Les chiffres sont alarmants pour la Grande Ile.
" Toute la vie sauvage de notre île s'éteint à une vitesse fulgurante ", déplore la branche de WWF à Madagascar dans un communiqué. Avec une faune et une flore endémique à 80%, qui compte entre autres une centaine d'espèces de lémuriens et quelques 300 espèces de reptiles, la biodiversité de la Grande Ile est l'une des plus riche au monde. Une richesse mal protégée et victime de convoitises : sur l'ensemble des saisies de trafic d'espèces sauvage effectuées dans le monde entre 2005 et 2020, 64% proviennent de Madagascar, dont 30 000 tortues.
" Ce sont des espèces rares et quand c'est rare, c'est beaucoup plus recherché. Donc il y a une demande pour ces espèces malheureusement. Et puis, du côté de Madagascar, il y a des défaillances dans la gestion, la protection, le contrôle des espèces et dans l'application de la loi puisque la plupart de ces espèces sont protégées par la loi si on parle des bois précieux et des tortues par exemple. (...) En général, le commerce illicite est associé à la corruption. "
L'une des espèces les plus touchées, la terrestre radiée, aussi connue sous le nom de tortue étoilée, est endémique du sud-ouest de l'île. Classée en danger critique d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature, elle est exportée de manière clandestine, vers l'Asie principalement. Elle est aussi victime de commerces illicites sur le territoire malgache.
" Beaucoup de gens, même à Antananarivo, élèvent des tortues comme des animaux domestiques. Il y a diverses croyances qui disent qu'elles pourraient protéger de l'asthme et il y a aussi une croyance concernant la protection contre les effets de produits que les cambrioleurs utiliseraient pour endormir les gens. Donc il y a certaines croyances malheureusement qui font que sur le marché national, il y a quand même un grand problème. Cela, sans compter la consommation locale. "
Un consortium d'organisations qui regroupe Transparency International, Traffic, l'Alliance Voahary Gasy et le Fonds mondial pour la nature a été créé pour aider à réduire le trafic d'espèces sauvages en luttant contre la corruption et en améliorant la gouvernance des ressources naturelles. " On essaie de travailler avec tous les acteurs concernés, que ce soit la société civile ou les acteurs étatiques ", précise Nanie Ratsifandrihamanana.
Parmi les nombreux chantiers pour lutter contre ces trafics, la mise en place de modules de formations au niveau de l'École nationale de la magistrature et des Greffes pour parvenir à une meilleure application des lois et des sanctions face aux infractions et crimes environnementaux, dont la gravité est encore trop peu considérée.