Deux ans après les émeutes qui avaient fait au moins 13 morts, les familles des victimes attendent toujours que justice soit faite. En mars 2021, de violentes manifestations avaient éclaté au Sénégal après l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko, accusé de viols. Le gouvernement avait annoncé la mise sur pied d'une commission d'enquête indépendante sur ces événements. Mais aujourd'hui, plusieurs familles de victimes annoncent qu'elles vont saisir la cour de justice de la Cédéao.
La famille de Cheikh Wade, 32 ans, tué par balle en mars 2021, avait été la première à porter plainte contre X. Deux ans plus tard, c'est le statu quo, regrette Abdoulaye, grand frère de la victime. Électricien, il a quitté son travail pour se consacrer à la procédure et " ne regrette rien " dit-il :
" Depuis lors, la justice sénégalaise n'a rien fait sur ce dossier. On ne sait pas pourquoi elle ne veut pas ouvrir d'enquête. Le cas de Cheikh Wade est très clair : dans une vidéo sur internet, on voit un policier caché derrière une voiture visant à bout portant et tirant sur lui, un homme qui a porté le drapeau national. Pourquoi a-t-il tiré ? C'est ça, la question. "
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Depuis les émeutes, Amnesty International Sénégal suit les dossiers de quatre victimes (trois manifestants tués et un blessé). Tout récemment, trois autres familles ont porté plainte. L'ONG va donc les soutenir collectivement devant la Cour de justice de la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), explique Me Amadou Diallo, mercredi 8 mars :
" Nous estimons qu'aujourd'hui, l'État du Sénégal peut être traduit devant cette juridiction pour déni de justice. Cela fait deux ans de procédure judiciaire où rien n'a été fait. C'est révélateur que l'État n'entend pas véritablement chercher les coupables des morts des événements de 2021. "
Dans un second temps, Amnesty International envisage également de saisir du comité des droits de l'Homme des Nations unies.