Avec les descentes de l'ICAC sur les terrains occupés, squattés ou loués par Franklin, des questions commencent à être posées sur les raisons pour lesquelles le trafiquant de drogue a pu avoir à sa disposition tous ces terrains de l'État. Mais le ministre de l'Agro-industrie dit halte aux questions et aux "insinuations".
Les communiqués et déclarations se suivent et se ressemblent dernièrement. Celui d'hier du ministère de Maneesh Gobin, qui a mis sa casquette de l'Agro-industrie pour l'occasion, interpelle encore plus. On ne peut pas lui reprocher de n'avoir pas recherché des avis juridiques avant de le faire puisqu'il est aussi avocat et surtout l'Attorney General, c'est-à-dire celui qui conseille tous les ministres en matière légale.
Cette mise en garde parle d'insinuations dangereuses contenues dans des articles de presse concernant les enquêtes sur le blanchiment d'argent, menées par la commission anticorruption sur Jean Hubert Celerine, plus connu comme Franklin. Le ministère affirme que Franklin "n'est pas et n'a jamais été détenteur d'un bail quelconque sur les terres de l'État tombant sous la tutelle des Services forestiers du ministère de l'Agro-industrie et de la sécurité alimentaire".
On ne sait de quels articles de presse parle le ministre Gobin. En tout cas, du côté de l'express, nous n'avons jamais insinué quoique ce soit à ce sujet. Il est vrai que nous répercutons d'une façon régulière les avancées des enquêtes à ce propos et en particulier le volet de prête-noms à la suite d'informations que nous recueillons de diverses sources, y compris l'ICAC.
Or, Maneesh Gobin a cru bon de rappeler à toute la presse que "la Commission anticorruption n'a pas communiqué officiellement sur le déroulement de son enquête et les insinuations ne sont pas justifiées". S'il faut attendre des communiqués officiels de l'ICAC... Serait-il en train de dire aux journalistes de ne plus faire ce qu'ils font depuis toujours, c'est-à-dire informer des progrès des enquêtes en cours concernant des affaires d'intérêt public ? Ou alors, ce "conseil" est-il destiné à l'ICAC ?
Le communiqué ajoute : "Il serait judicieux de laisser l'enquête suivre son cours, selon les dispositions de la loi. Sans ingérence médiatique ou politique pouvant porter préjudice à l'enquête ou à un éventuel procès en justice." C'est le même argument que Maneesh Gobin avait présenté lorsque le rapport de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath avait été fuité vers la presse. Bref, l'Attorney General/ministre de l'Agro-industrie conseille fortement à la presse de ne plus écrire sur des enquêtes jusqu'à ce qu'une cour de justice se prononce.
Ce n'est qu'à la fin que le texte traite le sujet principal qui concerne le ministère de l'Agro-industrie, en rappelant "que toute occupation et activité illégale, contraires aux conditions attachées à un terrain loué à bail, seront sanctionnées". Ici, le ministre semble assurer que s'il y a eu "squatting" ou mauvais usage de terrains de l'État par Franklin, celui-ci en pâtira. Pourquoi maintenant ? Et lorsqu'il déclare que "le ministère de l'Agro-industrie et de la sécurité alimentaire reste à la disposition de l'ICAC et autres institutions pour l'avancement de l'enquête", on se demande s'il pense à un fonctionnaire ou autre personne qui se serait rendu complice de ces baux mal utilisés ou squattés par Franklin.
Quand on sait que Maneesh Gobin s'aventure très rarement à publier des communiqués, on se demande quelle est la vraie raison derrière celui d'hier. Nous y reviendrons...