Le quintet féminin mené par la chanteuse Ruth Samoya a fait preuve de talent, associant la danse à une rythmique empruntée aux sonorités congolaises typiques à certaines cultures provinciales à l'occasion de son concert livré la soirée du 3 mars au Centre Wallonie-Bruxelles.
Le tour de chant de Ruth Samoya, applaudi par un public sensible à ses scats à la Al Jarreau alliant les imitations d'instruments à d'autres divers sons, a enchanté plus d'un. Toute gaie, souriante et complice avec les instrumentistes Léa à la basse, Linda Tombo à la batterie, Flore au clavier et Hortense sax au saxophone, la jeune chanteuse a souvent mis en effervescence la salle du Centre Wallonie-Bruxelles.
La prestation du quintet n'a pas laissé indifférent Paul le Perc qui a affirmé l'avoir fort appréciée. " J'ai beaucoup aimé le concert ", a-t-il déclaré au Courrier de Kinshasa. Le percussionniste était fier d'autant plus que, a-t-il confié : " Ce sont des artistes que nous avons encadrés. Ce groupe existe grâce au projet lancé l'an dernier par Jazz connexion. Je suis très content de les voir continuer à grandir. Je suis très impressionné déjà et je leur demande de beaucoup travailler pour arriver à un niveau qui leur permette d'affronter les grandes scènes ".
L'autre motif de joie de Paul le Perc, c'est d'avoir constaté que les musiciennes de Mama Jazz Tsabi " s'approprient le jazz ". En effet, prônant lui-même la pratique d'un jazz plus proche de la culture congolaise, qui soit le reflet de l'identité nationale, il a affirmé avoir senti cette propension dans la prestation du quintet. Il l'a reconnu de la sorte : " J'ai écouté les morceaux, il y avait quelques reprises, pas beaucoup, sans savoir quelles sont leurs compositions personnelles mais elles suivent effectivement l'exemple des autres groupes qui ont déjà fait du chemin sur cette voie, notamment le mien, J'Afrozz ". Et de souligner encore : " Nous avons nos rythmes, nos musiques, nous pouvons faire le jazz en partant de nos musiques, je sens qu'elles s'inscrivent dans cette lignée. Néanmoins, elles doivent encore travailler pour arriver à un niveau qui leur permette de se produire sur plusieurs scènes ".
Coaching de Toussaint Kimbembi
Quant au répertoire, en dehors de certaines reprises à l'instar de "Malaïka" interprété en solo par Hortense sax, Ruth a précisé : " Nous avons joué nos propres compositions sous le coaching du Pr Toussaint Kimbembi ". Le bassiste du groupe Tension 5 est, a-t-elle dit, " le compositeur de toutes les musiques ". Et de conclure : " Quand j'écris les paroles, lui fait la musique, c'est le cas notamment du titre Africa ".
De Ruth Samoya, nous avons appris que le nom du quintet n'est pas sans signification. En effet, Mama Jazz Tsabi, tsabi ou clé en kikongo, se rapporte au fait qu'elles font figure de pionnières. À savoir que, nous a-t-elle confié : " nous sommes les premières femmes à constituer un groupe de jazz exclusivement féminin au Congo ". À ce titre, elles ouvrent une nouvelle voie qui s'écarte des sentiers battus. " Mama Jazz Tsabi est né à la suite du projet de Paul le Perc et Tyson qui ont jugé utile d'avoir un groupe de jazz féminin, un champ musical où très peu s'hasardent. Les musiciennes étant en grande majorité beaucoup plus portées sur la rumba. Il manquait des femmes qui jouent de cette musique ", a indiqué la chanteuse tout sourire.
