Thierry Rajaona, président du Groupement des Entreprises de Madagascar, GEM, affiche son scepticisme sur l'évolution macro-économique sur le court terme.
Un constat plutôt inquiétant. " La part du secteur privé dans l'investissement brut serait passée de 14% à 8% du Produit intérieur brut, PIB, en cinq ans ". Le président du Groupement des Entreprises de Madagascar, GEM, Thierry Rajaona, évoque une baisse continue en la matière. " La réalité saute aux yeux. Le secteur privé investit de moins en moins dans l'économie nationale ces cinq dernières années ", déplore-t-il, à l'issue de la première Assemblée générale de ce groupement cette année. Pour inverser cette tendance à la baisse, préjudiciable à la création d'emplois, et pour que les investissements repartent à la hausse, Thierry Rajaona suggère " la nécessité d'instauration d'un cadre et des conditions qui permettent au secteur privé d'investir ". La refonte du Code des investissements en cours va dans ce sens.
Une appréhension non partagée par les versions et prévisions officielles. L'État, a contrario, " insiste qu'avec l'intensification des efforts pour la mise en oeuvre du Plan émergence Madagascar, PEM, les investissements devraient connaître une croissance significative à partir de cette année. Cette hausse des investissements concerne à la fois le secteur public et le secteur privé ".
Des statistiques plutôt optimistes soutiennent ces projections d'une vraie reprise des activités économiques. " Dans le document de performance annexé au projet de loi des Finances 2023, l'État estime que le taux d'investissement global devrait être de 25,3% du PIB. Les investissements publics augmenteraient jusqu'à 12,2% du PIB et ceux du secteur privé atteindraient à 13,1% du PIB, portés notamment par les investissements directs étrangers. Ce document prévoit qu'à moyen terme, les investissements devraient augmenter à un rythme soutenu pour atteindre 30,2% du PIB en 2025, dont 13% du PIB pour le secteur public et 17,1% du PIB pour le secteur privé ".
Perplexité
Thierry Rajaona ne dissimule pas sa perplexité face à la situation qui prévaut et se pose même des questions sur la réelle volonté politique des dirigeants sur le cap à atteindre. Il a pris l'exemple du secteur de l'énergie. " Nous savons que les problèmes liés au déficit de la production de l'électricité à Madagascar nuisent aux activités des entreprises du pays. Alors que le secteur privé persiste à investir dans les barrages hydroélectriques ". Il s'insurge alors " pourquoi, le projet Sahofika en place depuis plus de six ans et ayant fait l'objet d'une signature sur un Accord de principe, en 2021, reste à finaliser en termes de contrat, deux ans après ?".
Pour Thierry Rajaona, " le secteur privé est disposé à faire le nécessaire, mais il faudrait que les autorités apportent aussi leurs contributions de manière tangible, en toute franchise ". Sur les projets Sahofika et Volobe ; Solo Andriamanampisoa, ministre de l'Énergie et des hydrocarbures, a souligné " qu'il existe des points à affiner dans les négociations. Nous n'allons pas léguer aux générations futures des contrats qui vont les léser ". Enfin, Thierry Rajaona craint que " cette année électorale ne soit pas si propice aux investisseurs. Ceux-ci préfèrent une accalmie sur le front politique pour s'engager ". En tout, il n'est pas convaincu que le taux de croissance de 4,9% prévu par la loi de finances initiale soit réaliste. Le GEM sollicite ses membres à jouer la carte de la transparence dans le soutien qu'ils apportent aux candidats à la présidentielle. Attendre et voir.