Il faisait beau, mercredi, quand les pêcheurs ont pris la mer vers 6 heures et ils étaient déjà de retour vers 11 heures. Joseph St Mart,président de l'association des pêcheurs et de plaisanciers du Sud-est, se dit satisfait malgré une baisse notée dans les prises. "Bien que la quantité de poissons ait diminué, je trouve que la pêche a été bonne pour ce premier jour avec 1 500 livres de poisson", indique le porte-parole de la Lion coopérative de pêche de Mahébourg.
Nathassa Naiken, femme pêcheur et banian, était ravie du beau temps et des quatre heures de pêche en mer. "La pêche à la senne ramène des poissons comme mulet, cordonnier, carangue, gueule pavée et capitaine. La quantité est en baisse certes mais nous avons pu en pêcher suffisamment. Après la pollution causée le Wakashio, il faut bien remonter la pente." Pour mieux soutenir le secteur, elle estime que les fonctionnaires doivent être davantage sur le terrain pour voir les problèmes des pêcheurs et améliorer leur situation. "Avec la diminution des poissons, il faudrait contrôler sévèrement la pêche afin de préserver les poissons pour ceux qui vivent de ce métier."
Le jeune Yumesh Seebulluck se souvient de jours meilleurs. "La prise n'a pas été aussi bonne à cause de la saison cyclonique. Aujourd'hui, nous n'avons même pas pris 100 livres de poissons, et nous avons de lourds frais d'essence et de matériel. Il est difficile de joindre les deux bouts." Ce passionné de pêche lance un appel au ministère pour soutenir les jeunes et ainsi assurer la relève. "J'attends toujours ma carte de pêcheur à la senne. J'ai eu la carte pour d'autres types de pêche. Il faudrait plus de considération pour encourager les jeunes qui souhaitent se lancer."
Formation de la relève
Par rapport aux difficultés des pêcheurs, le syndicat demande à exploiter la Zone économique exclusive pour développer davantage le secteur. D'ailleurs, Sybille Bauluck, une Mauricienne établie en France et présente pour acheter du poisson frais, constate que le secteur a beaucoup de potentiel et pourrait envisager l'exportation, mais qu'il faudrait préserver l'environnement et aider les pêcheurs. "C'est un métier assez difficile et risqué. On peut les aider un peu plus."
Le syndicat des pêcheurs abonde dans ce sens. "Nous souhaitons que le gouvernement comprenne qu'il faut protéger l'industrie locale et stopper l'importation. Les pêcheurs se lancent dans la pêche semi-industrielle. Ils veulent innover et se professionnaliser davantage mais nous nous retrouvons en compétition avec les importateurs. Il y a suffisamment de poissons sur les bancs pour répondre à la demande locale. Il faut donner la chance aux pêcheurs des coopératives. Seule une poignée de nos pêcheurs arrivent à s'en sortir", indique le président Judex Rampaul. Avec le chômage et le manque de main-d'oeuvre, il réitère la nécessité que les pêcheurs d'expérience forment les nouveaux dans des centres mis à leur disposition. Le syndicat veut rencontrer le ministère pour discuter des mesures budgétaires 2022-23 ainsi que de la situation des pêcheurs et du secteur pour mieux l'exploiter. Si aucune rencontre n'a lieu, le syndicat fera bientôt une manifestation pacifique devant le ministère, annonce Judex Rampaul.