Congo-Brazzaville: Amélioration de l'accès à l'électricité - La population de Bumbu crée un cadre d'échange permanent

Le Mouvement des jeunes en action pour le développement (Mojac), encadré par la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi de l'action publique (Corap), vient d'aider la population de la commune de Bumbu à mettre en place un cadre d'échange permanent en vue de mener des actions visant l'amélioration de l'accès à l'électricité dans cette entité.

La structure de onze membres avalisés par la population est parmi les résultantes d'une rencontre citoyenne organisée le 7 mars à l'espace Impérial, dans la commune de Bumbu. La population de Bumbu et de Kasa-Vubu, la société civile et les représentants des autorités de ces deux communes ont pris part à la rencontre qui a permis de sensibiliser les habitants de ces municipalités à leurs droits, principalement celui d'accéder à l'électricité. Des droits garantis par la Constitution et les lois congolaises. Cela a été également l'occasion d'identifier les problèmes liés à cet accès au courant électrique et de chercher des pistes de solution à cette carence constatée. La population de Bumbu et de Kasa-Vubu a clairement manifesté ses inquiétudes et poser des questions sur la situation énergétique de ses entités respectives.

Identification des problèmes et pistes de solution

Dans la méthodologie, Mojac a permis à la population de s'exprimer, de parler de son vécu quotidien. Chaque intervenant a partagé son expérience quant à la situation d'accès à l'énergie. Les problèmes relevés sont notamment la carence avérée dans la fourniture du courant électrique causée par des coupures intempestives du courant électrique ou carrément le manque dû aux pannes des transformateurs ou du réseau; la facturation fantaisiste ainsi que la reprise des factures déjà apurées, etc. Les participants au forum ont été d'avis que ce manque du courant électrique non seulement rend difficile la vie dans les ménages mais crée également l'insécurité la nuit, en favorisant l'action des voleurs et autres bandes de malfrats communément appelées "kuluna".

%

Ceux qui maîtrisent bien cette situation et l'évolution des différents quartiers ont également relevé l'inadéquation entre l'augmentation de la charge en électricité et l'amélioration ou l'agrandissement des installations de la Société nationale d'électricité (Snél). " La charge augmente, avec l'agrandissement des quartiers et l'augmentation des ménages et de la population mais, les installations de la Snél restent inchangées et incapables de supporter cette élévation des charges ", ont souligné les différents intervenants.

Une responsabilité partagée

Deux représentants de l'Etat, l'assistant du bourgmestre de la commune de Kasa-Vubu, Jean-Pierre Mukuna Kabamba, et le chef de service Energie de la commune de Bumbu, Jean-Claude Mukengeshayi, ont reconnu la situation peu prestigieuse de l'accès à l'électricité de la population de ces deux municipalités voisines. Mais, ils ont également indiqué que les responsabilités sont partagées entre l'Etat et la population. Ils ont clairement relevé la part de responsabilité de l'Etat, à travers la Snél, ainsi que celle de la population qui se comporte très mal, en accédant aux installations de la Snel alors qu'elle n'en a pas le droit, et fait des raccordements qui ont des conséquences désastreuses sur le réseau électrique.

Amener l'Etat à améliorer la situation d'accès à l'électricité

Intervenant pour le compte de la Corap, Iris Kashindi a posé la question de savoir si dans le contexte actuel, on pouvait affirmer que la commune de Bumbu est alimentée en courant électrique. La réponse de la population a été sans équivoque : non !

Une autre question a été de savoir ce que préconisait la population pour l'amélioration de son accès à l'électricité. Ici, elle est d'avis qu'au niveau des services de la Snél, il était difficile de trouver des solutions. Mais, qu'il était possible d'agir, sans préciser ce qu'elle pouvait réellement faire.

Cette position de la population a permis à Iris Kashindi de la sensibiliser aux possibilités existantes pour améliorer l'accès à l'électricité sur toute l'étendue du pays. Notant que cet accès au courant électrique était un droit pour la population garanti par la Constitution, ce cadre de la Corap a fustigé le fait que les gouvernants choisissent le système énergétique centralisé, qui est très lourd. " Nous avons plus de soixante-trois barrages abandonnés à travers le territoire national et qui ne demandent pas des investissements colossaux pour fonctionner et donner du courant à la population. Donc, on ne peut pas seulement compter sur Inga. Mais, il y a également d'autres formes d'énergies renouvelables comme l'Eolienne, le solaire, etc. que le gouvernement peut adopter ", a souligné Iris Kashindi.

C'est ici que cet activiste de la société civile appelle à la conscience de la population pour une lutte et des actions en vue de l'amélioration de ses conditions d'accès à l'électricité. " Partout en RDC, nous avons la possibilité d'avoir de l'électricité mais, pourquoi cette carence ? ", s'est-il demandé. Il n'est donc pas normal, a-t-il souligné, que malgré toutes ces potentialités dont regorge le pays, la population soit dans le noir.

Dans le cadre de ces actions à mener par la population encadrée par la société civile pour amener l'Etat à améliorer cette situation et le quotidien de la population, il est prévu, au cours de ce mois, deux grandes activités. Il s'agit de la réunion de toutes les factures de consommation d'électricité émises alors que la population n'est pas desservie en courant électrique, qui seront déposées à l'issue d'un carnaval au bureau de la Snél ; et d'une marche pacifique pour dénoncer cette situation calamiteuse d'accès à l'électricité, prévue le 24 mars et dont l'itinéraire sera déterminé. La Mojac a, par ailleurs, promis la mise en place prochaine du cadre d'échange permanent pour la commune de Kasa-Vubu.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.