Ile Maurice: Mieux comprendre la 'mise à mort'

La bombe à retardement, sous forme de nationalisation des courses, placée sous le MTC depuis la publication du rapport Parry explose !

Admettons que la pandémie du Covid-19 et le huis-clos imposé sur plus d'une saison de courses en 2020 et 2021 ont accéléré le processus de "mise à mort" du MTC/MTCSL, mais il est évident que la politique gouvernementale, agressive en termes de directives de la Gambling Regulatory Authority (GRA) à l'égard des courses, plus particulièrement le MTC, depuis le changement de régime en 2014, n'avait qu'un objectif : réduire le MTC à sa plus simple expression en tant qu'organisateur de courses en lui arrachant, à travers de nouvelles lois, ses "regulatory powers".

De l'autorité hippique du pays à simple organisateur/exécuteur, le MTC, à travers la MTCSL, est aujourd'hui incapable d'organiser les courses, faute de moyens financiers. Si le gouvernement a fait ce qu'il voulait faire du MTC, qui historiquement n'a jamais été proche du parti soleil, le Club, lui, ne peut fuir devant ses responsabilités. Au-delà de sa posture de victime de la politique bien calculée pour le ruiner financièrement jusqu'aux os, il a lui aussi sa part de responsabilité dans tous les malheurs qui le frappent. A la politique de "mise à mort" s'ajoute, en effet, une gestion archaïque, inadaptable aux exigences du monde moderne, sans compter les divisions claniques qui l'ont en partie détruit.

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"The Commission has concluded that the Mauritius Turf Club requires fundamental change in its organisation, management and administration. It recommends that a 'separation of powers', including a system of checks and balances, within racing is necessary. The Mauritius Turf Club, should divest itself of its regulatory and governance roles, so that it can concentrate on the organisation and management of race planning and the operation of racedays but withdraws from its current responsibilities of regulating and governance." Extrait du "statement" de SAJ à l'Assemblée nationale avant qu'il ne rende public le rapport Parry sur les courses hippiques à Maurice en 2015. À partir de là, les avertis étaient unanimes : les jours du Mauritius Turf Club étaient comptés en tant qu'autorité hippique du pays. La démonstration vient d'être faite à la dernière conférence de l'Asian Racing Federation à Melbourne le mois dernier où la GRA, représentée par la Horse Racing Division, a été reconnue pour la première fois comme l'autorité hippique de Maurice et le MTC relégué au simple rang d'"affiliate member".

Voilà où le rapport Parry a conduit le MTC alors que les principales recommandations des Britanniques n'étaient que du "rechauffé" comparées aux différents rapports précédents publiés par des fils du sol. Que nous a appris le rapport Parry que nous ne savions pas déjà ? Des courses suspectes ? Une organisation fragmentée de l'intérieur ? Les faiblesses de notre système de "betting" ? Les paris à crédit ? L'absence d'un Tote géré par l'organisateur? Fallait-il pourtant débourser des millions de roupies, puisées des fonds des contribuables, pour que Parry vienne nous brosser un tableau, dont on connaissait déjà la couleur?

Mais à cette époque, au Mauritius Turf Club, il fallait se servir de la politique pour se venger des adversaires. L'homme à abattre se nommait Gilbert Merven, qui avait le soutien de Gavin Glover, l'actuel président. Ce dernier, faut-il le rappeler, lançait, à la veille des élections des commissaires de 2011, l'année de sa présidence, un appel à l'unité car il redoutait, avec raison, les effets qu'aurait ce qu'il qualifiait de "bataille rangée" sur le MTC où les divisions claniques ont contribué à la destruction de toute une institution jadis respectée et respectable.

La suite de cette "bataille rangée" allait quitter l'enceinte du MTC et se jouer sur le terrain politique lorsque le Premier ministre d'alors, le Dr Navin Ramgoolam, sollicité par les anti-Merven, traînait le MTC et les courses dans la boue pour justifier, par la suite, l'institution de la commission Parry presque à la veille des élections générales de 2014 alors qu'il concrétisait en même temps une alliance avec le MMM. Qui disait alors que le "MTC is a den of sins ?" C'est peut-être à ce triste épisode que faisait référence Jeenarain Soobagrah, lui-même ancien président, lorsqu'il disait récemment à l'express-dimanche que des erreurs ont été commises et que "la politique et le sport n'ont jamais fait bon ménage, encore moins à Maurice".

Prendre le contrôle des courses, qui génèrent des milliards de roupies, à travers quelques-unes des recommandations du rapport Parry, le MSM ne pouvait mieux rêver. Il fallait donc commencer par amender la GRA Act et au bout de sept ans, la destruction est totale. Le MTC n'est réduit, selon la loi, qu'à un simple "racing organiser". Et à chaque fois que le gouvernement est pointé du doigt par rapport à ce qui reste encore du MTC, il brandit le fameux rapport Parry et choisit des extraits qui lui conviennent. À qui la faute?

Condamné à mort, le MTC devait commettre un autre faux-pas monumental l'année dernière en donnant malencontreusement un coup d'accélérateur à sa "mise à mort". Au lieu de prendre sa licence "under protest" et contester en Cour ce qu'il considérait être "inacceptables" comme conditions, et démarrer la saison alors que le People's Turf du tandem Ubheeram-Lee Shim n'existait pas encore, le Club refuse de se souscrire aux dispositions de la GRA Act. Résultat des courses : enter People's Turf. Dès lors, il n'y avait qu'une certitude sur le champ de courses : le MTC/MTCSL ne survivrait pas. En tout cas, pas dans le court terme.

Le club historique est à terre. La politique et la guerre de clans en son sein ont eu raison de lui. Mais le MTC n'est pas mort encore. Tout le monde souhaite qu'il se relève et enlève ses oeillères. Au-delà des manoeuvres politiciennes qui l'ont rendu impuissant face à son triste sort, il y a aussi des leçons à tirer de cet écroulement. Mais déjà certaines voix au Club se font entendre, mais font peur. Pour ces voix, seul "un changement de gouvernement" permettra au MTC de retrouver sa place sur la carte hippique. Ces gens-là n'ont rien compris. Ils croient encore naïvement que la politique va sauver le MTC! Le Club n'a pas besoin d'une "helping hand" du gouvernement, quel qu'il soit, mais d'un vrai partenariat.

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