Jusqu'à l'heure, l'idée qui fait son chemin est que le budget pour l'organisation de la présidentielle sera pris en charge par l'État. Le montant qui sera décaissé sera néanmoins réduit par rapport à la proposition de la CENI.
Il fallait s'y attendre. Le budget proposé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour l'organisation des deux tours de l'élection présidentielle devrait être revu à la baisse. C'est dans ce sens que vont les négociations entre cette entité et le gouvernement.
Pour l'heure, la somme qui sera destinée au financement de la course à la magistrature suprême n'est pas encore arrêtée. Les discussions seraient toujours en cours. Les deux parties s'accordent néanmoins que la proposition de budget mise sur la table par la CENI ne sera pas retenue. L'information est confirmée par Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la CENI, contacté hier. Les estimations de départ de la Commission électorale affichent un besoin de 145 milliards d'ariary
pour les deux tours de la présidentielle. Cette révision à la baisse du budget électoral est quelque peu prévisible. Christian Ntsay, Premier ministre, l'a sensiblement laissé entendre lors de son interview diffusée à la télévision nationale ou TVM, le 20 janvier. Le locataire de Mahazoarivo a soutenu que "la CENI ne part pas de rien".
Le chef du gouvernement a notamment rappelé qu'il y a déjà eu des élections depuis 2018, avec des acquisitions de matériels comme les urnes, ou des équipements informatiques. Selon les explications de Soava Andriamarotafika, "le gouvernement a accepté la proposition de la CENI au regard des besoins présentés. Seulement, il y a un réaménagement qui va être fait". Les besoins nécessaires à l'organisation et le bon déroulement des votes seront priorisés. Les autres sujets, tels que les indemnités, seront discutées en cours de route.
Sur les ondes de Radio France internationale (RFI), le 1er mars, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, ministre de la Communication et de la culture, a touché quelques mots sur la question du budget électoral. "(...) si le besoin se fait encore sentir on peut toujours faire quelque chose dans le cadre de la loi de finances rectificative 2023 (LFR 2023)". À l'entendre, les 145 milliards d'ariary proposés par la CENI constituent un package dont une partie a déjà été décaissée par l'État.
Basket fund
"(...) Il y a déjà une partie octroyée par la loi de finances rectificative 2022. Nous avons accordé 25 milliards d'ariary pour la refonte de la liste électorale. Six milliards d'ariary supplémentaires pour renforcer le bon fonctionnement de la CENI et 8 milliards d'ariary de crédit supplémentaire pour l'indemnisation des agents recenseurs [dans le cadre de la refonte de la liste électorale]", a expliqué la ministre de la Communication et de la culture, au micro de RFI.
Du côté de la CENI, il n'y a pas de précision pour l'heure pour savoir si l'enveloppe de 145 milliards d'ariary requise comprend les dépenses déjà faites indiquées par la porte-parole du gouvernement ou non. En tout cas, le fait est que la Commission électorale devra revoir ses prévisions de dépense à la baisse. Un point déjà discuté dans les négociations avec le gouvernement probablement. Jusqu'ici, par ailleurs, l'idée est que les coûts nécessaires à l'organisation des deux tours de la présidentielle seront à la charge de l'État.
"Le gouvernement s'en tient à cette idée de prendre en charge les dépenses électorales jusqu'à l'heure", confirme le rapporteur général de la CENI. Jusqu'ici, en effet, il n'y a pas d'appui financier international en vue. Bien que les déclarations d'intention foisonnent, les partenaires techniques et financiers semblent traîner des pieds pour le passage à l'acte. Il reste néanmoins quelques mois avant le rush des préparatifs du scrutin. Sur les ondes de RFI toujours, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo s'est toutefois voulue rassurante quant au soutien des PTF au processus électoral. "Les Partenaires techniques et financiers sont là, en appui pré-électoral, contrairement à ce qu'affirment certains. Une présence qui va aller vers l'appui du processus électoral lui-même", a assuré la porte-parole du gouvernement. D'après elle, des discussions sont en cours entre la CENI et les PTF pour un "basket fund", pour l'organisation de la présidentielle. La ministre de la Communication et de la culture évoque des discussions sur deux pistes de financement. Il y a notamment le "Peace building fund" des Nations Unies. "Il appartient cependant à la CENI de mener les négociations en toute indépendance avec les PTF", ajoute-t-elle. Le budget électoral a été un des sujets de discussion durant une réunion tripartite à laquelle ont participé le gouvernement, la CENI et les PTF, le 17 février.
Le calendrier de la présidentielle est l'autre sujet relatif à l'élection, discuté durant cette réunion du 17 février. Après l'avis favorable de la Haute cour constitutionnelle (HCC), le Premier ministre aurait indiqué que le décret de convocation des électeurs devrait être pris rapidement en conseil du gouvernement. Les dates du 9 novembre pour le premier tour, et du 20 décembre pour le second tour, attendent toujours une confirmation officielle, cependant.