À quelques jours du 55e anniversaire de l'Indépendance de notre pays et en ce jour où nous honorons les droits des femmes, jetons un regard sur notre société qui est finalement tout, sauf égalitaire. Au fil de ce demi-siècle, des progrès indéniables ont été faits mais jusqu'où ont-ils fait avancer la cause des femmes et la société elle-même ?
Nos politiciens, tous bords confondus, nous ont toujours fait des promesses de Gascon. La représentation féminine dans toutes les instances dirigeantes (gouvernement, collectivités locales, bureaux politiques) est toujours déficitaire. Maurice a signé toutes les conventions possibles et imaginables, mais il est toujours le seul pays d'Afrique australe avec la plus faible représentation des femmes parlementaires...
Qu'avons-nous fait pendant cinq décennies pour y remédier ? Quand nous regardons tous les partis du pays - petits et grands - pouvons-nous dans nos rêves les plus fous imaginer une femme à la tête d'un parti ? On nous répondra que les femmes ne veulent pas s'y engager parce qu'elles sont soit trop sensibles ou craignent le scandale...
Dans le secteur économique, on ne voit pas de capitaines d'industrie au féminin et même si un effort est fait pour que plus de femmes siègent aux conseils d'administration, leur nombre reste limité ; et, pour y arriver, ne doivent-elles pas encore se battre deux fois plus qu'un homme ? Là encore, peut-on confirmer qu'il n'existe pas de disparité salariale entre les sexes ? Quand il s'agit d'entreprendre, les femmes sententelles qu'elles auront les mêmes chances et les mêmes soutiens ?
Par ailleurs, dans le domaine public - administration, judiciaire, éducation, santé, etc. -, on a l'impression d'une plus grande équité, mais serait-ce qu'au départ même, les femmes sont plus nombreuses que les hommes et qu'il y a un seul escalier pour gravir les échelons ? C'est ainsi qu'on voit pas mal de femmes à la tête des services de santé ou d'éducation, des ministères, des cours de justice et des plus hautes instances du judiciaire - dont la cheffe juge actuelle. Mais qu'en est-il ailleurs ? Verrons-nous un jour une femme à la tête de la police ? Ou même du pays ?
En fait, nous sommes emprisonnés dans une société patriarcale qui, malgré de timides efforts, n'arrive pas à dépasser tabous religieux, socioculturels, politiques, financiers et économiques et autres qui l'empêchent de devenir une société où tous peuvent s'épanouir. Mais ne soyons pas trop durs envers nous-mêmes. Nous vivons dans un monde en pleine crise et même dans des pays avec des siècles d'histoire, des femmes se battent toujours pour des droits basiques. Selon le Global Gender Gap Report 2022 du Forum économique mondial, "la parité hommes-femmes ne se rétablit pas. Il faudra 132 ans de plus pour combler l'écart mondial".
Donc, au-delà de la question du genre, considérons l'égalité à l'école où tous les enfants de la république devraient bénéficier de chances égales et d'affronter la même compétition. Les objectifs et moyens d'éducation auraient dû être les mêmes, en dépit des différences sociale, religieuse, ethnique et économique.
Mais nous savons tous que ce n'est pas le cas. L'égalité est souvent confondue avec l'équité, deux notions totalement différentes. La famille et le milieu social jouent un rôle très important dans la réussite. Des parents qui ont les moyens choisissent d'envoyer leurs enfants dans des écoles privées payantes. On ne peut pas les blâmer... c'est leur choix et leur devoir d'assurer l'éducation et la réussite de leurs enfants.
Mais ce qui fait tache, ce sont les différences criantes dans l'école publique financée par l'État, si disparate et compétitive, qu'elle laisse sur le carreau plus de 50 % des enfants admis au départ. Un véritable "survival of the fittest", qui creuse l'écart à chaque réforme intempestive censée améliorer la précédente. La dernière en date - la transformation des "star colleges" de l'État en académies mixtes - relève du burlesque. Pourquoi remettre, après les avoir séparés pendant trois ans, des filles et des garçons dans la même classe, à étudier les mêmes matières et à passer les mêmes examens pour ensuite avoir des listes distinctes de lauréats ? N'est-ce pas là l'utopie de l'égalité des genres ? Laissons le soin au/à la prochain(e) ministre de l'Éducation d'y répondre...