Niger: Les enfants des rues sont des victimes innocentes dans les pays les plus pauvres

Niamey — "A mon retour de Dosso, j'ai dû m'occuper d'un problème très délicat : l'un des garçons qui vivait avec nous depuis sept ans, et qui a créé un atelier de couture avec sa femme, s'est trouvé soudainement confronté à sa mère et à un oncle qui revendiquaient, respectivement, son autorité familiale légitime. L'oncle en question l'avait abandonné pour partir en Côte d'Ivoire et sa mère pour se prostituer". Ainsi commence l'histoire de Gilles, qui a créé il y a 15 ans le "Foyer totonn Gilles", la Maison de l'oncle Gilles, à Niamey, où il accueille une vingtaine d'enfants des rues avec leurs familles (voir Fides 22/2/2022).

Gilles s'était rendu à la mission de Dosso pour rencontrer le père Rafael Casamayor, un prêtre de la Société des missions africaines, qui l'avait aidé, il y a quelques années, à sortir d'une situation précaire.

" Gilles est venu passer quelques jours avec nous à Dosso parce qu'un couple marié de notre communauté chrétienne a l'intention d'accueillir des enfants des rues ", a expliqué le Père Rafael à l'Agence Fides. "Je l'ai invité car personne mieux que lui ne pouvait les conseiller sur un projet dans lequel il est impliqué depuis 20 ans. Nous avons passé quelques jours inoubliables au cours desquels, en plus de nous parler du travail qu'il fait avec ces enfants dans la ville, il nous a raconté son expérience d'enfant des rues à Maradi et à Niamey."

Reprenant son récit, Gilles parle de Mohamed, le garçon qui était musulman avant sa rencontre et qui est aujourd'hui catholique. "Mohamed a cherché pendant des années ses parents, ou quelqu'un de sa famille, en vain. Avec nous à Niamey, il a appris au fil du temps le métier de tailleur et a épousé une chrétienne. Il y a peu de temps, sa mère et son oncle sont réapparus pour revendiquer l'autorité familiale. A mon retour de Dosso, j'ai été appelé par la police car l'oncle de Mohamed avait engagé une bande de bandits pour tuer la mère du garçon. Heureusement, la femme n'a été que grièvement blessée et, à l'hôpital, elle a pu rapporter les faits."

Il existe de nombreux épisodes similaires, de contextes de violence et de menaces à l'égard d'enfants vivant seuls dans les rues de Niamey : "A la même époque, écrit encore Gilles, j'ai rencontré Ismaël, un autre enfant des rues, fuyant les mauvais traitements de sa belle-mère, qui rentrait de temps en temps à la maison à la recherche de nourriture. Ismael s'est retrouvé à l'hôpital, avec un autre enfant des rues qui avait partagé avec lui un plat que sa belle-mère lui avait préparé pour l'empoisonner. Il a fallu deux semaines pour découvrir ce qui s'était réellement passé jusqu'à ce que la police arrête enfin la belle-mère qui, il y a quelques jours, a été condamnée à 12 ans de prison pour double tentative de meurtre. Ismaël va aller vivre chez son oncle à Agadez où il pourra apprendre un métier", conclut Gilles.

Le Père Rafael, avec le témoignage de Gilles, a voulu apporter de l'espoir à sa communauté de Dosso. "Nous avons beaucoup appris de ses histoires et j'espère qu'un jour prochain nous pourrons lancer un projet similaire à Dosso car il y a beaucoup d'enfants qui courent dans notre ville pour demander l'aumône et qui se réfugient dans des coins reculés en essayant de se rendre invisible en rêvassant", a déclaré le missionnaire.

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