Au Burundi, 24 personnes, dont des responsables d'une association qui lutte contre le VIH-Sida et promeut l'entreprenariat des jeunes, ont été arrêtés le 23 février, lors d'un séminaire financé par une agence américaine. La raison : des soupçons d'homosexualité, dans un pays où le chef de l'État qualifie les homosexuels de personnes " maudites " et où aucun média n'ose évoquer l'affaire. Les personnes arrêtées viennent d'être inculpées et risquent jusqu'à deux ans de prison.
Les 24 personnes, quelques adultes à la tête de l'association MUCO, ainsi que de jeunes hommes et femmes, en étaient au troisième jour de leur séminaire sur " l'entrepreneuriat des jeunes " lorsque des dizaines de policiers et d'agents du Service nationale de renseignement ont fait irruption au siège de l'organisation à Gitega, où ils s'étaient réunis.
Ce sont des voisins alarmés par les va-et-vient de jeunes gens qui ont alerté les forces de l'ordre en les accusant d'homosexualité. Celles-ci ont arrêté tout le monde et procédé à une fouille-perquisition des bureaux de l'organisation, où elles ont trouvé " des stupéfiants, des préservatifs et des documents sur les droits des homosexuels ", selon une source judiciaire.
Mais contrairement aux rumeurs qui circulaient alors dans la capitale politique du Burundi, les policiers se sont rendu compte que l'association MUCO est régulièrement agrée et que son séminaire était financé par l'agence américaine pour le développement USAID. De plus, ses membres ont assuré que le matériel saisi servait comme outils didactiques dans la lutte contre le VIH-Sida.
Leurs justifications n'ont eu aucun effet. Malgré l'absence de tout autre élément à charge contre elles, les 24 personnes ont été inculpées pour " pratiques homosexuelles ou incitation aux pratiques homosexuelles ", puis écrouées à la prison de Gitega, lundi 6 mars, selon l'association ACAT-Burundi et une source judiciaire.
Est-ce que ces arrestations sont liées aux récents propos émanant du pouvoir ? Le président burundais, Évariste Ndayishimiye, avait lancé quelques jours avant une charge virulente contre les homosexuels, en appelant les Burundais à " les maudire " car " ils nous apportent la malédiction ".