebelles, comme Salif Sadio, obligés de se planquer après "la foudre" des opérations de sécurisation, déclinent cette main tendue du Chef de l'Etat, le président Macky Sall, qui réitère sa volonté de pacifier complétement la partie sud du pays qui tangue depuis entre paix et violence.
L'IRAPA DU MFDC APPROUVE ET INTERPELLE L'ETAT
Par contre, certaines factions rebelles, comme celles de Diakaye, expriment toute leur adhésion à cette perche tendue par le chef de l'Etat. L'Initiative pour la Réunification des Ailes Politiques et Armées (IRAPA) du MFDC approuve cette sortie du Chef de l'Etat. Toutefois, son porte-parole, Seyni Badji, estime qu'il faut plus de cohésion entre la déclaration et l'acte. "Cet appel chef de l'Etat marque sa constance sur sa volonté de trouver une solution définitive au conflit casamançais. Nous, au niveau de Diakaye, nous sommes en phase avec cet appel du président de la République. Aucun de ses prédécesseurs n'a voulu discuter avec le MFDC. Le MFDC doit pouvoir profiter de cette main tendue et privilégier le dialogue par les populations qui sont fatiguées", martèle la voix de l'IRAPA.
Et comme si cela ne suffisait pas, M. Badji lance un appel aux autres factions du MFDC, avant d'interpeller l'Etat en ces termes : "L'Etat doit aussi se faire violence et ne pas répondre au comportement du MFDC par la violence... Il y a des gens qui affichent leur bonne volonté à cheminer vers la paix. Cette guerre n'a que trop durer. Il faut régler le problème par la négociation...", lance Seyni Badji.
REACTIONS D'APPROBATION, EN DEHORS DU MFDC
Une main tendue du chef de l'Etat qui suscite des réactions en dehors du mouvement. La classe politique, à l'image du ministre des Transports aériens et des Infrastructures aéroportuaires, Doudou Ka, responsable politique de l'APR, apprécie à sa juste valeur cet appel du président de la République. "L'appel solennel du président à toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté qui peuplent notre belle région de Casamance est une ouverture à un avenir de paix. Car la voie des armes du feu et du sang a montré ses limites, en ce sens qu'elle sape les fondements de la paix sociale et du développement. Aujourd'hui, seul le chemin du dialogue pour une paix durable renforce la démocratie et l'économie de la région", indique le responsable politique
M. Ka poursuit : "Le président de la République, qui est le gardien de la Constitution et surtout le garant de la souveraineté nationale, a montré son ouverture au dialogue dans un Sénégal un, uni et indivisible", a-t-il laissé entendre. Avant de lancer cet appel : "C'est pourquoi, à l'instar du Chef de l'État, j'en appelle à tous mes parents de la Casamance d'écouter l'appel du président Macky Sall à construire durablement la paix. Le développement durable de notre région ne peut se construire qu'avec une paix durable. Les entreprises reviendront, cette belle et prodigieuse terre du Sud retrouvera son dynamisme économique et son plein emploi".
Mieux, pour lui, "Toutes les franges de la société doivent conjuguer leurs efforts, pour une paix définitive en Casamance. Nous devons tous accompagner le Chef de l'Etat dans cette oeuvre de recherche de la paix. Les engagements pris par le président de la République, pour la réinsertion des combattants, vont booster la dynamique de paix déjà engagée. J'ose espérer que nos frères du MFDC vont saisir cette perche tendue. La Casamance ne peut que s'en réjouir...", déclare le ministre.
ESPOIR QUE CA NE SOIT PAS "UN APPEL DE PLUS AU MFDC"
"Aller à la table des négociations" ; c'est le plaidoyer fait, de façon récurrente, par les femmes de la Casamance, regroupées autour de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance. Et sa coordonnatrice, Mme Ndèye Marie Thiam, réitère son engagement, avec ses soeurs, à oeuvrer pour une paix définitive en Casamance.
Cet appel du Chef de l'Etat fait suite à d'autres, déjà lancés. Il y a quelques années, le président Macky Sall avait déclaré qu'il ne ménagera aucun effort pour la paix en Casamance, disant que "même s'il faut aller jusqu'à la planète Mars pour retrouver cette paix, je le ferais".
Les organisations de la société civile ne cessent d'ailleurs de réclamer des négociations, pour transcender définitivement cet obstacle qui a beaucoup freiné l'élan de développement de la région sud. Cette perche tendue au Mouvement irrédentiste installe une lueur d'espoir chez les populations qui espèrent que cette sortie du Chef de l'Etat ne sera pas "un appel de plus au MFDC" dont les dissensions et divisions internes plombent toute oeuvre de réunification.