La pétition électorale de Suren Dayal réclamant l'invalidation de l'élection de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) et de ses deux colistiers sera entendue au Privy Council le 10 juillet 2023. Rien ne dit que le candidat travailliste battu Dayal remportera la bataille, comme Raj Ringadoo contre Ashock Jugnauth en 2008. Dans l'éventualité où le pétitionnaire gagne et que l'élection des trois élus au n°8 soit invalidée, des élections partielles devraient se tenir comme dans le cas de Raj Ringadoo.
Si PKJ n'est pas disqualifié comme éventuel candidat, il cherchera un nouveau mandat auprès de l'électorat du n°8. S'il est disqualifié, on cherchera un autre candidat. Mais qu'adviendra-t-il du MSM lui-même et de sa majorité plus que confortable au Parlement ? Ce qui est sûr à ce stade, c'est que PKJ contrôle sa majorité de façon incontestable. Contrairement à ceux qui ont occupé les fonctions de Premier ministre dans le passé, PKJ ne subit pas les tracasseries des backbenchers. Au contraire, ces derniers semblent être plus loyaux envers lui que les ministres eux-mêmes.
PKJ s'est débarrassé sans grands dégâts de ministres à problèmes comme Ravi Yerrigadoo. Roshi Bhadain l'a quitté pour s'être vu refuser le poste de ministre des Finances. Nando Bodha est parti car privé de la vache à lait qu'était le ministère des Infrastructures publiques. Bodha s'est gardé jusqu'ici de sortir le moindre dossier embarrassant contre son ancien leader. Ivan Collendavelloo a été révoqué dans le cadre de l'affaire St-Louis mais il se comporte en loyal backbencher.
Avec un tel contrôle sur le parti, PKJ pourrait toujours jouer au chef inofficiel, mais réel, à partir du Sun Trust, s'il est disqualifié comme parlementaire ou battu à des partielles. Il ferait nommer un élément loyal et consensuel au poste tempo- raire de Premier ministre. Toujours dans un scénario du pire, trois sièges de moins au Parlement ne mettraient pas en péril la majorité du MSM en attendant les prochaines élections générales. Sir Seewoosagur Ramgoolam a déjà dirigé un gouvernement avec une majorité d'une voix. Mais il est vrai que PKJ n'est pas SSR.
Il ne faudrait toutefois pas écarter que le MSM profite d'un verdict défavorable du Privy Council pour tenter the unthinkable. C'est-à-dire faire une proposition politique révolutionnaire à la population. Une proposition inédite de donner au pays sa toute première femme comme Premier ministre.
Toute l'attention du pays - surtout celle des femmes qui constituent une majorité de la population - serait alors focalisée sur les élections partielles du n°8 dont l'enjeu deviendrait l'accession d'une femme au poste de Premier ministre. On pourrait bien voir le genre de mobilisation qui serait mise en branle au niveau de tout le pays, et non pas seulement au n°8, pour traduire dans les faits l'empowerment suprême de la Mauricienne dans l'histoire du pays. Tout cela, avec la bénédiction suprême du leader PKJ.