" Le décollage devait se faire au plus tard à 16h20. Vers 15h40, j'ai mis la pression sur le ministre du Budget et tout le monde pour que la délégation soit à l'aéroport au plus tard à 16h00, pour décoller à l'heure précise. Ainsi 10 mn après le décollage, le pilote est venu vers moi par l'intermédiaire de son adjoint le lieutenant Ettré, pour me dire qu'il n'était pas possible que l'appareil atterrisse à Abidjan, mais à Yamoussoukro. Il a donc demandé au capitaine, son aide de camp, de prendre des dispositions pour que des voitures viennent nous chercher à Yamoussoukro. 10 mn plus tard, le co-pilote et le capitaine sont revenus vers moi pour dire que l'atterrissage ne peut même pas se faire à Yamoussoukro. J'ai demandé s'il y avait un problème.
Pourtant, en regardant par les hublots, j'ai constaté que le soleil brillait. Il n'y avait pas de vent. Pour moi, les conditions défavorables n'étaient plus à l'ordre du jour. Je leur ai demandé de voir s'il y a une ville dans les environs où il y a un aérodrome. Ils sont allés vers le capitaine pour lui rendre compte. A ce moment précis, je note que nous sommes en difficulté. Et à partir de ce moment, je reste concentré sur le pilote que je regarde. 10 mn après, l'hélicoptère a commencé à vibrer.
Le reste c'est la main de Dieu. Je ne sais pas comment, mais l'hélicoptère a fini par se poser. La vérité, c'est un crash où il n'y a pas eu de mort. Nous avons traversé et coupé tous les fils électriques. Dieu était au contrôle. Au regard de la cartographie de l'espace, le pilote avait trois options : atterrir dans la petite forêt à proximité, sur la maison ou sur le talus situé dans la cour d'un ancien député. Le pilote a opté pour le talus.
Cette option nous a sauvés. La main de Dieu a triomphé. Aucun de nous ne se souvient des 30 dernières secondes. On était plutôt dans la prière de voir comment cela allait se faire. On ne pensait pas à la vie. Le secrétaire général et le capitaine sont montés sur des motos pour sortir du village. L'état dans lequel nous étions, même si nous devions dormir dans une case, nous l'aurions fait. D'un avion privé, nous voilà à bord d'une voiture pick-up à 05, mais c'est ça la vie. Dieu nous montre que de là-haut il peut te ramener au plus bas...".