Tunisie: Des sélections meilleures qu'un championnat qui dégringole - Un football à deux vitesses !

Par talents et par exploits individuels, nos sélections nationales et nos clubs arrivent à se trouver une place sur l'échiquier africain. Parallèlement, notre championnat dégringole d'une saison à l'autre en termes de qualité de jeu, d'infrastructure qui peine à rester conforme aux standards internationaux, sans compter les clubs devenus clients réguliers du TAS.

La qualification de la sélection nationale U20 aux demi-finales de la CAN d'Egypte, doublée d'une qualification à la Coupe du monde en Indonésie en dépit de deux premiers matches décevants du tournoi continental, est venue nous rappeler que, malgré toutes les difficultés qu'il rencontre, le footballeur tunisien est capable de se surpasser et de se faire une petite place au soleil sur la scène internationale. Pourtant, quand on regarde de près ce qui se passe dans notre football, toute performance à l'échelle internationale, y compris la moindre victoire d'une sélection ou d'un club, relève de l'exploit. Une infrastructure délabrée, presque laissée à l'abandon et qui peine à rester conforme aux standards internationaux. En témoignent les dernières opérations de lifting apportées au Stade de Radès, notamment l'installation des chaises dans le virage, sans compter les stades qui ne sont plus homologués par la CAF. Le stade Mustapha Ben Jannet fait partie des enceintes sportives tunisiennes qui ne répondent plus aux critères d'homologation de la CAF, ce qui obligera demain l'Union Sportive Monastirienne à recevoir le TP Mazembe loin de ses bases à l'Olympique de Radès.

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Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, le Stade de Monastir répondait aux normes internationales, outre le fait qu'il était l'un des sites de la CAN 2004 organisée par notre pays. Aujourd'hui, il n'y a que le stade de Radès qui est homologué par la CAF.

Des clubs qui agonisent financièrement

Il n'y a pas que l'infrastructure qui handicape notre football. La situation financière des clubs de la Ligue 1, dite professionnelle, laisse à désirer. Exception faite de l'Espérance de Tunis qui peut compter sur la générosité de son président Hamdi Meddeb pour éponger ses dettes, tous les autres clubs de la Ligue 1 agonisent financièrement. Une situation des plus difficiles sur le plan financier qui a fait en sorte que certains d'entre eux, y compris les grosses cylindrées du championnat, sont devenus des clients réguliers du TAS (Tribunal arbitral du sport). Et pour cause : nos clubs n'arrivent plus à suivre les tendances du marché international. Du coup, ils recrutent des joueurs et des entraîneurs bien au-dessus de leurs budgets. Conséquence : dans la majeure partie des cas, ils n'arrivent pas à honorer leurs engagements financiers et se trouvent interdits de recrutements, car un ancien entraîneur ou un ex-joueur a porté plainte devant le TAS.

Bref, avec une infrastructure délabrée et une perte considérable des moyens financiers, sans compter la mauvaise réputation de mauvais payeurs, les clubs tunisiens ne sont plus attractifs et le championnat tunisien n'est plus un tremplin pour les talents africains. C'est qu'entretemps, les clubs européens ont fait installer leurs académies en Afrique. Chez nous, on peine à faire fonctionner correctement les nôtres.

Des exploits par-ci ... par-à...

Paradoxalement à un championnat national qui agonise et qui perd de sa valeur d'une saison à l'autre, nos clubs et nos sélections nationales parviennent encore à se faire une petite place sur l'échiquier international. En témoigne la qualification de notre team national U20 aux demi-finales de la CAN d'Egypte, doublée d'une qualification à la prochaine Coupe du monde. Il y a, certes, le talent des jeunes joueurs locaux, mais Adel Sellimi a pu compter sur des jeunes venus d'ailleurs, à l'instar du joueur de milieu Samy Chouchene (Brighton) et Jibril Othman (AS Saint-Etienne).

Avant lui, durant la Coupe du monde disputée au Qatar à la fin de l'année précédente, Jalel Kadri a compté essentiellement sur les binationaux et les joueurs évoluant dans des championnats étrangers.

Quand on sait que l'équipe nationale A a disputé le dernier Mondial avec une ossature qui n'a pas tenu compte des joueurs locaux, on comprend l'ampleur de la défaillance de notre championnat national. Mais compter sur les binationaux et ceux qui évoluent dans d'autres championnats n'a pas suffi pour passer le cap du premier tour. Eh oui, les exploits individuels ont bien leurs limites !

Cela dit, nous nous trouvons aujourd'hui avec un football à deux vitesses. Des joueurs qui jouent à l'étranger et qui font ainsi leur progression naturelle loin de la gabegie de notre football, ce qui fait du bien à nos sélections. Nos clubs, eux, ont perdu, certes, du terrain à l'échelle continentale, mais arrivent quand même à persévérer. Au niveau des clubs, on ne peut pas tout de même passer outre les actuelles jolies performances de l'USM. Pourvu que ça dure !

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