Au-delà des festivités, sensibilisation, et autres foras prévus cette année dans le programme d'actions et même pendant tout le long du mois de mars qui est dédié à la femme, la Journée mondiale de la femme est aussi marquée cette année, dans un contexte de cherté des denrées alimentaires et de promotion de la souveraineté alimentaire, par la lancinante question de l'accès des femmes au foncier. Déjà posée il y a plusieurs décennies et sans solution plausible, l'accès des femmes au foncier continue encore d'occuper le centre des priorités exigées par les femmes du pays pour un développement socio-économique équitable.
D'après les études menées sur le terrain, moins de 5c/o des femmes du pays ont accès à la terre. Dans ce lot, moins de 1c/o bénéficie d'une attribution directe de parcelle venue des administrations locales. La plupart des femmes en activité dans l'agriculture peine à trouver un seul périmètre de terrain pour cultiver. Dans les villages, la compétition à laquelle les femmes sont soumises d'habitude pour disposer d'une surface arable, n'aboutit jamais à leur faveur, et beaucoup parmi elles finissent par se rabattre sur le marché noir où les terres leur sont cédées à l'hectare moyennant 50, 75 voire même 100.000 FCFA. Des sommes d'argent que beaucoup ne peuvent pas supporter car, compte tenu de l'état de pauvreté grandissant au sein des ménages et les difficultés de trouver d'autres sources de revenus en dehors de l'agriculture ou l'élevage, les femmes finissent par céder et attendre désespérément la prochaine saison pour postuler à nouveau.
Celles qui ne peuvent pas attendre, aménagent un petit périmètre tout juste derrière la concession familiale, pour cultiver de l'hibiscus, du gombo, du piment ou autres produits de subsistance pour nourrir la famille ou développer un petit commerce limité sur le voisinage. Dans d'autres cas, ces femmes profitent des petites portions de terre, abandonnées çà et là dans la forêt, pour y développer ce genre de cultures familiales ou diverses autres formes d'exploitations sans grande envergure.
A présent, face à cette forme de dualité pacifique avec les hommes et l'inaccessibilité des terres, les femmes deviennent la main d'oeuvre rurale. Autrement dit, elles se reconverties à assurer de petits boulots de décorticage des graines en coque et leur tamisage dans les unités de collecte de l'arachide destinée aux marchés extérieurs.
A côté de leurs soeurs qui, en ces moments post-récolte, sillonnent chaque jour les périmètres champêtres pour ramasser des graines abandonnées, cette ancienne pratique communément appelé " Ringou " en langue nationale wolof, les femmes employées dans les entreprises chinoises s'en sortent avec en moyenne des retombées financières variant entre 4000 et 5000 FCFA par jour. En plus de leur présence dans les instances de décision, les femmes poursuivent encore leur plaidoyer en faveur de la formation afin qu'elles puissent, au-delà même de leur capacitation, devenir de véritables entrepreneures et réussir leurs activités agro-économiques.