La caravane médicale qui sillonne Antananarivo et ses environs a fait halte sur le parking du Coliseum Antsonjombe, hier. En visite sur les lieux, le chef de l'État alerte sur la prolifération de la consommation des drogues dures.
Une urgence. C'est ainsi que Andry Rajoelina, président de la République, qualifie la lutte contre la prolifération des drogues dures. Il parle même de "phénomène de drogue dure", qui sévit à Madagascar.
La prolifération du trafic et de la consommation de drogues dures dans la Grande île est une situation contre laquelle les autorités s'emploient à lutter depuis plusieurs mois. Les mots du locataire d'Iavoloha, hier, font même écho à ceux du Général Serge Gellé, secrétaire d'État à la Gendarmerie nationale, le 13 juin. Rapportant une série d'arrestations de présumés trafiquants de drogue, le membre du gouvernement a déjà utilisé le qualificatif de "phénomène".
L'existence de drogues dures qui circulent sur le territoire a, notamment, été mise en lumière par l'affaire des rapts d'adolescentes et de jeunes femmes qui ont créé une psychose populaire, notamment à Antananarivo, au milieu de l'année dernière. Il s'agit de la première fois que le président de la République aborde le sujet de vive voix et d'autant plus, en public. Il a parlé de "l'urgence de stopper", le phénomène de la circulation et de la consommation de ces stupéfiants qui causent de forte dépendance, au Coliseum, à Antsojombe, hier.
La caravane médicale lancée à Antananarivo et ses environs depuis le 27 février, dans le cadre de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, a fait halte sur le parking du Coliseum, à Antsonjombe, hier. Le couple présidentiel s'y est rendu pour voir de visu le déroulement de l'opération. L'association Fitia, présidée par Mialy Rajoelina, Première dame, fait partie des initiateurs du projet, en collaboration avec le ministère de la Santé publique.
Fait de société
L'Office national de lutte anti-tabac (OFNALAT), tient un stand dans la caravane médicale. Jusqu'ici, cette entité a vocation de conduire les actions de lutte contre le tabagisme. C'est devant ce stand que Andry Rajoelina a tiré la sonnette d'alarme contre le phénomène des drogues dures. "Préparez-vous puisque vos attributions seront élargies", prévient ainsi le locataire d'Iavoloha, s'adressant aux responsables de l'OFNALAT.
Le président de la République évoque en effet la mise en place d'une stratégie particulière pour la lutte contre la prolifération et la consommation des drogues dures. Deux facettes qui impliquent différents acteurs de prime abord. Il sera question de lutter contre les réseaux de trafiquants, ce qui est du ressort des forces de l'ordre. Mais aussi de mobiliser contre la consommation et de désintoxiquer ceux qui sont déjà dans l'enfer de la dépendance.
Le chef de l'État, mais aussi le professeur Zely Randriamanantany, ministre de la Santé publique, déplorent les ravages causés par les drogues dures chez les jeunes, en particulier. "Plusieurs familles ont des problèmes, il y a des morts à cause de la consommation de ces drogues dures", regrette le Président. Dans sa brève prise de parole devant le stand de l'OFNALAT, Andry Rajoelina cite les villes de Nosy-Be, Antsiranana et Antananarivo comme celles qui sont les plus touchées par le phénomène.
À entendre Andry Rajoelina, par ailleurs, les drogues dures qui commencent à inonder la Grande île viendraient notamment de ses voisines dans l'océan Indien. Effectivement, au même titre que certaines de ses voisines, Madagascar est considérée comme une plaque tournante du trafic de drogues dures. La semaine dernière, le 1er mars, par exemple, un présumé baron de la drogue et ses présumés complices ont été appréhendés à l'aéroport d'Ivato.
Quelques jours auparavant, le 20 février, une vedette bi-moteurs retrouvée sans passager au large de Nosibe-Maintialaka, dans le district de Vohémar, aurait été utilisée par des trafiquants de drogues dures d'origine mauricienne. Il y a quelques années, le pays n'aurait été qu'une étape pour l'envoi des cargaisons de drogue ailleurs. Seulement, actuellement, ces stupéfiants qui causent de fortes dépendances seraient de plus en plus prisés sur le marché local du trafic de drogue.
Des crimes effrayants ces derniers temps sont perpétrés par des consommateurs de ces drogues. La situation devient visiblement un fait de société. Ce qui explique pourquoi le président de la République, himself, donne l'alerte sur le sujet.