La problématique de l'accès au foncier reste jusqu'ici une préoccupation majeure qui hante le sommeil des femmes en milieu rural. Une irrégularité que dénonce la présidente du Collège des femmes du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR), Mme Niang Yarame Fall, par ailleurs Vice-présidente en charge de la Pêche. Elle regrette le fait que les femmes n'aient pas beaucoup accès au foncier, encore moins aux ressources productives.
" Accéder à la terre, sans avoir de l'eau, les financements, les mesures d'accompagnement et sans sécurisation foncière, c'est tout un problème. " C'est la présidente du Collège des femmes du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR), Mme Niang Yarame Fall, par ailleurs, Vice-présidente en charge de la Pêche qui a ainsi campé la problématique de l'accès des femmes au foncier. Elle a expliqué la situation, tout en rappelant l'Etude faite par l'Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) qui révèle que seules 11 à 14% des femmes ont accès au foncier.
Pourtant, a-t-elle fait savoir, la main d'oeuvre agricole est constituée, en majorité, de femmes ; soit un taux de 67 voire 70% de femmes qui sont au niveau des exploitations familiales. Une situation d'inégalité qu'elle qualifie d'injustice et que les femmes sont en train de subir à travers le Sénégal, notamment dans les six zones agro-écologiques. "Dans le Bassin Arachidier, il y a même des hommes qui louent des terres aux femmes. Idem dans la Vallée du Fleuve Sénégal où il y a des femmes qui veulent cultiver, mais sont obligées de louer des terres, le mètre à 2000 FCFA ou l'hectare à 100.000 FCFA. C'est exorbitant", a-t-elle dit tout en précisant que la capacité financière des femmes ne leur permet pas de satisfaire ces besoins.
D'où leur plaidoyer fait à l'endroit des autorités étatiques pour un accès des femmes pas uniquement au foncier mais plutôt aux ressources productives à savoir le financement, le foncier, l'accès à l'eau, aux matériels agricoles et à tout ce qui accompagne l'autonomisation et une bonne prise en compte des préoccupations des femmes dans le secteur Agricole.
Selon elle, la vision du CNCR, "c'est de pouvoir nous nourrir de ce que nous produisons et de pouvoir produire ce dont nous nous nourrissons". L'objectif, d'après elle, c'est de pouvoir assurer une bonne sécurité alimentaire dans le pays. C'est ainsi qu'elle a invité les autorités à réfléchir sur la mise en place des Unités de fabrication de semences ou des mécanismes pour avoir des semences de qualité. Toutefois, elle a insisté sur la nécessité de promouvoir l'agro-écologie.
LES IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
À en croire toujours la présidente du Collège des femmes du CNCR, les impacts des changements climatiques sont relatifs à la baisse des rendements agricoles. "On a noté les effets des changements climatiques dans les secteurs de la pêche, de l'élevage, de la forêt et surtout dans le secteur agricole. Parce que cette année, il n'y a pas beaucoup de céréales. Le mil se vend maintenant à 600 FCFA (le kg, ndlr) sur le marché. La même chose également pour l'arachide et beaucoup d'autres céréales. Le riz de la Vallée se vend tellement cher que le riz importé, au moment où le Sénégalais lambda n'a pas les moyens d'assurer les trois repas quotidiens", a fait savoir Mme Niang Yarame Fall.
Pour elle, ces répercussions, relatives aux changements climatiques, se font même sentir au niveau des exploitations familiales. Et pour conclure, elle a invité les autorités et les décideurs, en cette Journée du 8 Mars dédiée aux femmes, à faire appliquer les lois et règlements relatifs à la gestion du foncier. Car, a-t-elle rappelé, "il ne sert à rien de voter de beaux textes sans pour autant les appliquer".