"Kelasi" de Fransix Tenda est l'unique film congolais en compétition à avoir remporté un prix à la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) clôturée le 4 mars.
Plébiscité " Poulain de bronze du film documentaire ", "Kelasi" est troisième sur le podium de la catégorie " Documentaire court métrage ". La réalisation de Fransix Tenda Lomba y est précédée par le " Poulain d'or " "Angle mort" et le " Poulain d'argent " "Katanga nation". Films respectifs du Tunisien Lotfi Achour et de l'Ethiopien Beza Hailu Lemma. Mot lingala qui signifie école en français, "Kelasi" propose une sorte de randonnée historique, socio-politique et culturelle d'une dizaine de minutes à travers le système éducatif de la République démocratique du Congo (RDC). Ce parcours effectué au fil des ans, depuis l'indépendance à aujourd'hui, offre en filigrane un portrait de Mobutu où est mis en lumière le système émaillé par sa volonté politique exprimée par le Mouvement populaire de la révolution, parti état à l'époque du Zaïre. Ce court métrage, mémoriel et culturel livre un regard original sur le passé et le présent tout en laissant " une porte ouverte à l'avenir de l'éducation au Congo ", indique Fransix Tenda.
Son langage cinématographique est bien singulier. Dans "Kelasi", le jeune réalisateur fait un exposé personnel sur l'école au Congo soutenu par des dessins animés et du collage de documents d'archives. Il s'est inspiré notamment d'anciens cahiers et carnets de ses parents des années 1990, comme cela apparaît à l'écran. Il a réalisé ainsi qu'il l'explique " un exercice interactif entre les textes présents sur le document et les dessins, un jeu de lecture et de formes". La lecture du texte trouvé sur le document constitue le point de départ. Il prend pour fil conducteur " un mot ou une phrase trouvée dans le texte " à partir desquels il réalise ses dessins.
Peintre au départ
Soulignons qu'au départ, l'artiste visuel Fransix Tenda est peintre. Formé à l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, il s'est taillé sa voie en s'engageant dans un champ de création personnelle qu'il " situe à la lisière des genres et des formes; un mélange de l'écriture, du dessin, de la peinture, de la sculpture, du son et de la vidéo d'animation ". Un cheminement qui sort du cadre de la formation reçue à l'école d'art classique où, précise-t-il, " il n'existe pas de programme ouvert en mixtes médias ".
Pour revenir au palmarès du 28e Fespaco, il faut noter que trois prix ont également été décernés dans la catégorie " Documentaire long métrage ". Il s'agit de " l'Etalon d'or du film documentaire " remporté par "Omi Nobu/L'homme nouveau" du Capverdien Carlos Yuri Ceuninck, " l'Etalon d'argent " qu'a gagné "Nous, étudiants" du Centrafricain Rafiki Fariala tandis que " l'Etalon de bronze " est revenu au documentaire "Le gardien des mondes" de l'Algérienne Leila Chaibi.
Quant au prestigieux " Etalon d'or Yennenga ", récompense réservée à la meilleure " Fiction long métrage ", il a été décerné à "Ashkal" du Tunisien Youssef Chebbi. L'"Etalon d'argent" est, quant à lui, revenu à "Sira" de la Burkinabè Appoline Traoré et l'"Etalon de bronze" à "Shimoni" de la Kényane Angela Wamai. Soulignons qu'aucune femme n'a jusqu'ici remporté l'" Etalon d'or Yennenga ". Espérons qu'à la prochaine édition du Fespaco, prévue du 22 février au 1er mars 2025, les dames, qui cette fois ont occupé les deux marches suivantes du podium, pourront arriver à gravir la première.