Afrique de l'Est: Somalie - La FAO appelle à une hausse de l'aide humanitaire d'urgence

Une mère et ses 10 enfants se sont installés dans un camp de réfugiés au Kenya en mars 2022 après que la sécheresse ait ravagé ses cultures et son bétail en Somalie.
6 Mars 2023

Si l'aide humanitaire a permis jusqu'à présent d'éviter des situations plus graves et de conjurer la famine dans certaines parties de la Somalie, des millions de Somaliens vivant en milieu rural continuent d'être confrontés à des défis sans précédent pour leur sécurité alimentaire, a alerté lundi l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Pour inverser la tendance alarmante, la FAO réclame une aide humanitaire soutenue et à grande échelle mais prône aussi pour des actions transformatrices afin d'améliorer durablement la sécurité alimentaire et hydrique, et améliorer leur adaptation au changement climatique.

" L'aide de la FAO en matière de moyens d'existence sauve des vies et ouvre la voie à un redressement plus rapide pour beaucoup ", a déclaré Rein Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO. " Toutefois, la crise prolongée qui en est à sa troisième année a épuisé les stratégies d'adaptation des plus vulnérables, les familles étant confrontées à la misère, aux déplacements, à la malnutrition infantile et même à des pertes en vies humaines ".

Des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë de type crise ou pire

En effet, la Somalie a été ces derniers mois, au bord de la famine en raison de la sécheresse sans précédent déclenchée par cinq mauvaises saisons des pluies consécutives et une sixième prévue, exacerbée par les prix élevés des aliments et de l'eau, les conflits et le faible accès à l'eau, à l'assainissement et aux services de santé.

La dernière analyse Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) révèle que, grâce à une augmentation importante de l'aide humanitaire multisectorielle et à des précipitations légèrement plus favorables que prévu, la famine n'est plus prévue dans certaines parties de la Somalie, mais la situation reste critique et un " risque de famine " persiste dans certaines régions.

Le rapport montre qu'entre janvier et mars 2023, près de 5 millions de personnes en Somalie connaîtront des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë (phase 3), voire pire, dont 96.000 personnes souffrant de faim catastrophique (phase 5). Selon la FAO, la faim aiguë devrait s'aggraver, puisque 6,5 millions de personnes, soit plus d'un tiers de la population totale, devraient être confrontées à des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë de type " crise " ou pire (phase 3 de l'IPC ou plus) entre avril et juin de cette année.

Une aide durable pour sauver des vies et assurer des moyens de subsistance

Dans ce lot, figurent 223.000 personnes qui seront probablement confrontées à une faim catastrophique (phase 5 de l'IPC). En outre, les populations agropastorales du district de Burhakaba et les personnes déplacées à Baidoa et à Mogadiscio sont confrontées à un " risque de famine " entre avril et juin 2023 si les pluies de la saison " Gu " 2023 sont insuffisantes et que l'aide humanitaire n'atteint pas les personnes qui en ont le plus besoin.

Face aux priorités concurrentes au niveau mondial et à la fréquence croissante des chocs climatiques, la communauté humanitaire et de développement doit trouver des moyens de faire plus avec moins de ressources. Une intervention immédiate et soutenue à grande échelle est nécessaire pour sauver les vies et les moyens d'existence de millions de Somaliens qui risquent toujours de sombrer dans la famine.

La FAO a reçu 183 millions de dollars, soit 68% des fonds requis dans le cadre de son Plan d'intensification de la prévention de la famine en Somalie (mai 2022 - juin 2023). Avec ces fonds, l'Organisation a atteint plus d'un million de personnes, soit 47% des 2,4 millions ciblés.

Le statu quo n'est plus une option

Mais l'agence onusienne indique avoir besoin de toute urgence de fonds supplémentaires pour intensifier l'accès immédiat à la nourriture et aux besoins de base dans les zones rurales, difficiles à atteindre et inaccessibles. Il s'agit aussi de préserver les moyens d'existence et soutenir la production alimentaire là où cela est encore possible.

Par ailleurs, la FAO entend réorienter les investissements vers des solutions intégrées à plus long terme pour une sécurité hydrique et alimentaire durable.

" Les investissements dans les systèmes d'alerte précoce, les financements flexibles pour les actions d'anticipation et les approches coordonnées pour le renforcement de la résilience sont primordiaux pour briser le cycle de vulnérabilité chronique et aiguë d'année en année, en particulier parmi les communautés rurales ", a ajouté M. Paulsen.

Alors que les effets de la sécheresse dans la Corne de l'Afrique continuent de se faire sentir, une approche multisectorielle à grande échelle pour sauver des vies et sauvegarder les moyens d'existence restera essentielle en 2023.

Pour la FAO, la situation actuelle démontre le besoin urgent d'augmenter massivement les investissements et les politiques de réduction des risques de catastrophe et de renforcement de la résilience, en soulignant le rôle crucial de l'agriculture dans la réalisation d'un avenir durable pour les populations d'Afrique orientale.

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