Continuer à protéger la population, surtout avec l'hiver qui va bientôt se profiler. Ce sont là les explications fournies par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, pour étendre la période de la quarantaine jusqu'à août. De son côté, le virologue Shameem Jaumdally ne voit pas la pertinence d'étendre la quarantaine alors que les non vaccinés continuent à débourser pour effectuer des tests antigéniques.
Le budget de fin de mois des fonctionnaires, qui ont refusé de se faire vacciner, continue à subir des décaissements pour l'achat de tests antigéniques contre le Covid-19. A l'instar de Radha (*), qui est enceinte mais qui ne regrette pas sa décision. "Je le regrette encore moins quand je vois que même ceux qui ont été vaccinés contractent le virus et que certains d'entre eux en sont même morts. Il est vrai qu'en fin de mois, l'achat des tests antigéniques alourdit le budget mais c'est un mal pour un bien.". Toutefois, cette dernière ajoute que depuis le début de cette année, l'institution pour laquelle elle travaille ne lui a pas demandé d'apporter les résultats de ses tests. "C'est tant mieux mais ce n'est pas le cas des employeurs de tous les non-vaccinés".
De son côté, Sheila (*) continue à débourser Rs 500 hebdomadairement sur les tests antigéniques. "Ils coûtent un peu moins cher qu'un test PCR. Mais je ne comprends pas pourquoi on doit payer pour un test alors que le pays est ouvert à tout le monde. Puisque les restrictions ont été enlevées, pourquoi on nous impose cette mesure ?". Elle ajoute que sa direction ne lui demande pas le résultat de ses tests mais que par mesure de précaution, elle préfère le faire. "On ne sait jamais avec les règlements imposés à quoi s'attendre.".
Quoi qu'il en soit, pour le virologue Shameem Jaumdally, il n'y a aucune nécessité de prolonger cette période de quarantaine. "Je vous donne une raison scientifique et clinique. Les infections au Covid-19 peuvent être en hausse deux ou trois fois l'an, dépendant des sous-variants qui émergent. Considérez le nombre de cas positifs, qui sont dépistés en général à Maurice. Et en prenant en considération une forte baisse dans le taux d'hospitalisation et de mortalité liées au Covid-19, il est clair que nous avons atteint une phase d'endémicité. Et que les problèmes auxquels nous avons été confrontés en 2021 ne sont plus d'actualité.".
Continuer à effectuer les tests PCR ou les tests antigéniques hebdomadaires n'a aucune raison d'être, selon le virologue. "Faire ces tests pour avoir accès à des lieux publics en sachant que quelque 95 % de la population a été vaccinée ou a déjà contracté le Covid-19 durant les deux dernières années, est futile. Ces personnes ont déjà une certaine protection contre le virus.". Ce dernier soutient que les scientifiques connaissent déjà la sévérité des sous-variants qui sont en circulation et qu'ils sont moins virulents que les variants d'origine comme le Delta ou encore l'Alpha. Il cite le cas de l'Australie, qui comme Maurice, a eu sa vague de contamination à l'ouverture de ses frontières. Il précise que dans ce pays, toutes les restrictions de la Quarantine Act ont été levées depuis le 28 février. "Ils n'ont pas prolongé la quarantaine sous cette loi comme ici.".
Il reconnaît que la vaccination a certes été un outil important, surtout pour les personnes qui sont considérées à risque. "Toutefois, le vaccin n'est pas vraiment un outil qui peut diminuer le taux de transmission. Les personnes qui ont reçu la Booster dose n'ont pas enregistré une certaine atténuation dans la sévérité de leurs symptômes après avoir été infectées.
En prenant cela en considération, ce n'est pas une nécessité de prolonger la période de quarantaine.". Il admet que certaines personnes sont toujours réticentes à se faire immuniser contre certaines maladies. "Nous voyons qu'il y a une certaine frayeur chez certaines personnes, qui ont un manque de confiance envers certaines autorités.".
"Ce n'est pas une nécessité de prolonger la période de quarantaine."
Toutefois, le ministre de la Santé campe sur la décision du conseil des ministres. Selon lui, l'année dernière, lors de l'hiver européen, il y a eu une augmentation de cas. "On a une population importante de personnes de 60 ans à monter et tout le monde n'a pas fait sa deuxième dose de vaccin. Il y a des gens qui ont fait leur deuxième dose depuis quelque temps déjà. Il vaut mieux prendre cette mesure de précaution car si on fait face à une recrudescence de cas positifs lors de l'hiver qui vient et en sachant qu'on a beaucoup de personnes obèses, dialysés et diabétiques, c'est préférable de jouer la carte de la prudence.". En tout cas, la période de quarantaine est prolongée jusqu'au 31 août.
(*) Noms d'emprunts