L'attitude non professionnelle de l'ADSU décriée en cour
Il était accusé à tort de cultiver illégalement du cannabis. Mais en raison des versions incohérentes, des lacunes et de l'attitude non professionnelle des policiers de la brigade anti-drogue (ADSU), décriées par la cour de district de Rodrigues, le champion et médaillé de kite surf Luis Drany Clair a été acquitté le 28 février devant cette instance judiciaire.
En effet, selon le policier Flore de l'ADSU, il s'est rendu à Songes se basant sur des informations reçues en compagnie de deux de ses collègues dans le but de surveiller la maison de l'accusé le 14 novembre 2019. Selon ses dires, à un moment donné, il a vu de loin une personne, tenant une bouteille d'eau, sur le toit d'une des quatre maisons. "L'accusé était entré dans un réservoir d'eau du toit d'une maison et au bout de deux minutes, il a quitté les lieux sur sa moto", a relaté le témoin en cour.
Et d'ajouter qu'il est allé par la suite sur le toit et devait constater que quatre plantes de cannabis se trouvaient dans le réservoir d'eau. Mais contreinterrogé par l'avocat de ladéfense, MeErickson Mooneapillay, l'enquêteur n'a pas été en mesure de préciser la quantité de cannabis présente dans le réservoir.
Le policier Guillaume n'a pas été capable, quant à lui, d'indiquer en cour la distance qui se trouvait entre ses collègues et lui et l'accusé au moment où il se trouvait sur le toit. "Non, on n'a pas fait un exercice de'measurement'", devait-il répondre à Me Mooneapillay.
Luis Drany Clair, qui a plaidé non-coupable, explique qu'il louait la maison dans laquelle il habite et qu'il est allé faire une partie de pêche ce jour-là.
Après avoir écouté les versions des membres de l'ADSU, le magistrat Caunhye a noté que leurs dépositions étaient remplies d'approximations et d'incohérences. D'autant plus que le policier Larose concède avoir fait une erreur dans la numérotation lorsqu'il devait expliquer la raison pour laquelle le nombre de 13 questions était mentionné dans le document alors qu'il dit avoir posé 15 questions à l'accusé.
"D'après le témoignage du policier Guillaume, il est clair qu'il ne pouvait se souvenir que de ce qui était mentionné dans son 'statement'. Il avait beaucoup de mal à se souvenir du lieu et était évasif lorsque Me Mooneapillay l'interrogeait sur la distance qui le séparait de l'accusé, alors qu'il aurait vu ce dernier arroser les plantes. En fait, il a donné l'impression qu'il n'était pas au courant de ce qui s'était réellement passé et n'a donné des réponses que pour se vanter de son cas", a souligné le magistrat qui observe également que le policier n'a pas pu identifier la maison.
Et d'ajouter que ce membre de la force policière s'est montré 'unreliable' et a donné l'impression qu'il inventait les réponses lorsqu'il a été interrogé. Un autre exemple de son attitude non professionnelle a été décriée en cour quand le magistrat l'a interrogé sur la bouteille que l'accusé utilisait pour arroser ses plantes. "Il a répondu que l'accusé l'avait emportée avec lui et pressé de questions en cour, le policier de l'ADSU a commencé à rire", fustige le magistrat.
En ce qui concerne les photographies produites, le tribunal n'est pas convaincu que les plantes de cannabis ont été retrouvées dans le réservoir d'eau et que l'accusé ne louait que la maison. Le magistrat a tiré à boulets rouges sur les enquêteurs qui n'ont pas interrogé le propriétaire pour tenter de comprendre ce que l'accusé louait réellement. Pour toutes ces raisons, le magistrat estime qu'il est évident que l'endroit où le cannabis a été trouvé n'avait rien à voir avec l'accusé Luis Drany Clair. D'autant plus que seulement deux plantes ont été envoyées au Forensic Scientific Laboratory. Les policiers n'ont pu fournir des explications sur ces lacunes.