Mis à part la célébration des droits des femmes, le 8 mars est aussi une occasion parmi tant d'autres pour louer les efforts déployés par chaque femme pour la nation et la société, peu importe les postes qu'elles occupent. Elles sont à la fois fortes et déterminées.
Vony Ranala, artiste multidisciplinaire
" Les femmes artistes font bouger les choses "
Vony Ranala est artiste et elle porte plusieurs casquettes dans le monde artistique. Elle est auteure, metteure en scène, comédienne, slameuse, danseuse et scénariste de BD.. Vony Ranala a commencé le théâtre en 2006 avec la compagnie Miangaly Théâtre et avec l'association Madagaslam. Au fur et à mesure de son parcours, elle s'est ouverte à d'autres disciplines comme la danse contemporaine, la musique lyrique et la BD. Cette artiste croit en la capacité des femmes dans tous les domaines et principalement dans le milieu artistique. " Je pense que les femmes artistes bougent beaucoup. Elles font évoluer énormément de choses. Si l'on prend le domaine du théâtre, il y a beaucoup de femmes qui ont fait de cet art leur métier. J'ai suivi leur chemin. Pour le slam, il y a énormément de slameuses qui portent beaucoup de projets. En termes de volonté de changer les choses, les femmes sont inarrêtables, peu importe le contexte ", affirme-t-elle. La célébration du 8 mars est, selon elle, une occasion de mettre un focus sur le " vouloir changer les choses ". " Dans la compagnie Miangaly Théâtre, nous allons célébrer le 8 mars en donnant des ateliers de théâtre. Il y aura un spectacle porté par des femmes, le spectacle a été écrit par une femme et mis en scène par une femme ", conclut-t-elle.
SP2 Fanomezantsoa Prisca
" Les femmes peuvent tout faire grâce à leur détermination et leur courage "
SP2 Fanomezantsoa Prisca est soldat de deuxième classe au sein des sapeurs-pompiers à Antananarivo. Être soldat du feu était un rêve de petite fille qui se réalise pour cette jeune recrue. Elle fait partie de la première promotion de femme au sein de ce corps. " Lorsque j'étais plus jeune, j'avais rêvé d'exercer ce métier. Dès que l'annonce du concours d'entrée dans ce corps ait été affichée, je me suis présentée puis
j'étais admise ", livre-t-elle. Travailler en tant que soldat du feu n'est pas une mince affaire surtout pour une femme. Les femmes pompiers ont le même traitement que les hommes. Malgré les difficultés, le SP2 Fanomezantsoa Prisca n'a jamais baissé les bras et elle embrasse le métier de soldat du feu avec détermination et courage. " Le charge de travail est le même que les hommes depuis le stage et dans le travail en général. Moi et mes collègues sommes tous dans le secteur intervention. Le travail consiste à intervenir en cas d'incendie, de noyade et les évacuations sanitaires dans l'ambulance des sapeurs-pompiers. Le début n'était pas facile puisqu'il fallait du temps pour s'adapter. Je m'y suis habitué grâce à des efforts sans relâche et des entrainements. Sauver des vies est pour moi une très noble mission ", indique-t-elle.
Tahiana Razanamahefa
Une polyvalence à toute épreuve
Omniprésence. S'il fallait trouver un mot pour qualifier les qualités de Tahiana Razanamahefa, c'est le plus approprié. Directrice de l'hôtel quatre étoiles Havana Resort, 42 chambres et quinze appartements, elle fait office aussi de responsable de communication du groupe STOI, composé de plusieurs entreprises. " Face à tant de responsabilités, je m'efforce d'adopter une attitude positive. Ne pas me plaindre des problèmes du quotidien mais chercher des solutions ". Elle a été la cheville ouvrière du reboisement à Anjanamasoandro, dans la commune de Behenjy, du groupe STOI. " Dans la passé, le site était un flanc désertique voué à l'érosion du sol. Aujourd' hui c'est devenu un havre de paix pour la nature, où une source d'eau peut irriguer deux cents hectares de rizière, pouvant abriter de la pisciculture par intermittence. Un changement de décor qui nous incite à consolider les acquis " se félicite-t-elle du devoir accompli envers les générations futures. Sur un autre plan, Tahiana Razanamahefa milite aussi pour vulgariser la culture du riz hybride. " Il a fait ses preuves en Chine qui a pu nourrir ses habitants, un milliard quatre cents millions d'âmes, et exporter les excédents de production rizicole. Pourquoi par nous ? Nous mettons à disposition des riziculteurs associés des semences adaptées aux divers climats du pays, nous les encadrons sur les techniques culturales de cette espèce, nous leur distribuons des engrais organiques, et des possibilités d'accès aux crédits agricoles. L'objectif de ces actions, en collaboration avec les autorités, reste l'autosuffisance alimentaire " soutient-elle. Des engagements qui méritent d'être soulignés pour célébrer cette journée mémorable.
Marcelline Ranaivomanana
Une femme de ménage se sacrifie pour l'avenir de ses enfants
Marcelline Raivomanana, une femme de 39 ans, vit loin de ses enfants mineurs, dont le dernier est âgé de 10 ans. Elle les laisse avec leur père, la semaine, pour travailler comme femme de ménage dans une maison qui se trouve à une demi-heure de route de chez elle. Elle ne rentre que le weekend. " Je fais ce sacrifice pour mes enfants. Je veux qu'ils réussissent leur vie. Moi qui n'ai pas connu le banc de l'école, j'estime qu'il faut étudier pour réussir. Comme le salaire de mon mari n'est pas suffisant pour assurer l'avenir de nos enfants, j'ai décidé de travailler, bien que je doive me séparer d'eux, temporairement. ", lance-t-elle. Cette séparation n'est pas évidente pour elle. " Ce dont j'ai le plus peur, c'est qu'ils n'aient rien à manger à la maison. Pour leur santé, je m'en remets à Dieu, d'ailleurs, ils tombent rarement malades. ", enchaîne-t-elle. Prévoyante, Marcelline Raivomanana organise tout pendant les deux jours qu'elle passe chez elle, le samedi et le dimanche. " J'achète le ratio de nourritures suffisantes pour la semaine, comme du riz, des légumineuses, de l'huile, du charbon. Le dimanche, après l'église, je classe les vêtements que mes enfants porteront à l'école pendant la semaine. Je confie une petite somme à une épicière du quartier qui va leur donner des friandises ou des biscuits, lorsqu'ils vont à l'école. ", raconte-t-elle. Pour Marcelline Raivomanana, les femmes peuvent subvenir aux besoins de la famille, au même titre que les hommes. " Le père et la mère de famille peuvent travailler, en parallèle, si la famille est dans le besoin. Une mère qui travaille ne devrait pas perturber la vie de famille, si le mari et la femme savent s'organiser. ", lance-t-elle.
Gouverneure Amoron'i Mania
" Il faut avoir un coeur vaillant pour accomplir toutes les tâches confiées "
Récemment nommée au poste de gou-verneure de la région Amoron'i Mania, Haingo Fomendrazana est multi-casquette. À part sa grande responsabilité à la tête de la région Amoron'i Mania, elle est également entrepreneure dans le secteur de l'hôtellerie et de la construction et mère de famille à plein temps. " Je suis diplômée en économie et j'ai suivi des formations en leadership en France en 2014 ", indique-t-elle. Avant d'être nommée gouverneure, elle était la maire de la ville d'Ambositra. La conciliation de la vie familiale avec la vie publique est importante, selon elle. " Il ne faut rien laisser pour compte. Pour moi la vie de famille est tout aussi importante que le poste qui m'a été confié. Comme je suis mère de quatre enfants, je m'efforce d'être présente pour eux et de toujours les pousser vers le haut ", confie-t-elle. Pour la gouverneure, l'accomplissement des tâches confiées se fait avec beaucoup d'abnégation et de détermination. "En tant que femme, les défis ne manquent pas lorsqu'on est une personnalité publique. Il faut avoir du courage pour arriver à atteindre tous les objectifs. Et plus important, la force de continuer, quels que soient la situation et les obstacles qui se dressent devant nous ", conclut-elle.
Femme au foyer
Miora Juanitah s'épanouit en s'occupant de sa famille
Etre mère au foyer n'est pas reconnu comme métier, et pourtant, ce statut requiert beaucoup d'exigence, beaucoup d'énergie, et peu de temps pour soi. Malgré ces défis, Miora Juanitah Rakotoarison a décidé de s'y lancer. Elle a quitté son travail pour s'occuper de sa famille, il y a quelques années. " J'ai fait ce choix car mon aîné, alors âgé de 2 ans, a été blessé au niveau de sa tête. C'était une nourrice qui s'occupait de lui à l'époque, pendant que je travaillais. Je compatissais pour lui, car on a dû lui faire une suture. J'ai alors décidé de quitter mon boulot pour m'occuper de lui ", témoigne-t-elle. Depuis, son métier, c'est sa famille. " Mon réveil, c'est à 5 heures du matin. Je prépare le petit déjeuner, et j'aide les enfants à se préparer pour l'école. C'est une course contre la montre, car ils doivent quitter la maison à 6h30 au plus tard, pour ne pas être en retard. C'est leur père qui les emmène à l'école. Lorsqu'ils sont partis, je me concentre sur notre petite dernière, âgée de 6 mois. C'est lorsqu'elle est bien nettoyée et rassasiée, que je m'occupe de moi. J'enchaine avec la préparation des repas et d'autres tâches. Lorsqu'ils reviennent le soir, je prends une trentaine de minutes pour faire une révision avec ma fille de 8 ans, avant le repas. ". Telle est la journée typique de cette femme. Elle note que s'occuper de son foyer est un travail à plein temps, non rémunéré. Elle ne s'en plaint pas, pour autant. Elle se sentirait épanouie, en s'occupant de sa famille.
Elle déplore les femmes qui critiquent celles qui sont au foyer. " Il y a de nombreuses raisons qui peuvent expliquer cette décision. Cela peut aussi bien être un problème, qu'une organisation au sein d'un couple. Mais quoi qu'il en soit, chacune de nous doit être libre de son choix ", réagit-elle.
Annick Ralitera
" Risquer pour votre passion "
" À coeur vaillant, rien d'impossible ". Annick Ralitera est ce genre de femme à ne pas lâcher prise. Avocate au Barreau de Madagascar depuis 1997, elle a prêté serment à l'âge de 22 ans. Avide de savoir, elle a décidé de perfectionner et d'améliorer ses connaissances de droit en France. " Ce n'était pas évident de reprendre les études avec les jeunes qui n'étaient pas de mon âge après les avoir terminées depuis longtemps " , confie-t-elle. Maître Annick Ralitera est, maintenant, l'une des rares malgaches à exercer au Barreau de Paris. Elle exerce en droit des affaires et de la famille, mais surtout en droit des étrangers et de la nationalité. Ce choix n'est pas fortuit. De nature bienveillante et attachée à son pays natal, elle veut à tout prix aider ses compatriotes qui sont, souvent, confrontés à des problèmes de visa, de titres de séjour et de nationalité. Cette quadragénaire aime son métier. Elle se sent très épanouie dans son travail. " J'ai le sens du contact et j'éprouve du plaisir à partager et à mettre à profit mes compétences. C'est une grande satisfaction qui m'anime à chaque réussite dans la défense des intérêts de mes clients et c'est ce qui me pousse à aller encore plus loin", indique-t-elle. Elle encourage les femmes à risquer pour leur passion, aussi bien que le combat puisse paraître insurmontable, à rester confiantes, à ne jamais lâcher, à redoubler d'effort et à persévérer. " Remettez tout entre les mains de Dieu en priorité puisque c'est lui qui connaît ce qui est bien pour nous. Dites-vous que vous être capables. Restez performantes ! " s'adresse-t-elle aux femmes, à l'occasion de cette journée dédiée aux femmes.