Madagascar: Enick Razafindrakoto - ' Le succès ne dépend pas du genre mais de la détermination brisant tous les murs '

Les préjugés sur les métiers d'homme ne sont pas toujours fondés. Enick Razafindrakoto, directrice de la Communication de la CGHV (Compagnie Générale d'Hydroélectricité de Volobe) nous partage ses expériences. Interview exclusive.

Vous étiez dans l'industrie extractive et aujourd'hui, dans le secteur de l'énergie. Pourquoi cette tendance pour ce que l'on considère comme des " métiers d'homme " ?

Lorsque j'ai poursuivi mes études à l'université, je me suis intéressée à plusieurs domaines, ce qui m'a poussée à poursuivre une formation doctorale pluridisciplinaire avant d'obtenir mon diplôme de 3ème cycle en sciences sociales spécialisé dans les investissements. De ce fait, mes expériences professionnelles sont la suite logique de cette soif de découverte et de vouloir relever ensemble le défi au quotidien avec mes collaborateurs femmes et hommes. J'étais dans le secteur des industries extractives pendant une dizaine d'années et je continue mes activités professionnelles dans l'hydroélectricité. A première vue, ce sont deux secteurs habituellement considérés comme des métiers d'homme alors que l'inclusivité et la complémentarité y sont plus concrètes. Je peux dire même que ce sont deux secteurs où l'interdisciplinarité est l'une des conditions contribuant au bon avancement des activités.

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Dans ces métiers, les préjugés sont-ils apparents au quotidien ?

Le pourcentage des femmes est encore faible dans ces deux milieux professionnels, mais nous avons constaté une grande avancée. Si je prends l'exemple de la compagnie où je travaille actuellement, les femmes représentent environ 62% des collaborateurs. La différente sensibilisation de masse faite par la société civile, développée à l'interne de chaque entreprise y jouent un grand rôle. La perception du public évolue de plus en plus et tend vers la démystification de ce cliché.

Selon vous, y a-t-il réellement des raisons particulières soutenables qui pourraient rendre ce genre de métier plus facile pour les hommes et plus difficile pour les femmes ?

En principe non car c'est un secteur qui demande des compétences et capacités diverses. Les conditions de réussite ne dépendent pas du genre mais de la détermination qui permet de briser tous les murs. Pour le cas de Madagascar, les matières scientifiques sont habituellement destinées aux hommes, c'est à la fois un fait et une perception dus au système scolaire et éducatif. Pourtant, ce n'est pas une réalité qu'on ne peut pas changer, il faut mettre en place une politique permettant l'accès des jeunes filles à des formations qui leur conviennent et selon leurs aspirations. Cela relève de la responsabilité du gouvernement et de toutes les forces vives qui souhaitent apporter un changement positif dans notre société afin que les femmes aient un accès facile au même titre que les hommes à des opportunités convenables à leurs valeurs.

Que pensez-vous de l'approche genre et de la discrimination sexiste à Madagascar ?

Sur ce point je préfère partager mon avis basé sur la culture malgache où la catégorisation est une organisation structurelle d'une société. Chaque membre a sa propre place et son rôle précis. Pourtant, l'évolution de notre vie sociale qui a un impact sur notre dynamique économique nous oblige à nous conformer à cette nouvelle perception de la société. Comme nous vivons dans une nouvelle ère, il est très important de créer un environnement dans lequel femmes et hommes jouissent de l'égalité des droits et des chances, où le comportement, les aspirations, les souhaits et les besoins des femmes et des hommes sont également valorisés et favorisés.

Quel message adresseriez-vous aux femmes qui rêvent d'exercer ces métiers que l'on considère souvent comme réservés aux hommes ?

Les femmes et jeunes filles malgaches sont les premières victimes de tous les maux de ce pays. Mais je reste positive et crois au courage, à la détermination et aux compétences et capacités des femmes malgaches. Il nous faut juste un coup de pouce, un peu plus de considération à notre juste valeur. Nous pouvons faire la différence et nous l'avons déjà fait dans nos secteurs respectifs. Il faut traduire nos souhaits en action car nous sommes capables de faire mieux même si dès fois cela fait peur. Dans le secteur de l' énergie, beaucoup de femmes y tiennent des places essentielles. Si notre pays va gagner une bataille sur ce secteur, ce sera grâce aux femmes qui sont modestement de l'armée de l'ombre. L'énergie est vitale, elle est pour les femmes et par les femmes aussi.

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